Les templiers
Terre Sainte. L’Angleterre serait informée par frère Amédée, et l’Espagne par frère Étienne. Les Hospitaliers se chargèrent de la France, et les teutoniques de l’Empire. Thomas Béraud signalait aussi que les marchands génois avaient quitté Acre et que le Temple était à court de fonds, faute de changeurs.
Peu de temps après, le Maître du Temple écrivit à nouveau à Gui de Basainville qui, dans une lettre au commandeur d’Auvergne, frère François de Borne, exprimait les inquiétudes du Couvent. Le Maître devait envoyer des émissaires en cour de Rome pour traiter des cinq points importants concernant le salut de la Terre Sainte : les affaires du royaume de Jérusalem et de Sicile, les Tartares, l’aide à Constantinople et l’alliance des Mongols avec le roi d’Arménie, le prince d’Antioche et le roi de Russie.
Saint Louis ne resta pas sourd aux rapports des Templiers. Seul, délaissé par les autres puissances, il méditait une nouvelle croisade, et malgré le traité de Damas, il conservait pour les Templiers considération et sympathie. Ne géraient-ils pas le trésor royal ? Le Maître en France était devenu un personnage important, aussi le roi donnait son avis pour la nomination. Saint Louis, en 1264, proposa Amaury de la Roche, avec discrétion et sagesse. Le Temple, puissance souveraine sans territoire, ne pouvait recevoir d’ordres. Le roi écrivit au pape, lequel, dans sa lettre à Thomas Béraud, reprit les mêmes termes flatteurs : « Si vous considérez avec quel soin le roi de France défend votre ordre et ses droits ; de quelle protection il vous entoure, combien il vous estime, vous accéderez immédiatement à ce qu’il vous demande, étant donné que votre complaisance trouvera sa récompense par de nouvelles faveurs. Voilà la preuve de son affection, transmise par des lettres à votre adresse, dans lesquelles il vous demande instamment de nommer un commandeur en son royaume, une personne qui lui inspire une grande confiance, notre cher fils Amaury de la Roche. »
Le pape ne fait qu’appuyer la requête du roi, puis- qu’en parlant de frère Amaury, il témoigne de la même confiance : « Nous en avons besoin à propos des affaires ecclésiastiques en France, et nous ajoutons nos prières à celle du roi. »
Le Maître accéda à cette demande aussi pressante que flatteuse. Frère Amaury sera Maître en France dès la fin de 1265 et le restera jusqu’en 1271. C’est à lui que s’adressera l’ancien évêque d’Agen devenu patriarche de Jérusalem, Guillaume II, pour un transfert urgent de fonds en Terre Sainte : « Il faut que nous ayons assez d’argent déposé dans la ville d’Acre pour la nourriture des arbalétriers ; il faut ensuite soixante livres tournois pour payer les chevaliers au nombre de cinquante, venus avec le comte de Nevers et Evrard de Valérie. Les chevaliers de Geoffroi de Sergines nous coûtent dix mille livres tournois par an ; même Geoffroy a hypothéqué son patrimoine pour trois mille livres. Vous devez rendre aussi les mille huit cents livres tournois que nous avons empruntées aux marchands par l’intervention de la banque de Paris, pour payer cinquante-huit chevaliers de la garnison d’Acre pendant cinq mois. Pour l'amour de Dieu, nous vous demandons de faire la paix avec les Génois et les Vénitiens, d’empêcher les pauvres et les débiles de faire le voyage en Orient, d’obtenir pour nous la dîme des royaumes de Chypre et de Jérusalem pour la défense d’Acre et de Jaffa, de hâter enfin le départ d’une nouvelle croisade. Adressez-vous au pape pour tout ceci et aidez-nous de votre mieux. »
Le royaume latin, privé d’assistance et déchiré par les luttes intérieures, vit au XIII e siècle l’éclosion de toute une littérature juridique avec Le Livre au roi, les assises de la Cour aux bourgeois et celles sur la Ligère. Les assises de Jérusalem sont les plus importantes. Elles possèdent un caractère de formalisme soigneusement entretenu par les juristes de l’Orient qui cherchèrent toujours à tourner les difficultés constitutionnelles par l’utilisation de la procédure.
Perdu dans des discussions sans fin et dans l’indifférence des Occidentaux, le royaume latin ne résista pas à l’attaque lancée par le sultan Beybars dès 1265. Le sultan craignait que le Grand Khan mongol Hulagu, qui préparait une expédition de grande envergure sur l’Égypte, ne
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