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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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pas convaincu de l’opportunité d’envoyer un
message à ce grand personnage. Une telle démarche risquait fort d’attirer
d’autres aventuriers anglais sur les terres de Bérat…
    — Au diable les protestations ! gronda Joscelyn.
Tuons ces bâtards, c’est tout. Ils ont rompu la trêve.
    — Ce sont des Anglais, rappela le maître des lieux. Ils
rompent toujours les trêves. Mieux vaut faire confiance au diable qu’à un
Anglais.
    — Donc, j’ai raison : tuons-les ! insista le
bouillant jeune homme.
    — Il ne fait aucun doute que nous allons le faire,
répondit son oncle.
    Il était en train d’essayer de déchiffrer l’affreuse
écriture d’un clerc mort depuis longtemps. Celui-ci avait rédigé le contrat
d’un homme appelé Sestier qui devait consolider avec du bois d’orme toutes les
canalisations du château d’Astarac.
    — Nous allons le faire, oui, quand le temps sera venu,
ajouta-t-il d’un air absent.
    — Trente hommes, mon oncle, donnez-m’en juste trente,
et je les vaincrai en une semaine.
    Le comte repoussa le document, en prit un autre. L’encre,
passablement fanée, avait viré au brunâtre, mais il pouvait encore voir qu’il
s’agissait d’un contrat avec un maçon.
    — Joscelyn, demanda-t-il sans relever les yeux, comment
veux-tu les vaincre en une semaine ?
    Au regard que le jeune homme lança à son parent, on aurait
pu croire qu’il prenait ce dernier pour un idiot.
    — En allant à Castillon d’Arbizon, bien sûr, et en les
tuant tous !
    — Je vois, je vois, répondit le comte comme s’il le
remerciait pour son explication. Mais la dernière fois que je me suis rendu
là-bas, Joscelyn – et cela remonte à des années, juste après le départ des
Anglais, pour être précis –, le château était fait de pierres. Comment
veux-tu vaincre une telle forteresse avec simplement des épées et des
lances ?
    Il leva la tête pour sourire à son neveu.
    — Pour l’amour de Dieu ! Ils se battront.
    — Oh oui, je suis sûr qu’ils le feront. Les Anglais
adorent ce genre de distractions, tout comme toi. Mais ces Anglais ont des
archers, Joscelyn, des archers ! As-tu déjà rencontré un archer anglais
sur une lice de tournoi ?
    — Ils n’ont que vingt archers, maugréa son parent au
lieu de répondre à la question.
    — Les gardes nous ont dit vingt-quatre, précisa
doctement son aîné.
    Les survivants de la garnison de Castillon d’Arbizon avaient
été relâchés par leurs vainqueurs et avaient rallié Bérat. À titre d’exemple,
le comte en avait immédiatement fait pendre deux avant d’interroger les autres.
Ceux-là attendaient maintenant, au fond de leurs geôles, qu’on les emmène pour
les vendre comme esclaves sur des galères. La pensée de ce petit profit annoncé
amena un sourire sur les lèvres du vieil homme. Il était sur le point de jeter
le contrat du maçon dans le panier quand un mot capta son attention. Son
instinct lui souffla de conserver le document par-devers lui.
    Il se tourna alors vers son neveu.
    — Laisse-moi te parler de l’arc de combat anglais, lui
dit-il patiemment. C’est un objet en if d’une grande simplicité. En réalité,
c’est même un vulgaire instrument de paysan. Mon veneur est capable d’utiliser
cette arme, mais il est le seul homme de Bérat qui y soit parvenu. Pourquoi, à
ton avis ?
    Il attendit une réponse de son neveu, qui ne vint pas.
    — Eh bien, je vais te le dire, poursuivit le vieillard.
Cela prend des années, Joscelyn, de nombreuses années pour maîtriser cet arc en
if. Dix ans, prétendent certains… Probablement. Et au terme de ce temps
d’apprentissage, un archer peut tirer une flèche à travers une armure à deux
cents pas.
    Il sourit tristement avant de continuer :
    — Tu peux imaginer cela ? La valeur de mille écus
en homme, en armure et en armement, victime d’un vulgaire arc de paysan !
Et ce n’est pas une question de chance, Joscelyn. Mon chasseur peut placer une
flèche dans un bracelet à une centaine de pas. Il peut transpercer une cotte de
mailles à deux cents. Je l’ai vu perforer une porte en chêne de trois pouces
d’épaisseur à cent cinquante pas…
    — J’ai une armure blindée, répondit le neveu d’un air
renfrogné.
    — Oui, bien sûr. Et à cinquante pas, la flèche de
l’Anglais pénétrera par les fentes de ta visière et te transpercera le cerveau.
Naturellement, cela ne te fera peut-être pas grand-chose et tu

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