Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les voyages interdits

Les voyages interdits

Titel: Les voyages interdits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
budetit ! Par mes tripes et mes boyaux, s’exclama oncle Matteo.
Mais c’est ce serpent visqueux qui nous a dégoûtés de l’acheter !
    — Narine, odieuse créature ! gémit à son
tour le wazir. En vérité, Votre Seigneurie, comment avez-vous pu entrer
en possession de cet excrément ?
    — Je pense que l’eunuque est tombé sous son charme,
convint amèrement le shah. Hélas, ce n’est pas mon cas. Je vous l’offre, et
c’est de grand cœur, messieurs.
    — Euh... Oui, évidemment... Dans ce cas...,
firent dans leurs barbes respectives mon père et mon oncle, très mal à l’aise
mais n’osant offenser le généreux donateur.
    — Jamais je n’ai connu un esclave aussi odieux et
rebelle, ajouta le shah sans ambages, sans même feindre d’encenser une seconde
son présent. Il m’invective et me maudit dans une demi-douzaine de langues que
j’ignore complètement, bien que le mot « porc » soit apparemment
toujours utilisé.
    — Il s’est également rendu coupable d’insolence à
mon égard, s’offusqua la shahryar. Imaginez-vous un esclave osant remettre en
cause la douceur de la voix de sa maîtresse ?
    — Le Prophète en personne – et que, bien sûr, la
paix et la bénédiction soient toujours sur lui –, marmotta Narine à voix haute,
comme pour lui-même, le Prophète a lui-même maudit toute maison dont une voix
féminine peut être entendue de l’extérieur.
    La shahryar lui lança un regard venimeux, et le shah
conclut, anéanti :
    — Vous entendez ? Bien, sachez que l’eunuque
qui me l’avait amené sans me consulter a été écartelé par quatre chevaux
sauvages. Je pouvais me permettre cette perte sèche, puisqu’il était né sous
mon toit, étant le fruit d’un autre de mes esclaves. Mais ce chacal de fils de
pute m’a coûté cinq cents bons dinars, et l’on pourrait donc en faire meilleur
usage. Vous m’avez réclamé un conducteur de chameaux, messieurs, et il affirme
en être un.
    — Absolument ! clama le chacal de fils de
pute. Mes bons maîtres, j’ai grandi au milieu des chameaux, et je les aime
comme mes sœurs...
    — Ça, glissa mon oncle, je veux bien le croire.
    — Réponds à cette question, esclave ! aboya
Jamshid. Un chameau s’agenouille quand on le charge. Il mugit et se plaint
hautement à chaque nouveau fardeau dont on l’accable. Quand sait-on qu’il a
atteint sa charge limite ?
    — C’est très simple, wazir Mirza. Dès
qu’il cesse de ronchonner, vous pouvez être sûr qu’il ne portera pas un
brin de paille de plus.
    Jamshid haussa les épaules.
    — Pas de doute, il connaît les chameaux.
    — Bon, eh bien..., marmonnèrent mon père et mon
oncle.
    — Vous savez, messieurs, vous avez le choix,
proposa le shah sans la moindre émotion. Ou bien vous le prenez avec vous, ou bien
vous attendez ici pour le voir conduire au chaudron.
    — Au chaudron ? s’enquit mon père qui
ignorait tout de ce châtiment bien spécifique.
    — Emmenons-le, père, intervins-je pour la
première fois.
    Je n’y mis pas un grand enthousiasme, mais je ne me
sentais vraiment pas la force de revoir quelqu’un plonger dans l’huile en
ébullition, fût-ce même cette vermine nauséabonde.
    — Allah vous le rendra, jeune maître Mirza !
cria la vermine. Oh, bijou plus que parfait, vous avez autant de compassion que
le derviche d’antan Bayazìd qui, au cours d’un de ses voyages, trouva et
attrapa une fourmi restée prise dans un pansement sur son nombril et refit à
l’envers plusieurs centaines de farsakh pour la ramener à son point de
départ, afin que la pauvre exilée, injustement enlevée à son nid de naissance,
retrouvât...
    — La ferme ! tonna mon oncle. Nous allons te
prendre avec nous, ne serait-ce que pour débarrasser notre ami le shah de ta
méphitique présence. Mais je te préviens, pourriture, ne compte surtout pas sur
une compassion quelconque de notre part !
    — Je m’en contenterai ! cria la pourriture.
Les paroles vindicatives et même les coups donnés par un sage valent mieux que
les flatteries ou les faveurs prodiguées par un ignorant. Et de plus...
    — Oh, doux Jésus ! murmura mon oncle, l’air
soudain très las. Ce n’est pas sur ton postérieur que je vais taper, mais sur
ta langue de serpent à sonnettes. Votre Majesté, nous partirons à l’aube, dès
demain matin, afin que vous soyez libéré au plus tôt de cette chose fétide.
    Au point du jour le lendemain, Karim et nos

Weitere Kostenlose Bücher