Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les révoltés de Dieu

Les révoltés de Dieu

Titel: Les révoltés de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
cela conduit Jacques Duquesne à cette étonnante
réflexion : « Adam et les siens, après l’expulsion du Jardin d’Éden, ne
se résignent pas, ne s’abandonnent pas au désespoir. Ils passent à l’action
pour dominer la terre [44] . » Et de citer une
phrase du philosophe Élie Wiesel : « Adam diffère de la plupart des
figures mythologiques. Vaincu par Dieu […], il eut le courage de se redresser, et
de recommencer [45] . » On ne peut que
le reconnaître : on est ici assez proche du mythe de Sisyphe. Mais qu’est-ce
que tout cela veut dire ?
    Il faut reprendre les moindres détails. Certes, il y a de la
part d’Élohîm une certaine irritation : « Le sol sera maudit à cause
de toi. C’est dans la peine que tu t’en nourriras tous les jours de ta vie, il
fera germer pour toi l’épine et le chardon et tu mangeras l’herbe des champs. À
la sueur de ton visage tu mangeras du pain jusqu’à ce que tu retournes au sol
car c’est de lui que tu as été pris » ( Gen. III,
17-19, T.   O.   B. [46] ). Mais n’est-ce pas là
la destinée de tout existant humain ? À
moins qu’il ne faille pas s’arrêter aux seuls personnages symboliques d’Adam et
Ève, situés à l’aube des temps : en effet, « on peut comprendre qu’il
ne s’agit pas là de l’homme des premiers temps, ni de l’homme d’aujourd’hui ;
il s’agit de l’homme tel qu’il est appelé à être dans l’avenir. Il est appelé à
être Dieu [47]  ». Cette
affirmation peut paraître choquante, mais elle a le mérite de poser le problème
de la finalité de l’ existant humain dans un
ensemble universel tant sociologique, psychologique, économique que théologique,
et non pas dans l’espace restreint d’un contexte religieux ou mythologique.
    S’il est exact que l’ existant humain, à l’image d’Élohîm, répétons-le, et doué de liberté, a été créé pour
devenir « dieu » cette conception n’a rien de sacrilège mais elle
privilégie au contraire l’amour infini du « Père » dont parle sans
arrêt Jésus-Christ à l’égard de ses créatures : Dieu a créé les humains
pour qu’ils soient comme lui . Mais seulement
au bout d’une longue expérience, d’une longue maturation qui a été en somme
court-circuitée par l’intervention du « tentateur » quel qu’il soit. On
pense à la « Voie sèche » des alchimistes, plus rapide mais beaucoup
plus dangereuse que la « Voie humide » ou « Voie longue ». On
en vient ainsi à poser le postulat suivant : Dieu n’ est pas, il devient .
Il en est donc de même pour l’ existant humain,
créé à l’image de Dieu : il n’ est pas
encore, mais il devient .
    Pour devenir , il faut
quitter un certain état pour en acquérir un
autre. La « métamorphose » est nécessaire. C’est une loi de la
logique la plus implacable. Cette constatation nous emmène fort loin dans la
spéculation théologique que sous-tend le texte de la Genèse. Si l’on comprend
bien le texte biblique, Adam et Ève – c’est-à-dire l’humanité qu’ils
représentent – se trouvaient dans le jardin d’Éden en un état proche de la « dormition »,
en une sorte de vie végétative béate . En fait, ils ne servaient à rien , se contentant de
survivre en mangeant tous les fruits (sauf un) qui étaient à leur disposition. Était-ce
donc ce qu’avait prévu le Créateur ? Il ne semble pas. La création n’aurait
aucun sens s’il ne se passait rien. Le texte de la Genèse est formel : Yahvé
crée l’univers et les existants en six jours. Le
septième jour, il « se repose » comme s’il était épuisé par sa
création, ce qui est tout à fait contradictoire avec le concept d’un Dieu
créateur doué d’une énergie infinie. Ce septième jour, sous la forme du shabbat juif ou du dimanche chrétien, où il ne faut
rien faire sinon honorer Dieu, est la pire des aberrations nées de cerveaux humains,
mais il faut bien avouer que les classes sacerdotales de toutes les religions, connues
ou inconnues, s’en sont bien servi pour réduire leurs fidèles à l’obéissance
aveugle et à l’esclavage intellectuel, social, moral et finalement économique.
    Pourquoi n’a-t-on jamais mis en avant que le mystérieux Élohîm de la Bible avait créé l’ existant humain pour lui confier la mission de
continuer son œuvre de création ? C’est pourtant la raison pour laquelle
Yahvé-Adonaï se retire du jeu le septième jour. Il a tout

Weitere Kostenlose Bücher