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Les révoltés de Dieu

Les révoltés de Dieu

Titel: Les révoltés de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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n’ont jamais prôné le génocide organisé.
En partant du principe que l’incarnation, voulue et provoquée par l’Archonte, était
une sorte de malédiction, ils reprenaient seulement les thèses déjà développées
par Platon et les néo-platoniciens, à propos de la « chute des âmes »
et leur enfermement dans des corps imparfaits. Pour eux, la meilleure solution
était de rompre la chaîne du malheur en refusant de perpétuer la race humaine. D’où
les pratiques sexuelles « infâmes » de certaines communautés
gnostiques que les Pères de l’Église ont dénoncées et condamnées avec virulence,
tout en les décrivant minutieusement : orgies collectives, homosexualité, ingestion
de sperme, avortement, etc.
    Pour les cathares, dont le gnosticisme était fortement
teinté de manichéisme, il fallait également rompre cette chaîne de l’incarnation,
mais dans une optique assez différente. Le dieu des cathares était
incontestablement le Yahvé biblique, et il n’était pas considéré comme un
usurpateur : c’est Satan qui était responsable de la création de la
matière. L’archange révolté cherchait à usurper le pouvoir divin et enfermait
les âmes dans la matière pour se constituer des cohortes infernales. Le devoir
des « purs », c’est-à-dire des cathares, était donc de ne pas perpétuer
les espèces. On en arrivait ainsi au refus de la procréation, notamment par la
continence. Les déviances sexuelles, telles la sodomie, l’homosexualité, la
zoophilie, n’avaient aucune importance et n’étaient pas répréhensibles puisqu’elles
constituaient des pratiques débouchant sur une évidente stérilité. D’où les
accusations de laxisme portées contre les cathares qui, pourtant, d’après tous
les témoignages, respectaient une morale austère et sans défaut, espérant ainsi
contribuer à rétablir le Royaume de Lumière, lorsque la dernière âme (y compris
celle de Satan) serait sauvée.
    Pour les cathares, il n’y avait donc pas une « révolte
contre Dieu » mais une révolte contre l’idée que l’orthodoxie chrétienne
se faisait de Dieu et du rôle de Satan-Lucifer. Il n’en a pas été de même pour
le marquis de Sade, le révolté de Dieu par excellence, et dont la philosophie –
franchement satanique – peut se résumer ainsi : anéantissons l’œuvre de
Dieu. Et cela par tous les moyens. Mais Sade, à travers le concept d’un Dieu auquel
il ne croyait pas, visait essentiellement la société humaine, régie par des
tyrans et des prêtres, société qu’il jugeait pervertie, absurde et responsable
de tous les maux infligés aux existants . Si l’on
met de côté les fantasmes largement développés du « divin marquis » c’est
ce refus d’un ordre naturel voulu par Dieu qui
explique chez Sade l’exaltation de la sodomie et de toutes les perversions
dites « contre nature ». Les diverses « confréries » contemporaines
qui se réclament du patronage de Sade n’ont pas d’autre but : détruire l’humanité
en l’empêchant de perdurer en renversant la polarité de l’ordre universel.
    La seconde raison justifiant la sévérité hébraïque à l’encontre
de la « sodomie » n’est pas moins importante. Elle se réfère à tous
les interdits concernant le sang. Le sperme est du sang transformé, susceptible
de créer un nouvel être s’il est versé dans ce que les théologiens chrétiens
appellent le vas naturale . Le court épisode
biblique d’Onan est significatif : toute semence masculine dispersée est
un signe de révolte contre la volonté divine. De plus, cette semence peut être
récupérée par la fameuse Lilith et lui servir à engendrer des démons . Si l’homosexualité féminine n’apparaît pas
dans cette condamnation sans appel, c’est parce qu’elle n’est susceptible d’aucune
conséquence sur la destinée du monde et de l’humanité : une lesbienne qui
se livre à ses pratiques contre-nature n’émet
pas de semence et n’en perd pas pour autant sa fécondité. À la limite, cela ne
constitue pas une révolte contre le plan divin et, si c’est une tare considérée
comme regrettable, cela ne peut être qu’un simple amusement entre femmes qui ne
dérange en rien l’ordre établi. En tout cas, le pacte conclu avec Noé sur la dispersion
de sa famille à travers le monde n’est pas remis en cause. Et les existants ne sont pas menacés de disparition : l’œuvre
de Dieu se continue à travers

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