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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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passèrent une voûte couverte de lierre et entrèrent dans une cour avec des
restes de feux et des huttes de bois. Les Brabançons avaient levé le camp
précipitamment. Il restait encore une tente, des marmites, quelques épieux et le
produit de leur pillage : des nappes d’autel, des ciboires et des crucifix
d’argent.
    Ils découvrirent les cadavres dans le donjon.
Quatre femmes mortes depuis peu. Sans doute des paysannes que les Brabançons
avaient enlevées pour leur servir d’esclaves.
    Il fallut près de deux heures pour faire monter
chariots et charrettes par un chemin défoncé envahi de mauvaises herbes. Près
de la chapelle, dont il ne restait que les contreforts, Enguerrand découvrit le
cimetière abandonné où ils creusèrent des tombes pour Julienne, Henry et les
pauvres femmes assassinées. Les Brabançons morts avaient été jetés dans un
ravin où ils nourriraient les animaux sauvages.
    Le souper fut d’une grande tristesse, bien qu’ils
soient tous soulagés d’avoir surmonté cette nouvelle épreuve.
    Jusqu’à Limoges, ils traversèrent un pays ravagé
par les gens de Brandin. Plusieurs fois, ils aperçurent des troupes de
cavaliers, mais aucune ne s’approcha. Chaque soir, le tonnerre grondait sans
que l’orage n’éclate. La chaleur était de plus en plus lourde.
    Ils étaient tous fatigués, angoissés, s’attendant
à chaque instant à combattre de nouveau. La femme de Jehan le Flamand n’avait
plus de lait pour son enfançon et le nourrissait d’une bouillie de seigle et
d’orge qui le rendait malade. Heureusement, la femme d’Estienne allaitait aussi
son enfantelet et quand il était rassasié, elle laissait un de ses seins à
celui de Jehan.
    De nouveau, les tisserands étaient à pied, car les
chariots transportaient l’équipement des Brabançons. Ils restaient pourtant casqués
et cuirassés, portant fauchards et marteaux comme l’exigeait Guilhem, aussi
s’épuisaient-ils sous le soleil. Les plaies, nombreuses, s’infectaient, et le
gros Bertaut et sa femme les soignaient comme ils le pouvaient, utilisant
l’armoise et des plantes que Mathilde ramassait sur les bords du chemin.
    Seuls les deux grands garçons d’Aignan le libraire
étaient toujours joyeux. Ils couraient autour des chariots comme des chiens
fous en se défiant à la fronde, une arme avec laquelle ils étaient devenus extrêmement
adroits. Ils jouaient aussi avec les deux jeunes garçons de Noël. Quant à la
petite fille de Noël de Champeaux, elle suivait Sanceline partout comme si elle
était sa mère.
    Trois jours plus tard, ils arrivèrent en vue de la
ville et de la cité de Limoges, deux bourgs accolés, mais aux murailles
distinctes.
     

Chapitre 6
    À quelques distances de la barbacane surmontée de l’étendard aux trois lions
d’azur du vicomte de Limoges, ils rencontrèrent un colporteur avec un âne
portant deux gros paniers d’osier. C’était le premier qu’ils voyaient depuis
Poitiers. L’homme, d’abord effrayé, s’étonna d’apprendre d’où ils venaient. Il
croyait le pays aux mains des Brabançons.
    Plus loin, ils rejoignirent des pèlerins et des
groupes de vilains désespérés qui se réfugiaient dans la ville, ayant tout
perdu – sauf la vie – après que des routiers s’étaient attaqués à
leurs villages.
    Guilhem avait hâte d’arriver. De gros nuages
s’amoncelaient dans le ciel et régulièrement le tonnerre grondait. La chaleur
était suffocante. Quand l’orage éclaterait, des trombes d’eau noieraient les
chemins qui deviendraient impraticables.
    À la porte, les sergents interrogeaient les
voyageurs, mais les laissaient malgré tout entrer sans difficulté. Les ordres
du vicomte Adhémar étaient que tous les réfugiés puissent se mettre en sécurité
à l’intérieur des remparts. Les voyageurs montrèrent leur laissez-passer et on
leur indiqua une auberge à proximité, avec une grande cour pour leurs chariots.
Personne ne fouilla les voitures, ce qui soulagea Guilhem, car sous les matelas
étaient cachés les armes, les écus, les pavois et les arbalètes des Brabançons
vaincus.
    Comme la plupart des maisons de la ville,
l’auberge était neuve et confortable, car Limoges avait brûlé quelques années
plus tôt. Ils obtinrent plusieurs chambres et apprécièrent d’être à l’abri, car
à peine avaient-ils rangé chariots et charrettes dans une grange que l’orage
éclata.
    Le lendemain, la pluie se poursuivit avec une
grande

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