L'Héritage des Templiers
découvrir le corps, mais s’est contenté de le laisser sur place.
— Comment Saunière aurait-il pu se douter de quelque chose ? Comment a-t-il pu résoudre le cryptogramme ? Mark m’a fait lire le compte rendu : d’après Gélis, Saunière n’y arrivait pas. Gélis se méfiait de lui et ne lui avait donc rien dit.
— Oui, ses informations sont valables si l’on part du principe que le maréchal disait la vérité. L’abbé a été assassiné soit par Saunière soit par le maréchal pour l’empêcher de parler de sa découverte. Si le maréchal a fait le coup, ce qui me paraît vraisemblable, il a rédigé le rapport simplement pour se couvrir, afin que personne ne se doute qu’il avait quitté l’abbaye pour venir chercher le legs des Templiers ici et le garder pour lui. Et recopier le cryptogramme dans son rapport ne portait pas à conséquence. Il est impossible de le déchiffrer sans la combinaison mathématique. »
Malone éclaira le tunnel qui s’enfonçait dans les ténèbres. « Regardez ça. »
Ils aperçurent, gravée dans la roche, une croix aux quatre branches d’égale longueur, aux extrémités évasées.
« La croix pattée ! s’exclama Cassiopée. Attribuée à l’usage exclusif des Templiers par décret papal. »
D’autres détails glanés dans le livre consacré à l’ordre revinrent à la mémoire de Malone. « La croix vermeille qui ornait le manteau blanc des chevaliers signifiait qu’ils étaient prêts à souffrir le martyre en combattant les infidèles. » Il suivit le tracé de l’inscription gravée au-dessus de la croix.
PAR CE SIGNE TU LE VAINCRAS
« On trouve la même dans l’église de Rennes-le-Château, au-dessus du bénitier de l’entrée. Saunière l’y a fait graver.
— C’est la phrase de Constantin s’apprêtant à combattre Maxence. On dit que, avant la bataille, il aurait eu la vision d’une croix se détachant sur le soleil. Elle était frappée de ces mots.
— À une différence près. D’après Mark, il n’y avait pas de pronom “le” dans la phrase d’origine.
— Il a raison.
— Saunière l’a ajouté. Ce sont les treizième et quatorzième lettres de la phrase. 1314.
— Date de l’exécution de Jacques de Molay.
— Saunière n’avait rien contre une touche d’ironie dans les symboles qu’il utilisait, et c’est ici qu’il a péché l’idée. »
Il fouilla de nouveau l’obscurité et vit que le passage s’arrêtait à quelques mètres de là. Une grille métallique verrouillée par une chaîne et un cadenas leur interdisait d’aller plus loin.
« On dirait que nous l’avons trouvé », constata Cassiopée.
Un grondement retentit derrière eux et quelqu’un hurla : « Non ! »
Ils firent volte-face.
61
De Rochefort s’arrêta au pied de l’abbaye et fit signe à ses hommes de se poster à ses côtés. Il régnait un silence pesant. Pas un bruit. Pas un murmure de voix. Rien. Frère Geoffrey se tenait près de lui. Le maître n’était toujours pas persuadé de ne pas s’être fait piéger et avait préféré venir armé. Le conseil avait fait le bon choix : les chevaliers qui l’escortaient étaient parmi les plus qualifiés dans les rangs de la confrérie, de valeureux soldats dont l’expérience et l’incontestable courage pourraient se révéler précieux.
À l’abri d’un tas de pierres incrustées de lichen, il tendit le cou pour apercevoir l’intérieur de l’amas de ruines qui se dressait derrière les herbes ondoyantes. L’immense voûte des cieux pâlissait à mesure que le soleil battait en retraite derrière les montagnes. L’obscurité ne tarderait pas à être complète. Et le temps l’inquiétait. Dans les Pyrénées, les orages éclataient de façon imprévisible en été.
D’un geste, il ordonna à ses hommes d’avancer ; ils escaladèrent les rochers et les pans de murs effondrés. Il repéra un campement installé à l’abri de trois murs qui tenaient partiellement debout. Le bois était prêt, mais le feu n’avait pas encore été allumé.
« Je vais y aller, murmura Geoffrey. Ils m’attendent. »
Cette décision lui parut sage et il acquiesça.
Le jeune homme s’avança calmement. Toujours personne en vue. Geoffrey disparut à l’intérieur des ruines. Un instant plus tard, il ressortit et leur fit signe de le rejoindre.
De Rochefort demanda à ses hommes d’attendre et s’avança, seul. Il avait déjà ordonné à
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