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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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« Mazda ».
    Ballista et les autres changèrent de position et respirèrent profondément, attendant que la patrouille s’éloignât vers la plaine.
    Le calme relatif de la nuit s’installa à nouveau. Une chouette hulula, une autre lui répondit. Puis, dans le silence qui suivit, on l’entendit à nouveau : le tintement d’une pioche sur la pierre.
    — Tu as raison, Haddudad, ils sont bien entrain de creuser un tunnel.
    Ballista écouta à nouveau jusqu’au moment où, derrière lui, quelque part en ville, une porte s’ouvrit et un éclat de rire ponctué de voix fortes retentit, couvrant tous les autres sons.
    — Il nous faut envoyer un groupe en reconnaissance pour découvrir où le tunnel commence exactement ; on pourra alors estimer le chemin qu’il va prendre.
    — Je suis prêt à y aller. Je peux choisir les hommes demain matin et partir au soir, répondit Haddudad qui chuchotait toujours.
    — Merci, mais non.
    Ballista était sur le point de faire venir Antigonus puis, il se souvint. Il réfléchit quelques instants.
    — Nous ne pouvons pas attendre demain soir. Si nous organisions une escouade de reconnaissance, le traître pourrait en être informé et prévenir l’ennemi ; nos hommes tomberaient alors dans un piège. Non, il faut que cela soit ce soir, maintenant. J’irai avec Maximus.
    Il y eut un silence stupéfait, puis plusieurs voix s’élevèrent en même temps. Calmement mais avec détermination, Demetrius, Haddudad et ses deux sentinelles expliquèrent chacun à leur manière que c’était de la folie. Maximus ne disait rien.
    — J’ai pris ma décision. Que personne ne parle de tout cela. Haddudad, tu resteras ici avec tes hommes. Demetrius, va me chercher des cendres ou du liège brûlé et retrouve-nous à la poterne.
    Haddudad et ses hommes le saluèrent. Demetrius hésita un instant avant de descendre les marches.
    Lorsque Demetrius arriva à la poterne avec le camouflage qu’il était allé chercher dans la maison réquisitionnée servant de quartier général, Ballista avait déjà informé de son plan Coeccius, le décurion, commandant la turme de Cohors XX qui était basée là. Ballista et Maximus allaient sortir par cette porte. Il faudrait la laisser ouverte jusqu’à l’aube, puis la refermer. On ne devait pas la rouvrir, à moins que le Dux Ripæ et son garde du corps s’y présentassent de jour et que la sentinelle fût sûre qu’ils étaient seuls. Dans l’éventualité où ils ne reviendraient pas, Acilius Glabrio devait prendre le commandement des défenses d’Arété. Ballista avait laissé de brèves instructions écrites à cet effet.
    — C’est un peu comme demander au loup de garder la bergerie, puisque tu penses qu’Acilius pourrait bien être le traître, lui avait dit Maximus en celte.
    — Si nous ne revenons pas, cela sera le cadet de nos soucis, avait répondu Ballista dans la même langue.
    Ballista se prépara. Il retira son casque, sa cotte de maille et les deux décorations sur son baudrier – la couronne murale et l’oiseau d’or que sa mère lui avait donnés en cadeau d’adieu. Il couvrit ses longs cheveux blonds avec un foulard sombre. Comme il portait toujours des vêtements noirs, il n’eut qu’à noircir son visage et ses avant-bras avec du liège brûlé. Maximus mit un peu plus longtemps. Il tendit à Demetrius les nombreux ornements qui pendaient à sa ceinture, lui adressant un geste de menace indiquant ce qu’il lui ferait s’il venait à les perdre. Sa tunique étant blanche, il la retira et se fit aider pour noircir son torse musculeux et couvert de cicatrices. Sans plus attendre, ils sortirent par la porte.
    Les deux hommes se tinrent un instant immobiles au-dehors, laissant leurs yeux s’accoutumer à la faible lumière des étoiles et du croissant de lune. Ballista donna une bourrade amicale à Maximus qui la lui rendit, ses dents blanches luisant dans la pénombre. Un sentier, plus clair que les rochers tout autour, serpentait au fond du ravin.
    Sans un mot, ils se mirent en route ; Ballista en tête, Maximus sur ses talons. Ils se connaissaient depuis longtemps et n’avaient pas besoin de parler. Maximus savait que Ballista, comme c’était la coutume dans les tribus germaniques, avait été envoyé au début de son adolescence chez son oncle maternel pour y apprendre à combattre. Son oncle avait été un chef de guerre réputé de la tribu des Harii. Depuis que Tacite avait écrit son traité

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