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L’ESPION DU PAPE

L’ESPION DU PAPE

Titel: L’ESPION DU PAPE Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Madral , François Migeat
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regardant dans cette direction. Le groupe de moines les croise en les saluant poliment. Stranieri leur répond par quelques mots de latin, puis, dès qu’ils ont disparu, entraîne Touvenel jusqu’à une autre porte. Avant de la passer, il lui recommande :
    — Reste ici, je dois me débrouiller seul. Ces édifices cisterciens sont tous bâtis sur le même plan, et je suis déjà venu ici. Dès que j’aurai retrouvé Gasquet, je reviendrai te chercher.
    — Comment peux-tu être sûr qu’il sera seul ?
    — Parce que je ferai en sorte qu’il en soit ainsi. Tu m’as déjà vu avec lui, tu sais donc qu’il me connaît. Il a confiance en moi. Je lui dirai qu’un traître aux cathares veut lui confier un secret contre une belle récompense, et qu’il a besoin pour cela de se trouver seul avec lui. Il me croira.
    Touvenel considère Stranieri d’un air méfiant.
    — Il a confiance en toi ! Encore une fois, qui es-tu ?
    Stranieri lui sourit.
    — Une sorte de diable, tu n’avais pas tout à fait tort tout à l’heure.
    Touvenel le retient par le bras.
    — Sérieusement.
    Stranieri se dégage avec agacement.
    — Sérieusement.
    — Explique-toi.
    — Je n’ai pas le temps. Attends mon retour. Tourne autour du cloître en faisant mine d’être absorbé dans tes prières, pour qu’on ne te pose pas de questions, commande-t-il avant de disparaître sans laisser à Touvenel le temps de protester.
    Baissant la tête, le chevalier se résigne à faire comme le troubadour le lui a dit : il joint ses mains et commence à déambuler en marmonnant entre ses dents la seule prière qu’il connaisse : un Pater. Arrivé à un angle du cloître, il découvre un étroit escalier. Malgré les directives de Stranieri, il décide d’en monter quelques marches. Arrivé à un palier, il entend une conversation à l’étage supérieur. Il monte encore quelques marches. Son sang se fige. Il a reconnu la voix de Gasquet. Il hésite, puis continue et débouche sur une terrasse. À une dizaine de mètres de lui, Gasquet, le dos tourné, donne des ordres à l’un de ses hommes, qui approuve de la tête et s’éloigne. Le seigneur est seul, à présent. Touvenel retire son capuchon et, à visage découvert, l’appelle :
    — Guillaume !
    Gasquet se retourne et l’aperçoit. Il paraît d’abord surpris, mais se ressaisit vite et, bien campé sur ses deux jambes, croise les bras et se force à sourire.
    — Seigneur de Carrère ! Quelle surprise, de te trouver ici, sous cet habit ! Te serais-tu retiré du monde ?
    Touvenel arrache de son cou le pendentif d’Esclarmonde et le brandit devant lui en avançant sur Gasquet.
    — Tu reconnais ce bijou ?
    — Approche, pour que je le voie mieux.
    Touvenel porte son autre main sous sa robe pour se saisir de sa dague, et voit Guillaume poser l’une des siennes sur le pommeau de son épée.
    — C’est un bijou d’Esclarmonde, ma femme. Celle qui m’a préféré à toi. Esclarmonde, la lumière de ma vie.
    Le chevalier tire brusquement sa dague, prêt à se ruer sur son ennemi, mais il a perdu trop de temps. Deux hommes, surgis de derrière la colonnade, l’empoignent. Un troisième lui enserre le cou, en pointant une lame dans son dos. Gasquet en profite pour lui décocher un violent coup de poing dans l’œil et un coup de pied entre les jambes. Touvenel tombe à terre, plié en deux sous l’empire de la douleur. Guillaume ordonne :
    — Emmenez-le en bas ! Je lui réglerai son compte après notre affaire.
     
    — Vite, Yong ! Vite ! Ils vont bientôt sortir de la salle des convers. En as-tu fini ?
    Stranieri ne s’est pas trompé en tournant à droite, juste à la sortie du cellier et en contournant le grand logis abbatial. Il a franchi un petit passage et forcé la porte des magasins et réserves. Tout au fond, sous les voûtes basses, il savait qu’il trouverait une autre porte, à peine praticable tant elle serait étroite, qui lui donnerait accès à un réduit obscur. Là, après avoir soulevé une trappe, il a pu descendre un escalier de meunier qui lui a permis d’accéder à une étrange salle de grande dimension.
    Éclairée d’en haut par des puits de lumière, elle est garnie d’écritoires et de tables à tréteaux où s’entassent des flacons, des grimoires, des pots de grès, des mortiers, des balances, des coffrets, et une grande marmite pleine d’un étrange liquide verdâtre qui bouillonne au-dessus d’un feu. Une

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