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L’ESPION DU PAPE

L’ESPION DU PAPE

Titel: L’ESPION DU PAPE Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Madral , François Migeat
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rituel. Après avoir saupoudré le parchemin d’une poudre blanche et attendu quelques secondes qu’il s’en imprègne totalement, ils le jettent dans le feu et observent avec curiosité les flammes le lécher et le racornir, sans parvenir à le consumer. Ils attendent encore un moment, mais le parchemin résiste toujours à l’action du feu. Plus étrange encore : il semble soudain devenu plus léger et s’élève dans les airs au-dessus des flammes. Au risque de se brûler, Stranieri le pique de la pointe de son couteau et le ramène à lui pour le regarder de plus près. Très excité, Yong se penche lui aussi sur l’objet de leur expérience et l’examine soigneusement sous un verre grossissant. Son expression radieuse en dit long sur son contentement. Stranieri ne peut retenir son enthousiasme.
    — Il a résisté, Yong. Félicitations ! En peau de chèvre, de porc, de mouton ou d’âne, ils ont tous résisté. Mais as-tu vu comme celui-ci était près de s’envoler ! Nous tenons une arme aussi redoutable que notre « bombe » quand elle sera au point. Et c’est grâce à toi ! Grâce à ton savoir.
    Les deux hommes se donnent l’accolade et s’embrassent avec une telle émotion que des larmes leur montent aux yeux. Stranieri, perdant toute retenue, lève les bras comiquement vers le ciel et s’écrie vers les étoiles :
    — Foi de Francesco Stranieri, le sieur Guillaume de Gasquet va être content de nous rencontrer !
    — Que veux-tu au sieur Guillaume de Gasquet ? interroge une voix aiguë sortie des ténèbres.
    Stranieri et Yong sursautent d’effroi en découvrant une dizaine d’hommes à cheval, vêtus de blanc et cagoulés, un grand crucifix d’argent sur la poitrine, qui les ont encerclés, l’épée au poing.
    — Restez près de votre feu, manants, que nous puissions mieux vous voir ! commande la voix.
    Stranieri, dans une prière muette en appelle à son sens de la diplomatie, pour qu’elle les sorte de cette situation délicate. À leurs étranges costumes, il a compris, d’après les descriptions qu’on lui en a faites, que ces hommes appartenaient à cette Confrérie Blanche dont lui a parlé le pape. Encore faudrait-il savoir à qui il s’adresse, pour trouver les arguments qui conviennent, et des visages dissimulés sous des cagoules se prêtent difficilement aux échanges verbaux.
    Un cavalier légèrement penché sur le flanc paraît être le chef de cette meute, à en juger par la déférence avec laquelle les autres s’écartent pour lui laisser passage. Sans descendre de son cheval, il fend le cercle de ses hommes. À son inclinaison sur le côté droit, Stranieri, après un rapide coup d’œil sur ses étriers, en déduit que, malgré une jambe plus courte que l’autre, le cavalier n’a pas réduit la longueur de sa lanière, quitte à adopter une posture bizarre. Une façon de se rendre plus inquiétant, sans doute. L’homme fait signe à ses cavaliers de rengainer leur épée et garde seul la sienne en main. Il en pose délicatement la pointe sur la gorge de Stranieri, qui affecte aussitôt une expression de terreur. L’homme reste un moment immobile à jouir du spectacle, puis il sourit, content de lui, rengaine à son tour son épée et présente à Stranieri et à Yong son crucifix d’argent.
    — À genoux ! Prosternez-vous ! Baisez l’image de Dieu sur terre ! Sinon, faites votre acte de contrition.
    « Un malade, un fanatique, un déséquilibré », pense Stranieri, en s’abstenant de réagir, pour voir jusqu’où l’individu peut aller. La colère du cavalier ne se fait pas attendre. Il dégaine de nouveau son arme et menace :
    — Vous refusez ? Je vais vous étriper l’un et l’autre d’un seul coup de ma lame. Le ventre ouvert, on meurt très lentement, et dans d’atroces souffrances.
    Stranieri échange un regard apeuré avec Yong et s’agenouille en baisant le crucifix, aussitôt imité par son assistant. Malgré cela, le cavalier continue de faire flotter la pointe de son épée au-dessus de leurs têtes. « Il entend faire durer la menace, affirmer son pouvoir, pense encore Stranieri. Un être frustré, donc sûrement capable du pire ».
    — De quel bord êtes-vous ? Toi, le moine, je te trouve une mine bien étrange ! Et quelle curieuse compagnie qu’un troubadour pour un homme d’Église !
    Se tournant brusquement vers Stranieri, il fait gicler son chapeau de feutre d’un revers de main et

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