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L’Inconnue de Birobidjan

L’Inconnue de Birobidjan

Titel: L’Inconnue de Birobidjan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: MAREK HALTER
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relation de confiance a été extrêmement difficile à établir. Obsédée par le désir de retrouver Apron, M. A. Gousseïev ne voulait pas retourner au Birobidjan, au risque d’attirer à nouveau l’attention du NKVD sur elle. J’ai alors décidé d’intervenir en me présentant comme un ami d’Apron.
    Â 
    Cit. :
    M. A. Gousseïev  : Vous le connaissez ? Vous connaissez Michael ?
    Moi  : On est amis.
    M. A. G.  : Je ne vous crois pas.
    M  : Pourquoi ?
    M. A. G.  : Michael m’aurait parlé de vous.
    M  : Non. Il ne vous a pas confié qu’il espionnait. Il ne pouvait pas tout vous dire.
    M. A. G.  : Comment savez-vous qu’il était espion ?
    M  : Marina Andreïeva ! Le NKVD l’a arrêté avec du matériel…
    M. A. G.  : Vous étiez là ? Vous savez qui a placé ce transmetteur dans notre isba ? Ou alors vous êtes l’un d’eux ?
    M  : Non, je ne suis pas du NKVD.
    M. A. G.  : Vous pouvez le prouver ?
    M  : Non.
    M. A. G.  : Vous voyez. Pourquoi vous ferais-je confiance ?
    M  : Et moi, pourquoi est-ce que je vous croirais ? Peut-être que le NKVD vous a libérée parce que vous travaillez pour lui ? Après tout, vous n’avez fait que dix-huit mois de camp. Pour la complice d’un espion américain, ce n’est pas si cher payé.
    Â 
    Le contact entre nous a failli être rompu plus d’une fois. Il était, dans cette période, très difficile de soutenir une conversation avec M. A. Gousseïev. Son agressivité était difficilement contrôlable. Je dois dire que son comportement pouvait rendre un homme extrêmement mal à l’aise. Néanmoins, pour la raison invoquée ci-dessus et la nécessité où j’étais de quitter Khabarovsk, j’ai décidé de lui dévoiler mon intention d’organiser l’évasion d’Apron.
    Â 
    Cit. :
    M. A. Gousseïev  : Vous savez où est Michael ?
    Moi  : Oui.
    M. A. G.  : Où ?
    M  : Je vous le dirai quand je serai sûr de pouvoir compter sur vous. Si vous me suivez à Vladivostok.
    M. A. G.  : Si vous voulez coucher avec moi, c’est plus simple de le demander.
    M  : Je veux libérer Apron. Vous pouvez m’y aider. Mais il faut que vous cessiez de faire l’idiote.
    M. A. G.  : Qu’est-ce que ça vous rapporte, d’aider Michael ?
    M  : Je vous le répète. C’est un ami.
    M. A. G.  : Vous mentez.
    M  : À vous de juger.
    M. A. G.  : Regardez-moi. Ce que vous voyez, c’est une femme morte. Ce qui vit en moi, c’est Michael. Si vous cherchez à le trahir, je vous tuerai.
    Â 
    Le 16 avril, Marina Andreïeva Gousseïev m’a accompagné à Vladivostok. Son passeport intérieur comportait la notification de sa peine de dix-huit mois de Goulag et elle était susceptible à tout moment d’être arrêtée par la milice. Selon la voie habituelle, je lui ai fourni un nouveau passeport intérieur soviétique. Sa nouvelle identité a été l’occasion d’une autre dispute, car elle voulait porter le nom d’Apron.
    Â 
    Cit. :
    M. A. Gousseïev  : Je suis la femme de Michael. Nous nous sommes mariés au Birobidjan, à la synagogue.
    Moi  : Vous ne pouvez pas porter ce nom. Il ne sonne pas russe. C’est trop risqué.
    M. A. G.  : Comme si votre nom sonnait russe ! Nous sommes juifs. Notre nom est juif. Votre ami Apron est juif. Vous ne le saviez pas ?
    M  : Je m’en fous. Apron n’est pas votre nom.
    M. A. G.  : Si ! Pour le restant de mes jours.
    M  : Pensez à ça : s’ils vous arrêtent, ils m’arrêteront aussi. Plus personne ne pourra aider votre mari à s’évader.
    Â 
    Sous sa nouvelle identité (M. A. Ovaldian) M. A. Gousseïev a pu se présenter aisément comme la veuve de mon neveu mort sur le front de la « guerre patriotique ». Une situation banale et plausible en raison de notre différence d’âge.
    Â 
    Le 26 ou le 27 avril, la radio a annoncé la mort d’Hitler. Comme à chaque grande victoire, Vladivostok a été en liesse. J’ai

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