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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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trop tard. Son corps était déjà froid. Nous le transportâmes dans l’obscurité jusqu’à un comptoir où nous l’étendîmes. J’allai ensuite prendre la mince couverture sur son lit pour le recouvrir. Quand ce fut fait, Petronius déverrouilla un volet et le fit partiellement coulisser. Puis il appela les autres.
    — Tu avais raison, Apollonius. Le serveur s’est suicidé. Tu peux entrer sans crainte, il n’y a pas de sang.
    Le vieux professeur pénétra dans la caupona sans se départir de son calme. Il regarda cependant le corps dessiné par la couverture avec beaucoup de compassion.
    — Je le voyais venir. C’était une question de temps.
    — Il faut que je te parle, déclara Petronius, mais d’abord, on a tous besoin de vider un gobelet.
    Nous regardâmes autour de nous en quête d’une jarre de vin, pour finir par y renoncer. Il nous parut soudain peu convenable de piller la caupona dans des circonstances aussi pitoyables. Nous allâmes tous au Valérien où Petronius demanda aux autres clients d’aller voir ailleurs. Ils ne trouvèrent rien de mieux à faire que de s’agglutiner devant chez Flora. La rumeur se propagea rapidement, la foule ne cessa de croître. Mais comme nous avions pris soin de refermer, il n’y avait rien à voir. Petronius, qui au fond était un tendre, avait amené le minou désorienté avec lui.
     
    Au Valérien, l’atmosphère était tranquille et le vin de bonne qualité. Le serveur accepta de donner à manger au chat. Heureusement pour lui, car je connaissais suffisamment Petro pour savoir qu’il cherchait un prétexte pour se défouler sur le premier venu. Les morts qui n’avaient pas des causes naturelles lui faisaient toujours cet effet-là.
    — Que peux-tu m’apprendre sur cette tragédie, demanda-t-il au professeur d’un ton las.
    Il s’était remis à caresser le chat et avait toujours l’air de vouloir chercher des ennuis à quelqu’un. Apollonius devint tout pâle.
    — Comme j’étais toujours devant la caupona, je le connaissais assez bien. Il s’appelait Epimandos, et ça fait cinq ou six ans qu’il travaillait comme serveur chez Flora. (Il se tourna vers moi.) C’est ton frère qui lui avait trouvé ce travail.
    — J’étais absolument pas au courant, dis-je avec un haussement d’épaules.
    — L’affaire avait été entourée de beaucoup de mystère.
    — Pourquoi tout ce mystère ? Tu peux parler, maintenant. C’était un esclave en fuite ?
    — Oui, je crois que c’était un ancien esclave, admit mon vieux professeur de géométrie.
    — Et il venait d’où ?
    — D’Égypte, je pense.
    — D’Égypte ?
    Apollonius laissa échapper un énorme soupir.
    — Il m’avait dit ça sous le sceau du secret. Mais évidemment, maintenant qu’il est mort…
    — Dis-moi tout ce que tu sais ! ordonna Petro sans aucun ménagement. C’est un ordre. Il ne faudrait tout de même pas oublier que cette enquête concerne un meurtre.
    — Un meurtre ! Je croyais qu’Epimandos s’était suicidé ?
    — Je ne parle pas du serveur.
    Les manières brusques du capitaine perturbèrent Apollonius au point de le rendre muet. Ce fut Helena qui parvint à le rassurer en lui demandant gentiment :
    — S’il te plaît, raconte-nous comment un esclave venu d’Égypte a fini serveur dans une caupona de Rome.
    Pour une fois, mon affreux professeur parvint à se montrer concis.
    — Il est tombé sur un très mauvais maître. Un homme renommé pour sa cruauté. Quand il s’est sauvé, c’est Didius Festus qui l’a trouvé. Et il l’a aidé à venir en Italie et à trouver du travail. Voilà pourquoi, Marcus, Epimandos plaçait les membres de ta famille au-dessus des autres.
    — Et sais-tu pourquoi il s’est tué aujourd’hui, demandai-je.
    — Je crois que oui, répondit-il. Son maître cruel était l’officier médical de la légion où servait ton frère.
    — Alors tout ça date de l’époque où Festus et la Quinzième Légion étaient stationnés à Alexandrie ?
    — Oui. Comme Epimandos travaillait à l’infirmerie, tout le monde le connaissait. Il avait toujours peur qu’un jour, un client de passage se souvienne de lui. Et récemment, il a cru que quelqu’un l’avait reconnu. Il me l’a dit un soir. Il était tellement catastrophé qu’il s’est presque soûlé à mort.
    — D’après toi, c’était Censorinus ?
    — Ça, il ne me l’a pas précisé, assura Apollonius en pesant ses

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