Les révoltés de Dieu
l’une passant en
Europe méditerranéenne, l’autre, allant vers l’est, et envahissant l’Asie
Mineure, puis les plaines de l’Asie centrale, autrefois très irriguées et
riches en mers intérieures d’eaux douces, comme en témoignent encore la
Caspienne, la mer d’Aral et le lac Balkhach. Ces populations peuvent-elles
avoir été de la catégorie dite de Neandertal ? Probablement, mais on n’en
aura jamais la preuve. Et l’on sait que les hommes du Neandertal ont disparu
vers - 30000 av. J.-C., laissant la place à l’homme de Cro-Magnon, ancêtre
de l’humanité actuelle, apparue vraisemblablement à la fin du paléolithique
supérieur, c’est-à-dire vers - 9000.
Il est probable que la Bible, l’une des plus anciennes mémoires
de l’humanité, rende compte de façon imagée et sous une forme synthétique de
ces événements tragiques qui ont imprégné la mémoire collective et nourri les
fantasmes inconscients de la nature humaine. Lorsque Yahvé chasse Adam et Ève
du Paradis terrestre, il établit un barrage entre eux et leur ancienne résidence, et ce barrage est décrit avec une
exactitude étonnante, dont les détails méritent d’être soulignés : « Ayant
chassé l’homme, il posta les Chérubins à l’orient du jardin d’Éden avec la
flamme de l’épée foudroyante pour garder le chemin de l’arbre de vie. » ( Gen. III, 24, traduction œcuménique dite de la T. O. B. )
Qui sont les Chérubins, en hébreu Cheroubîm ,
sinon des Élohîm , des êtres célestes créés
avant le monde, donc des anges ou des archanges ? Or ces Cheroubîm sont des êtres « flamboyants ». Ce
sont les fameux Karibu de la mythologie mésopotamienne,
tant de fois représentés sur les vestiges artistiques des Assyriens, qui
étaient censés garder l’entrée des palais royaux, des temples et des trônes
divins. On les voyait comme des taureaux dont le souffle puissant était
comparable à une flamme s’échappant de leurs naseaux. Quant à la flamme de l’épée
foudroyante qui interdit aux humains de retourner dans le verger, elle est fort
significative. La traduction littérale du texte hébreu serait « ainsi que
la flamme de l’épée qui s’abat sur terre ». Autrement dit, c’est une « foudre »
envoyée par Yahvé sur la terre, exactement comme celle envoyée par Zeus contre
les humains qui transgressent ses interdits. Il est impossible, dans le cadre
de cette enquête, de ne pas penser aux bouleversements géologiques qui ont eu
lieu en Afrique orientale, faisant surgir une chaîne volcanique vomissant du
feu et privant ce qui était le verger paradisiaque des pluies bienfaisantes qui
le fécondaient. L’image biblique correspond incontestablement à une catastrophe
géologique. Était-elle le résultat d’une « faute » commise par les
humains ? C’est un autre problème.
Mais dans cette histoire symbolique, d’un point de vue entièrement
théologique, la chose la plus terrible et la plus inquiétante est la raison
pour laquelle Yahvé chasse Adam et Ève du domaine où il les avait placés et
dresse cet impitoyable barrage de feu derrière eux : « Voici que l’homme
est devenu comme l’un de nous par la connaissance de ce qui est bon ou mauvais.
Maintenant, qu’il ne tende pas la main pour prendre aussi de l’arbre de vie, en
manger et vivre à jamais » ( Gen. III, 22, T. O. B. ).
Il semble que la mémoire se soit figée dans la contemplation
de l’arbre de la Connaissance et qu’on ait oublié la présence d’un arbre de Vie , autrement plus important, et
susceptible de procurer l’immortalité à ceux qui mangeraient de ses fruits. Lorsque
le démiurge établit le verger d’Éden, « il fit germer du sol tout arbre d’aspect
attrayant et bon à manger, l’arbre de vie au milieu du jardin et l’arbre de la
connaissance de ce qui est bon ou mauvais » ( Gen.
II, 9, T. O. B. ).
Le texte est précis : maintenant
l’homme, s’il étend la main vers l’arbre de Vie, est susceptible de devenir
comme l’un de nous. Cela corrobore très exactement les paroles du
serpent : « Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront
et vous serez comme des dieux possédant la connaissance
de ce qui est bon ou mauvais » ( Gen. III, 5, T. O. B .).
Il faut faire très attention aux termes employés : comme des dieux, comme l’un de nous , et non pas des dieux . Cela marque le rapport hiérarchique entre
le créateur
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