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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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a bien longtemps. Mais je n’arrivais pas à m’en persuader. Mon père était célèbre pour collectionner les couteaux. Quand il habitait avec nous, il exigeait qu’on en mette un chaque jour dans le panier contenant son déjeuner, et très souvent il ne le rapportait pas. Il se plaisait à se donner de l’importance au sein de la tribu Didius par un certain nombre d’habitudes irritantes – dont celle-ci. Habitudes qui provoquaient sans cesse ces disputes qui ajoutent du piment à la vie familiale. Quelquefois, il lui fallait un couteau pointu pour sonder un meuble suspecté d’être vermoulu. En d’autres occasions, il avait besoin de trancher les cordes qui entouraient une nouvelle cargaison juste livrée. Il aimait aussi acheter une pomme au hasard de ses déplacements, puis la peler, la couper et la manger en marchant. Un jour, nous, ses enfants, lui avions offert un couteau à fruits comme cadeau de saturnales. Eh bien il l’avait accroché au mur de son bureau, pour continuer à exaspérer ma mère en lui volant les siens.
    Si j’en jugeais par son attitude d’aujourd’hui, il n’avait pas perdu cette sale manie. Il devait sans nul doute énerver aussi la rouquine avec ce petit jeu, et il le faisait très certainement à dessein. Qui sait si le jour de l’assassinat de Censorinus, le couteau du jour n’était pas ce vieil instrument tordu de ma mère ?
    Donc, mon père avait pu tuer le soldat. Si tel était le cas, il fallait tout de même essayer de comprendre pourquoi. Ma première hypothèse se résumait à un seul nom :
    Festus. À tort ou à raison, Geminus avait cherché à protéger la mémoire de son précieux fils.
     
    J’étais toujours planté sur le balcon, complètement perdu dans mes pensées maussades, quand un autre visiteur se présenta. Le bruit de pas se fit entendre très peu de temps après le départ de Geminus qui m’occupait si fort l’esprit. La première idée qui me vint tout naturellement, ce fut qu’il revenait chercher une cape ou un chapeau oublié.
    Cependant, les pieds qui se dirigeaient vers notre porte, s’ils étaient également vieux, paraissaient plus fragiles que ceux de mon robuste père. J’en étais venu à cette conclusion, avec le plus grand soulagement, quand le nouveau venu entra en chancelant. Je m’attendais si peu à sa visite qu’il me fallut un certain temps avant de reconnaître sa voix fiévreuse qui demandait à me voir. En quittant mon refuge, je vis Helena, pleine de sollicitude pour le vieil homme, marquer un temps d’arrêt en voyant mon air soucieux. La lampe, dont j’avais eu l’intention de raccourcir la mèche, produisait une grande flamme et beaucoup de fumée ; je m’empressai de l’éteindre.
    — Oh, c’est Apollonius, Helena Justina ! L’homme dont je t’ai parlé l’autre jour. Mon ancien professeur. Tu m’as l’air en plein désarroi. Que se passe-t-il ?
    — Je n’en suis pas sûr, haleta-t-il.
    C’était un mauvais jour pour les vieillards, Cour de la Fontaine. D’abord, mon père était arrivé en toussant, avec un teint cadavérique, et les six étages avaient failli être fatals à Apollonius.
    — Peux-tu venir avec moi, Marcus Didius ?
    — Essaye de reprendre ton souffle. Où veux-tu que j’aille ?
    — Chez Flora. Il s’est passé quelque chose de grave à la caupona, j’en suis sûr. J’ai envoyé un message à Petronius Longus, mais il n’est pas venu, alors j’ai pensé que tu saurais quoi faire. Tu as l’habitude des crises.
    Oh, pour avoir l’habitude des crises, j’avais l’habitude des crises !
    Helena était déjà allée chercher ma cape dans la chambre. Elle me la tendait, immobile, scrutant mon visage mais gardant ses questions pour elle.
    — Calme-toi, mon vieil ami. (Je me sentais toujours plein de compassion envers les gens en proie à des problèmes.) Dis-moi ce qui te trouble à ce point.
    — Les volets ont été mis tout de suite après le déjeuner.
    La caupona de Flora ne fermait jamais l’après-midi.
    S’il y avait la moindre chance de soutirer une petite pièce de cuivre à un malheureux pour lui servir une feuille de vigne farcie tiédasse, il n’était pas question de la laisser passer. En fait, Flora ne fermait jamais.
    — Il n’y a pas le moindre signe de vie. Le chat gratte à la porte avec des miaulements effrayants. Plein de gens ont cogné aux volets et sont repartis. (Apollonius lui-même ne devait avoir aucun autre endroit où

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