Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les révoltés de Dieu

Les révoltés de Dieu

Titel: Les révoltés de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
de Yahvé la promesse que sa descendance
constituera le peuple élu. Et Abraham s’établit dans un lieu qu’on appelle « les
Chênes de Mambré ». C’est alors que le texte biblique devient confus, intercalant
ici une épopée guerrière qui semble avoir été intégrée par la suite dans le
récit. Il s’agit d’une guerre inexpiable déclenchée par des peuples assyro-babyloniens
contre les habitants des pays transjordaniens. Les assaillants « prennent
tout acquis de Sodome et de Gomorrhe, tout leur manger, puis s’en vont. Ils
prennent Loth, le fils du frère d’Abrâm avec son acquis, puis s’en vont ; lui,
il habite Sodome » ( XIV, 11-12 ). En
apprenant que son neveu a été capturé, Abraham monte une coalition et, après de
durs combats, rétablit la situation. « Il fait retourner tout l’acquis :
il fait aussi retourner Loth, son frère [= son neveu] et son acquis, et aussi
les femmes et le peuple » ( XIV, 16 ). Voici
donc le neveu d’Abraham libéré. Mais Loth persiste à habiter Sodome. Pourtant, les
paroles de Yahvé sont nettes : « La clameur de Sodome et de Gomorrhe,
oui, elle s’est multipliée. Leur faute, oui, elle est très lourde… Je
descendrai donc et je verrai : s’ils ont fait selon leur clameur venue à
moi, l’anéantissement. » ( XVIII, 20-21 .)
    Le texte biblique ne précise pas quelle est la « faute »
de Sodome et de Gomorrhe, mais il met en relief la détermination de Yahvé à
détruire ces deux villes. C’est alors qu’Abraham intervient et se livre à un
véritable marchandage avec le Tout-Puissant, lui faisant grief de vouloir
exterminer le juste avec le criminel. On connaît bien la suite. Yahvé dit qu’il
épargnera la ville s’il y découvre cinquante justes, mais, sous la pression d’Abraham,
et après de multiples rabais qui sont nettement dans la tonalité des marchands
du Moyen-Orient, il déclare qu’il ne détruira pas Sodome si cette ville
contient dix justes. Le texte est fort confus en cet endroit du récit, car il
semble que Yahvé lui-même soit chez Abraham, aux Chênes de Mambré, en compagnie
de deux « hommes », dénomination qui désigne en réalité deux anges. Et
ce sont ces deux anges qui vont aller à Sodome afin d’y accomplir les volontés
du Tout-Puissant.
    L’épisode mêle le réel au fantastique et a des prolongements
tant métaphysiques que moraux. Quand les deux hommes arrivent à Sodome, Loth est assis « à la porte de la ville » ( XIX, 1 ), ce qui laisse supposer qu’il attendait les
messagers. Qui donc avait pu le prévenir ? Le texte ne le précise pas, mais
ce n’est certainement pas Yahvé en personne. C’est probablement Abraham qui, visiblement,
fait tout pour sauver son neveu de la catastrophe programmée. D’ailleurs, dans
les deux hommes , Loth reconnaît immédiatement
des envoyés du Seigneur. Il leur dit : « Écartez-vous donc vers la
maison de votre serviteur, nuitez-y, baignez vos pieds, puis levez-vous tôt et
allez votre route. » ( XIX, 2 .) Telle n’est
cependant pas l’intention des deux hommes qui
déclarent vouloir passer la nuit dans la rue. Loth insiste pour les recevoir
chez lui et ils finissent par accepter son hospitalité : « Il leur
fait un festin, panifie des azymes et ils mangent. » ( XIX, 3 ) En somme, Loth pratique l’hospitalité comme
l’avait pratiquée Abraham aux Chênes de Mambré lorsqu’il avait reçu non
seulement les deux anges mais Yahvé lui-même. Mais nous sommes à Sodome, ville
maudite, et les choses se gâtent.
    En effet, « avant qu’ils ne se couchent, les hommes de
la ville, les hommes de Sodome, entourent la maison, adolescents et anciens, tout
le peuple, de partout. Ils crient vers Loth. Ils lui disent : Où sont les
hommes qui sont venus vers toi cette nuit ? Fais-les sortir vers nous :
pénétrons-les ! » ( XIX, 4-5 ) Nous voici
enfin fixés sur la « clameur » qui venait de Sodome et qui avait
motivé la colère de Yahvé. Car si les traducteurs chrétiens disent prudemment
et pudiquement « afin que nous les connaissions », le texte hébreu
est plus direct : « Pénétrons-les ! », ce qui ne laisse
aucun doute sur les intentions des hommes de Sodome (il faut remarquer que les
femmes sont totalement absentes de cet épisode) et justifie pleinement l’appellation
actuelle de « sodomie » attribuée au coït anal. Et cela mérite réflexion.
    En effet, on qualifie généralement cette

Weitere Kostenlose Bücher