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L'Insoumise du Roi-Soleil

L'Insoumise du Roi-Soleil

Titel: L'Insoumise du Roi-Soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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l’heure des jugements. Tout est clos.
    — Pardonnez-moi, sire, mais je disposais de peu de temps pour prouver ma franchise et ma loyauté.
    — Qu’en ferais-je ?
    — Je les mets honnêtement à votre service. Accordez-moi le droit de mener mon enquête sur cette nouvelle affaire.
    — Pourquoi ? interrogea-t-il aussi froidement.
    — Je veux démontrer au roi que les Montbellay sont à ses côtés.
    Je regardai la marquise :
    — Sire, suppliai-je, vous ne pouvez qu’y gagner.
    Il m’adressa alors un regard supérieur. Qui étais-je pour proférer de telles requêtes, sinon une oie blanche venue de sa campagne, une prétentieuse osant braver l’étiquette et sa porte, une effrontée, qui plus est fille d’un libertin banni ? Mais en même temps, la curiosité et le doute le taraudaient : que pouvais-je faire pour lui ? Sa faiblesse, je le devinai, passait. Il allait par orgueil, ou dédain, répondre non. Mais madame de Montespan se leva brusquement et vint vers lui :
    — Hélène de Montbellay vous parle avec courage et sincérité, Louis. Combien osent-ils encore ? Pourquoi rejeter ces qualités chevaleresques dont la cour oublie parfois le sens ? Que ferions-nous sans cette noblesse de cœur qui croit aux vertus de la Quête ? Elle a entrepris un long chemin pour venir à vous. Elle se présente ici, inspirée par l’espoir, et non par la haine. J’ai confiance en elle. Acceptez son offre. Laissez-la agir et se battre pour l’honneur de son nom, et vous servir aussi. Ne lui refusez pas ce que je n’ai pu moi-même obtenir quand je fus accusée, dont les effets durent, et dont nous souffrons tant !
    Fallait-il qu’il cède pour effacer sa dette ? Il soupira, hésita. La raison le poussait à rejeter cette demande. Ses sentiments lui soufflaient l’inverse. Ah ! qu’il était dur d’être roi et homme. Songea-t-il aux effets de sa décision sur les courtisans ? Mesura-t-il également qu’en lui prêtant main-forte, le nom de Montbellay se rapprocherait de la Couronne ? Les circonlocutions de l’esprit taraudaient le Soleil. L’État, la messe, Bourdaloue réclamaient sa présence, mais il eut le tort de croiser le regard d’Athénaïs. Et qui d’autre pouvait séduire celui du roi ? Si la réponse ne semblait plus faire doute, il était néanmoins plus difficile de comprendre pourquoi Montespan tenait tant à me secourir... Ce dont le roi se soucia tout autant :
    — Pourriez-vous, madame, expliquer cet assaut d’indulgence ?
    La marquise fit un terrible effort afin de retrouver sa contenance. Son jeu reprenait. Elle se voulait insouciante et désirait charmer son bien-aimé :
    — Je suis, comme le soutint Molière, pour le juste milieu. Et cette jeune femme me semble en être le bon modèle. Fidèle à son père et à son nom, mais raisonneuse et hardie. Je la crois aussi pleine d’esprit, bien que sans orgueil. Elle n’appartient pas à un clan, donc elle n’en flattera aucun. Elle défend la liberté et la tolérance ? Voilà un choix bien rassurant, si l’affaire est religieuse. Elle joue les trublions à la cour ? Tant mieux ! Elle n’y cherchera pas d’appui et parlera pour elle. Enfin, son sang noble ne cède pas aux flatteries courtisanesques, et son franc-parler en est la preuve. Elle vient faire allégeance, et vous offre son intuition ? Laissez agir les femmes !
    Pourquoi forçait-elle autant son talent pour me venir en aide ? Je ne le sus que plus tard et j’en parlerai le moment venu. Pour l’heure, sa tirade plut au roi. Et que n’aurait-il pas fait pour lui être agréable ? Ces deux amants-là s’aimaient, je l’assure.
    — Voudrait-on me forcer la main ? dit-il en essayant de paraître dur.
    — C’est au cœur du roi que j’adresse ma requête, soupira la marquise en ouvrant le sien.
    Et Louis XIV se laissa encore séduire. Mais il prit encore son temps pour finir son examen.
    — Il nous manque sans doute des esprits comme le vôtre, finit-il par admettre.
    — Sire, il ne tient qu’à vous de les faire venir à la cour...
    — Plaidez-vous pour votre père ? se reprit-il.
    — Votre Majesté, Pierre de Montbellay ne m’a chargée d’aucune mission. Je viens librement à vous pour me ranger à vos côtés.
    — Eh bien ! N’en parlons plus, lança-t-il sèchement.
    Et il allait conclure. Sa tête partait à nouveau ailleurs. N’avait-il pas fait tout ce qu’il pouvait pour satisfaire sa favorite ? C’était fini, c’était trop tard, j’allais

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