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Les voyages interdits

Les voyages interdits

Titel: Les voyages interdits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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meilleure
facture roulés sur eux-mêmes, coffrets de bijoux, plateaux et aiguières d’or
sculptés de la façon la plus exquise, cimeterres d’acier de Neyriz en leurs
fourreaux incrustés de pierres précieuses, ainsi que, pour les femmes du
khakhan, des miroirs polis du même acier que les cimeterres, toutes sortes de
cosmétiques – du khôl au henné –, des flasques de cuir emplies de vin de
Chiraz, des boutures enveloppées avec grand soin des roses les plus précieuses
trouvées dans les jardins du palais, des oignons de banj et de pavot
dont on extrait le teryak. Le plus frappant de tous les cadeaux était
une planche sur laquelle un peintre de la cour avait peint le portrait d’un
homme à l’air rébarbatif et ascétique, mais aveugle, dans la mesure où ses yeux
étaient tout blancs. C’était la première représentation d’un être vivant que je
voyais dans un pays musulman.
    Le shah expliqua :
    — Ce dessin est censé donner une idée de
l’apparence du prophète Mahomet – la paix et la bénédiction soient sur lui. Il
y a, dans les royaumes du khakhan, de nombreux musulmans, et beaucoup ignorent
tout de l’aspect que pouvait avoir le Prophète – que la paix et la bénédiction
soient sur lui – dans la vie de tous les jours. Vous emporterez cela pour le leur
montrer.
    — Excusez-moi, glissa oncle Matteo, plus hésitant
qu’à l’ordinaire, je pensais que les images représentant les créatures vivantes
étaient formellement interdites dans l’islam. Et celle-ci nous montre le
Prophète en personne...
    Ce fut la shahryar Zahd qui nous éclaira.
    — Elle ne devient vivante qu’à partir du moment
où les yeux sont peints. Vous engagerez un artiste pour le faire juste avant de
l’offrir au Grand Khan : il suffira d’ajouter deux points marrons dans les
globes oculaires.
    Le shah ajouta d’utiles précisions.
    — De plus, le tableau lui-même a été peint à
l’aide de teintures magiques qui commenceront à s’estomper d’ici quelques mois
et finiront par disparaître totalement à la longue. Ainsi, en aucun cas cette
image ne pourra devenir un objet d’idolâtrie, comme toutes celles que vous
autres chrétiens révérez et que nous avons interdites du fait de leur inutilité
dans notre religion plus civilisée.
    — Ce portrait, avança respectueusement mon père,
sera j’en suis sûr accueilli par le Grand Khan comme un présent unique, car il
ne ressemble à aucun de ceux qu’il a déjà reçus. Vos royales majestés se seront
montrées plus que généreuses à son égard.
    — J’aurais aimé lui envoyer aussi quelques
vierges de Chiraz, ainsi que quelques garçons de Kachan, ajouta le shah d’un
ton songeur. Mais les tentatives que j’ai faites en ce sens se sont toutes
soldées par des échecs. D’une façon ou d’une autre, ils disparaissent avant
d’atteindre la cour du khan. Les vierges sont, il faut le croire, des denrées
bien délicates à transporter.
    — Je serais déjà fort heureux si nous parvenions
à convoyer tout cela, fit mon oncle, englobant du geste le monceau de
présents.
    — Cela ne posera pas l’ombre d’un problème,
assura d’un ton calme le wazir Jamshid. Chacun des chameaux désormais en
votre possession pourrait porter à lui seul ce tas de marchandises, et ce sur
huit farsakh de distance par jour, sans nécessité de plus d’un puits
pour trois jours de marche, si cela s’avérait nécessaire. Tout cela à condition,
bien sûr, que vous disposiez d’un bon conducteur de chameaux.
    — Ce qui est dorénavant chose faite, annonça le
shah. Acceptez-le comme un nouveau cadeau de ma part, messieurs,
particulièrement destiné à vous, celui-ci. (Il fit un geste à l’un de ses gardes
stationnés à la porte, qui s’éclipsa.) Il s’agit d’un esclave dont je n’ai fait
que tout récemment l’acquisition et qu’a acheté pour moi l’un des eunuques de
ma cour.
    — La générosité de Votre Majesté continue de nous
éblouir et de nous stupéfier..., murmura mon père.
    — Allons, allons, tempéra le shah modestement.
Qu’est-ce donc qu’un esclave, entre amis ? Quand bien même il m’aurait
coûté la somme de cinq cents dinars, comme celui-ci !
    Le garde revint accompagné de l’esclave, lequel
s’écroula immédiatement sur le sol, se confondant en bruyants salamalecs et
criant d’un ton perçant :
    — Qu’Allah soit loué ! Enfin, nous nous
retrouvons, mes bons maîtres !
    — Sia

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