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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
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Par tous les dieux les
plus néfastes en Égypte ! Comment veux-tu t’y prendre ?
    — Il y a mille moyens, se pressa de
répondre Mériptah.
    Ouser s’interposa.
    — Un seul suffit.
    — Lequel ? fit Antef.
    Ouser se courba, sinueux, indolent, mielleux.
Ses yeux étrécis par la ruse accrochèrent ceux d’Antef.
    — Je n’ai pas dit que j’avais trouvé
celui qu’il fallait utiliser.
    — Tu me sembles pourtant sûr de toi.
    Antef se retourna vers les autres. Croisant
sur son ventre creux, tant il était maigre, ses mains nervurées de veines
saillantes, il fit des yeux le tour de l’assemblée.
    — Même Nekmin n’a pas osé soumettre un
tel plan.
    — Il est trop occupé du sort d’Hapouseneb.
    Ouser se redressa comme s’il venait d’être mordu
par un serpent.
    — On peut supprimer la reine sans pour
cela toucher au Grand Prêtre.
    — Dis-tu cela parce que c’est un de tes
anciens amis ?
    Ouser ne répondit pas et laissa Nekmin poursuivre
tout en réfléchissant à l’argument de poids qu’il devait leur jeter.
    — Cet homme n’est pas sincère, fit-il en
le montrant du doigt. Il cherche à protéger un vieil ami d’enfance quand
celui-là même protège la pharaonne. Allons, vous savez bien que nous ne pourrons
rien faire sans éliminer le Grand Prêtre.
    — Vous ne toucherez pas à Hapouseneb,
jeta Ouser d’un ton bas.
    Apparemment, la réplique était déplacée car
Nekmin bondit aussitôt sur les deux hommes. Tel un fauve à l’affût de sa proie,
il agrippa l’épaule de son adversaire.
    — Alors, sortez de cette assemblée. Votre
place n’est pas ici. Nous n’avons rien à faire avec vous.
    — Ouser s’emporte, jeta Mériptah dans un
mauvais sourire qui montrait ses dents gâtées. Il faut lui expliquer autrement
les choses et il se ralliera à vous, tout comme moi. Ai-je dit que j’étais
contre l’élimination d’Hapouseneb ?
    — Toi, tu tuerais père et mère !
jeta Ouser en se dégageant brusquement du bras de son compagnon. Que fais-tu d’un
ami qui a partagé tes idées d’autrefois, tes désirs, tes souhaits, tes devoirs
d’étudiants ?
    — Sors ! cria Nekmin. Sors !
    — Si je sors, vous reviendrez vers moi.
Car, je suis le seul qui puisse faire abdiquer Hatchepsout.
    — As-tu des arguments ? s’enquit
Antef.
    — Plusieurs. Et tu le sais. Depuis qu’elle
a répudié Senenmout, la reine est fragile.
    — Tu ne nous apprends rien, Grand Ouser,
fit Antef moqueur. Si nous voulons agir dès à présent, c’est justement parce qu’elle
est seule.
    — Craindrais-tu le retour de Senenmout ?
    — Non, car je compte toucher Hatchepsout
là où son point faible porte : Senenmout !
    Antef esquissa un sourire entendu et, bien que
le ton de sa voix eût perdu de sa puissance ces dernières années, il jeta
suffisamment fort pour être compris de tous :
    — Si Ouser se retire de notre projet, je
me retire aussi.
    Ce fut le silence. D’un mot, Antef avait tout
rétabli. Attaquer Senenmout ! Voilà qui risquait fort de lui plaire. Cet
ambitieux personnage, arrogant et sûr de lui, sorti d’un bas milieu social et
dont la prétention avait été jusqu’à vouloir élever son propre sanctuaire aux
frais de l’État, devait rester désormais banni du palais.
    Senenmout ! Celui qui avait assis la
reine sur le trône du pharaon, à la place de son prince, Thoutmosis, qu’il
avait modelé, forgé, durci aux rudes exercices des sports et de la guerre.
    Certes, Antef savait que ses deux ennemis les plus
puissants d’Égypte devaient un jour disparaître. Nakht, l’astrologue le lui
avait toujours prédit. Aujourd’hui, Senenmout était tombé, demain, le tour d’Hapouseneb
viendrait.
    Pour ce faire, il devait jouer plus
prudemment, plus finement. Or, depuis le retour de l’ambassadeur des Pays du
Nord, il préparait un plan qui opposerait Ouser et Hapouseneb en un combat
mortel. La cible en était la belle et jeune danseuse du temple, Méryet au corps
divin et aux yeux de jaspe vert.
    — Comment penses-tu t’y prendre ?
fit Antef en revenant à son ami Ouser.
    — Je veux abattre la reine par des
constatations, des évidences…
    — Allons, fit Mériptah en plissant ses
petits yeux porcins, oublierais-tu quelques médisances, quelques calomnies qui,
mêlées çà et là, dans tes propos persuasifs feront très bon effet ?
    Un ricanement général accueillit ces mots et
les narines d’Ouser frétillèrent de joie.
    — Je

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