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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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d’infanterie et de cavalerie, effectif actuel cent quatre-vingts cavaliers, six cent quarante fantassins. La répétition aidait à mémoriser les détails. C’était une portion de remparts d’environ trois cents pas, sans aucune tour. Silencieusement, il se répéta : « Environ trois cents pas et pas de tour. » Il descendit l’escalier du chemin de ronde avant que la sentinelle eût le temps de le héler ou de le questionner.
    Le dîner de la veille au soir avait été dangereux. Cet odieux tribun Acilius Glabrio avait eu raison. Oui, il était espion. Oui, il s’emploierait à leur faire le plus de mal possible. Il apprendrait tout au sein de la. familia du Dux Ripæ , percerait leurs secrets, découvrirait leurs faiblesses. Puis, il s’échapperait pour rejoindre la conquérante armée sassanide qui avançait. Shapur, le Roi des Rois, le roi des Aryens et des non-Aryens, le bien-aimé de Mazda, l’extrairait de la poussière, embrasserait ses yeux, lui souhaiterait la bienvenue. Le passé serait effacé. Il serait libre de recommencer sa vie d’homme.
    Non pas qu’il eût été en aucune manière maltraité par Ballista ou un membre de sa familia. À l’exception du jeune Grec, Demetrius, ils l’avaient accueilli à bras ouverts, pour ainsi dire. Mais ils étaient l’ennemi. Ici, à Arété, le Dux Ripæ était le chef des impies. Les impies niaient l’existence de Mazda, s’opposaient aux feux de bahram. Ils infligeaient le mal aux vertueux, ils célébraient les démons, les invoquaient par leurs noms. Mensongers dans leurs paroles, impies dans leurs actions, ils étaient justement margazan, maudits.
    Il approchait maintenant des greniers militaires. Tous les huit étaient identiques. Les aires de chargement à un bout, les portes à l’autre, toutes sous bonne garde. Ils comportaient des lucarnes d’aération sur les côtés, mais elles étaient placées haut sous l’auvent du toit, trop haut pour que l’on puisse y accéder. Il y avait cependant des panneaux de ventilation à environ deux pieds du sol – un homme de petite stature pourrait s’y glisser ; tout homme pourrait y verser un liquide inflammable. Les greniers étaient en brique, leurs toits en pierre mais les planchers, les parois et les poutres à l’intérieur seraient en bois, et les vivres, particulièrement l’huile et le grain, brûlaient bien. Un engin incendiaire ne pourrait que brûler deux greniers dans le meilleur des cas, et seulement si le vent soufflait dans la bonne direction ou si le feu était assez nourri pour franchir l’étroit passage entre la cible et le grenier voisin. Mais des attaques simultanées causeraient plus de confusion et de dégâts.
    Bagoas n’avait pu découvrir quelle quantité de vivres était entreposée dans les greniers. Il espérait pouvoir s’en faire une idée maintenant en regardant par les portes.
    En s’avançant entre les deux premières paires de greniers, il vit que toutes les portes à sa gauche étaient fermées, mais que les deux premières à sa droite étaient ouvertes. Il essaya de regarder à l’intérieur en passant. Deux légionnaires montaient la garde à la porte, quatre autres, de repos, étaient assis en bas des marches. Ils le dévisageaient. Il détourna les yeux à la hâte.
    — Hé ! La petite tapette ! Viens par ici. On a deux ou trois choses à te montrer.
    Le jeune Perse s’efforçait de marcher normalement, comme si de rien n’était. Les commentaires cessèrent. Du coin de l’œil, il vit l’un des légionnaires parler aux autres à voix basse. Il pointait son doigt vers lui. Tous le fixaient des yeux maintenant, et ils lui emboîtèrent le pas.
    Il ne voulait pas courir, mais ne tenait pas non plus à flâner. Il se surprit à presser le pas. Il sentait qu’ils en faisaient autant derrière lui.
    Peut-être allaient-ils dans la même direction ; peut-être ne le suivaient-ils pas après tout. S’il tournait dans l’une des allées séparant les paires de greniers, ils passeraient leur chemin. Il emprunta l’allée de gauche. Un moment après, ils firent de même. Il se mit à courir.
    Ses sandales dérapant dans la poussière, heurtant des déchets qui traînaient par terre, Bagoas prit les jambes à son cou. Derrière lui, il entendait un bruit de course. S’il prenait à droite au bout de l’allée, devant les aires de chargements, il ne lui resterait plus qu’un dernier coin à tourner avant d’être en vue de la porte nord

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