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L'homme au ventre de plomb

L'homme au ventre de plomb

Titel: L'homme au ventre de plomb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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poser
quelques questions à l'ensemble de vos domestiques ?

    â€“ Faites,
faites, je compte sur vous pour régler cette affaire.

    Elle lui sourit à
nouveau.

    â€“ J'ai connu
votre père. Vous lui ressemblez.

    Un coup de trompe
sonna pas très loin. Une forte voix cria : Voy le-cry
voy-auant !

    â€“ Je crois,
monsieur, que le, daim est lancé aux chiens. Il faut y aller.
Bonne chasse.

    Elle éperonna
sa monture qui s'enleva en hennissant ; Nicolas se recoiffa, remonta
et partit au petit galop. Il entendait des appels de trompe et les
cris des chasseurs. Le désordre était grand. Il
semblait que la bête poursuivie rusât. On entendit le cri
d'un piqueur qui rappelait les chiens à lui : Haurua, à
moy Theau, il uit ici ! Et prévenait les chasseurs. Dans
cet affolement, la monture de Nicolas s'énerva et piqua des
deux. Avant qu'il ne la maîtrise, elle l'avait conduit loin de
la chasse. Étourdi par le vent de la course, il n'entendit pas
deux cavaliers qui arrivaient sur ses arrières. Au moment où
il pressentit leur présence, c'était déjà
trop tard. Se retournant, il ne vit qu'une cape noire tendue entre
eux qui le frappa et le projeta à terre. Son cheval affolé
s'enfuit. Sa tête heurta une souche, un voile l'enveloppa et il
perdit conscience.

    Une douleur sourde
lui taraudait la tête. Il n'aurait pas dû faire autant
honneur au souper et à ses flacons. Et puis, le lit était
bien dur et la chambre bien froide. Il tenta de remonter le drap et
sentit les boutons du justaucorps. Il reprit ses esprits et le
souvenir de l'agression lui revint. Il avait bel et bien été
attaqué par deux inconnus.

    Où était-il
? A part la tête qui le faisait souffrir, il ne semblait rien
avoir de rompu. En tentant de s'étirer, il constata qu'il
était attaché aux pieds et aux mains. Une odeur connue
l'éclaira sur le lieu où il était retenu
prisonnier. Ces remugles de moisi, de chandelle éteinte et
d'encens ne pouvaient appartenir qu'à un lieu consacré,
église ou couvent. Pas de lumière. Obscurité
totale. Il frémit. Était-il enfermé dans une
crypte ou dans quelque in-pace religieux où on ne le
retrouverait jamais ? L'angoisse le saisit avec cette montée
de l'étouffement.

    Un détail,
pourtant insignifiant par rapport à la gravité de la
situation, revenait sans cesse l'accabler : il n'avait pas songé
à prévenir M. de Noblecourt qu'il resterait plusieurs
jours à Versailles. Il imaginait l'inquiétude de ses
amis. Finalement, cette hantise lui fit un peu oublier sa position.
Du temps passa.

    Au bout de
plusieurs heures, il entendit un bruit. Une porte s'ouvrit et la
lumière d'une lanterne éblouit ses yeux douloureux.
Quand il les ouvrit, il ne vit rien ; quelqu'un était passé
derrière lui pour lui attacher un bandeau. Il fut saisi,
presque porté, et traîne à l'extérieur. Il
sentit qu'on franchissait des degrés, puis l'air frais lui
caressa le visage. Il perçut le crissement du gravier. Une
porte encore, et il eut l'impression d'entrer à nouveau dans
un bâtiment, alors que la même odeur d'église le
saisissait. Il fut assis sur une chaise paillée, il la sentait
sous ses doigts. On lui enleva le bandeau des yeux. Il avait les
paupières gonflées et une douleur lancinante dans la
nuque.

    La première
chose qui frappa son regard fut un grand crucifix de bois noir contre
un mur blanc. Assis à une table, un vieillard en soutane le
fixait, les mains jointes. Sa vision s'accommoda peu à peu.
Une seule chandelle brûlait dans une assiette de faïence.
Il regarda attentivement le vieux prêtre. Son visage ne lui
était pas inconnu, mais les années avaient changé
une figure rencontrée dans une autre existence.

    - Mon Dieu, mon
père ! Vous êtes bien le père Mouillard ?

    Par quel détour
insensé se retrouvait-il en présence de son ancien
maître au collège des jésuites de Vannes ? Il
était confondu par le changement qui avait transformé
un homme aimable en ce vieillard hagard et perdu. Il n'y avait
pourtant que quelques années qu'ils s'étaient vus pour
la dernière fois.

    â€“ C'est bien
moi, mon fils. Et bien accablé de te retrouver dans ces
circonstances. Tu m'as reconnu, mais moi, je ne le puis. Je suis
devenu aveugle et remercie Dieu de

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