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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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vite ces pensées de son esprit, cherchant à prolonger l’apaisement momentané que lui avait procuré le bain. Il pensa à son fils. Cela faisait plus d’un an – treize mois – qu’il avait laissé Isangrim à Rome. Le garçon avait eu quatre ans en mars. Il devait grandir vite, changer vite. « Père-de-Tout, faites qu’il ne m’oublie pas. Encapuchonné, Exauceur de vœux, laisse-moi le revoir. » Ballista se sentit submergé par la nostalgie et la tristesse ; ne voulant pas se laisser aller à pleurer, il se plongea à nouveau sous l’eau.
    Il se leva d’un seul coup, l’eau ruisselant de son corps musclé couvert de vieilles plaies et bosses, sortit du bassin et essora ses longs cheveux blonds. Calgacus apparut soudain et lui tendit une serviette. Il commença à se sécher. Il n’avait jamais vraiment pu s’habituer à l’habitude romaine de se faire essuyer par quelqu’un.
    — Tu as aimé le parfum  ? demanda Calgacus.
    La façon dont il prononça le mot montrait bien ce qu’il pensait des soins du corps.
    — C’est agréable.
    — C’était un cadeau. De la part de ton mignon petit tribunus laticlavius. Comme je sais que vous vous appréciez beaucoup, Acilius Glabrio et toi, je l’ai fait essayer par un des esclaves de la maison. Il n’en est pas mort, alors tu ne risques rien.
    Les deux hommes sourirent.
    — Et voici la robe que tu as demandée, tissée dans le plus fin coton de l’Inde – petite fleur délicate, va, le persifla Calgacus.
    — Oui, je suis connu pour ma délicatesse.
    — Comment ?
    — Rien.
    Bien que le volume de sa voix restât identique, Calgacus, lorsqu’il se trouvait seul avec Ballista, affectait toujours de croire que le simple changement de ton de ses apartés les rendait inaudibles.
    — J’ai mis à boire et à manger pour toi sur la terrasse, à l’ombre du portique. Il y a un couvercle dessus, contre les mouches.
    — Merci.
    — Tu auras encore besoin de moi ce soir ?
    — Non. Tu peux vaquer à tes occupations d’ivrogne lubrique et satisfaire tes vices inavouables.
    Sans le remercier, Calgacus lui tourna le dos et s’en alla. Son crâne oblong s’éloigna en même temps que ses récriminations. « Occupations… vices… Je t’en ficherai moi… Je m’échine au travail à toute heure du jour et de la nuit pour toi, comment est-ce que je trouverais le temps de faire autre chose ? »
    Ballista enfila la longue robe soyeuse et sortit sur la terrasse. Dans la pénombre qui s’épaississait autour du portique, il trouva son repas posé contre le mur du fond. Il souleva l’épais couvercle en argent, se servit à boire et ramassa une poignée d’amandes. Après avoir reposé le couvercle, il alla s’asseoir à sa place habituelle sur le muret de la terrasse.
    C’était le meilleur moment de la journée. À l’ouest, le bocage mésopotamien se teintait de violet au fur et à mesure que la nuit tombait. Une brise rafraîchissante soufflait sur l’Euphrate. Les premières étoiles apparaissaient. Les pipistrelles chassaient les insectes le long de la paroi rocheuse. Mais rien de tout cela ne ramenait la paix fugace qu’il avait éprouvée dans les thermes.
    Les choses s’étaient bien passées aujourd’hui. Mais la chance y était pour beaucoup. Ballista avait fait construire les deux talus pour protéger la muraille et les tours contre l’artillerie et les béliers ; qu’ils les eussent aussi préservé de la sape n’était qu’un coup de chance. Pourtant, Ballista en eut un petit sourire, si l’on mettait cela au compte de sa prévoyance, le moral des troupes ne pourrait que s’en trouver renforcé. Il avait donné des ordres afin de tirer parti de ce succès inespéré. Toute la nuit, des hommes travailleraient à consolider la base de la tour penchée. Au matin, les parapets de la tour et de la muraille auraient été remplacés ou étayés.
    Les Perses avaient déployé contre la ville d’Arété tout l’arsenal de la guerre de siège : tours, rampe, le grand bélier – la gloire de Shapur –, les mines. En vain. Les défenses avaient tenu. C’était maintenant le 1 er octobre. Les pluies commenceraient à la mi-novembre. Ils n’avaient plus le temps désormais de rassembler les matériaux pour entreprendre de nouveaux travaux de siège. Cependant, seuls des défenseurs naïfs pouvaient croire que le danger était passé. Le roi des rois ne s’avouerait pas vaincu. Les frustrations, les pertes, sa

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