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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Quelle prétention, ajouta-t-elle, un rien cynique.
    — De la prescience, plutôt, déclara-t-il, tandis que le majordome remplissait leurs tasses.
    — Sauriez-vous aussi deviner le motif de ma visite ? continua de jouer Emma, sans lâcher des yeux ceux du marquis, enveloppants.
    — Je pourrais, par habitude, imaginer que je vous plais, comme nombre de ces épouses dont chaque jour je reçois les billets enflammés, mais…
    — Mais ? sourit Emma.
    — Mais vous êtes d’une autre trempe.
    Il n’avait aucune envie de feindre. Son instinct lui disait qu’il valait mieux ne pas trop badiner avec cette ensorceleuse. Baletti savait trop quel crédit accorder à la beauté. Elle était plus souvent mensonge, trahison et tourment que sincérité. Il en avait déjà souffert.
    — Vous cherchez à me séduire, madame, pour satisfaire votre curiosité et vous rapprocher d’un objet qui m’est cher. Me trompé je ? lâcha-t-il abruptement.
    Emma se troubla et immobilisa sa tasse fumante au bord de ses lèvres. Une fois encore, leurs regards s’accrochèrent. Emma dut baisser le sien, touchée par la puissance et le défi qui embrasaient à présent celui de Baletti. Elle avala une gorgée de chocolat pour se donner une contenance et s’étonna encore. Le breuvage était préparé exactement comme elle l’aimait.
    — Je suppose que maître Dumas vous a prévenu de ma visite, réattaqua-t-elle, maligne, en reposant sa tasse.
    Elle s’adossa avec sensualité contre le rembourrage épais du fauteuil, mains posées sur les accoudoirs garnis de même, dévoilant des poignets délicats encerclés de bracelets d’or, de diamant et d’émeraude. Baletti refusa de s’attacher à ces arguments. Emma avait beau savoir en jouer, il connaissait assez la nature féminine pour ne pas s’en troubler.
    — C’est exact, avoua-t-il. J’espérais que ma petite visite chez l’ambassadeur de France produirait son effet. Mon père adoptif m’a brossé un tel portrait de vous que je n’ai pu résister à l’envie de vous rencontrer, apprenant que vous aviez déjà conquis Venise.
    — En ce cas, j’espère ne pas avoir déçu votre attente, marquis.
    Le regard de Baletti s’embrasa de nouveau.
    — J’aurais mauvaise grâce à l’être, madame, comme tout homme à Venise devant votre beauté. J’en suis subjugué. Hélas, ajouta-t-il en souriant, cela ne me rend pourtant ni sot ni vulnérable à vos manigances.
    Emma, au lieu de s’en offusquer, éclata d’un rire léger. Décidément, ce marquis lui plaisait !
    — Me voilà donc prévenue, mon cher. Mais vous vous trompez. S’il est vrai que je m’intéresse à ce crâne de cristal que vous possédez, au point, je l’avoue, d’avoir envisagé de vous l’acheter, ce n’est pas la seule raison de ma visite.
    — Ah non ?
    — Non, reprit Emma, l’œil sincèrement brûlant et la gorge palpitante. Je suis deux fois veuve et peux, à ce titre et en toute discrétion, jouir d’autant d’amants qu’il me chante. Nul, à Venise moins encore qu’ailleurs, ne songera à s’en froisser. Et j’avoue, marquis, que vous aviez raison. Vous me plaisez. Infiniment.
    Baletti la laissa se troubler. Il sentait au frémissement de sa peau que le désir et la sensualité de cette femme étaient sincères. Il fit taire les siens. Il se leva, s’avança jusqu’à elle et lui tendit une main élégante. Emma fut persuadée en abandonnant l’asile de son fauteuil qu’elle se retrouverait dans ses bras sitôt debout. Le regard enflammé de Baletti, en réponse à sa propre audace, en semblait la promesse. Au lieu de cela, Baletti se contenta de l’entraîner vers le vestibule duquel partait un escalier de marbre agrémenté d’une main courante somptueusement ouvragée.
    — Ni le crâne de cristal ni moi ne sommes à vendre, madame, déclara-t-il froidement, parvenu au pied des marches.
    Emma reçut l’insulte comme une gifle.
    Elle se maîtrisa toutefois, en serrant les dents sur une envie de la lui rendre, et accepta de monter à ses côtés.
    — La convoitise vous rend audacieusement sublime, pourtant, s’excusa Baletti, je vais donc l’attiser encore en vous montrant ce que vous êtes venue chercher. Peut-être alors m’avouerez-vous la vérité à son sujet ?
    Emma ne répondit pas davantage. Le marquis exerçait sur ses sens un réel pouvoir. Il n’était pas étonnant, songea-t-elle, que les Vénitiennes y aient toutes succombé ! Cet

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