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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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aubergiste ouvrit la bouche pour trouver de l’air. Café ? Quoi d’autre ? Rien. Café, ai-je dit encore en haussant les épaules. Mon rôle était toujours celui de l’idiot. Et je crois avoir réussi. Si bien que j’ai abandonné un homme partagé entre la peur des mouches et la crainte d’avoir été berné par elles. D’autant qu’il n’oublie pas la pension de vos chevaux. Les jours passent et l’avoine a un coût. « Combien de temps, encore ? », gémit-il. De nouveau, j’ai haussé les épaules. Qui sait où va le vol de la mouche ? Sur le pas de la porte, je me suis retourné pour clamer d’une voix grave : « Gardez l’œil ouvert et méfiez-vous ! » Je l’aperçois encore, tremblant et suant.
    Il riait à gorge déployée.
    — Étiez-vous si impressionnant ? lui demandai-je en souriant.
    — Plus vrai que nature, m’assura-t-il. Un vrai comédien.
    — C’est cette vie qu’il faut me montrer. Je veux voir où vous jouez. Je veux rencontrer vos amis. Je veux savoir ce qui vous émeut, vous séduit, vous donne envie de rire !
    Il s’arrêta de marcher :
    — Tout est là. Et c’est vous.
    — Pour savoir si ce vous t’apprécie, mène-moi jusqu’à lui .
    Il m’embrassa la main : « Alors, partons pour la rue Mouffetard... »

    Connu n’était pas assez. Connu comme le loup blanc convenait plus. Depuis que nous étions entrés dans le fief de François de Saint Val, il avançait le sourire aux lèvres, tendant la main, répondant à un signe. Et parfois à un baiser.
    Plus nous avancions, plus il s’apaisait, retrouvant sa fantaisie, redevenant celui que j’avais connu dans l’écurie de l’aubergiste. Et qui me séduisait tant. À l’étal d’un marchand de fruits, il choisit trois belles pommes rouges qu’il fit aussitôt voler dans un cercle imaginaire. Quand l’une descendait, les deux autres s’élevaient. Le commerçant menaça qu’il faudrait rembourser les dégâts. Si un fruit tombait, il serait perdu. François répondit en s’emparant, sans rien changer à son ballet, d’une quatrième pomme bien ronde. Et il continua son numéro. Bientôt, des curieux se pressèrent. L’un fit rouler une pièce. Les autres applaudirent. L’artiste acheva son numéro en récupérant une à une les pommes sur le haut de son dos. Aucune ne toucha le sol. François salua et rendit ce trésor à son propriétaire.
    — Mais il en manque une ! s’insurgea le marchand.
    — Je garde celle-là, répondit Beltavolo en m’offrant la plus brillante.
    — Et vous payez comment ?
    Il ramassa la pièce du passant généreux et la donna au grincheux.
    Nous partîmes à l’assaut de la rue Mouffetard. La pente devint raide. Il me prit par la main et força l’allure, se faufilant entre les flâneurs, les commerçants ambulants et les enfants qui jouaient à saute-mouton au milieu de la chaussée, indifférents aux cris d’une matrone qui les menaçaient du bâton s’ils ne filaient pas chercher de l’eau au cours de la Bièvre.
    — Moins vite, François ! Je ne puis courir et goûter votre fruit...
    Je croquai dedans. Le jus coula sur mes lèvres. Je me sentais heureuse. Mais nous passions devant le cabaret de la Mère-Dieu quand trois filles très jolies et très jeunes coururent vers nous et entourèrent François :
    — Joueras-tu, ce soir ?
    L’une d’elles me détaillait d’un regard ironique. Ma présence ne semblait pas la troubler :
    — C’est une de tes comédiennes ?
    — Non, répondit sobrement Beltavolo.
    — Un petit animal perdu ? se moqua la deuxième.
    — Quel secret se cache-t-il derrière ces beaux yeux ? dit la troisième.
    Il soupira. Beltavolo était pris au piège. Masquant sa gêne et trouvant une contenance en remontant la mèche qui tombait sur son front et lui faisait un si beau visage, il se lança dans des explications alambiquées desquelles ressortaient que j’étais une amie, une très chère amie. En fait, une jeune femme qu’il avait rencontrée depuis peu et que...
    — J’aime, finit-il par lâcher dans une sorte de murmure où pointait comme une plainte.
    Les trois filles partirent dans un éclat de rire et m’entourèrent aussitôt de leur gentillesse et de leur bonhomie. Était-ce à moi ou à elles d’éprouver de la jalousie ?
    — Nous vous félicitons ! dit la première.
    — Le cœur de notre acteur est donc prisonnier, soupira la deuxième.
    — Qui aurait cru qu’il se laisserait capturer ? ironisa la troisième.
    Et elles

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