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L'ultime prophétie

L'ultime prophétie

Titel: L'ultime prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rachel Lee
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quiconque, mon seigneur, dit-il.
    —   J'ai eu à ma disposition de longues années pour l'apprendre.
Toi, non. Reste ici le temps de ton deuil. Je ne puis te le refuser et ne
m'attends pas à moins de la part d'un homme dont j'ai vu le lien fort avec son
frère. Mais ensuite, tu devras revenir parmi nous. Les jours d'accalmie nous
sont désormais comptés. Bozandar a déjà dû envoyer des soldats à la recherche
de l'armée de Tuzza. Tuzza enverra des éclaireurs afin de savoir combien de
temps il nous reste. Peu, je crois.
    Ratha acquiesça tout en reposant la pierre avec douceur.
Elle brillait toujours, comme ramenée à la vie par son contact. Il la caressa
du bout des doigts, puis leva la tête vers Archer.
    —   Je reviendrai, dit-il. Bientôt.
     —  C'est tout ce que je puis te demander.
    —   Restez avec moi, maître Archer. Comme vous l'avez dit,
vous partagiez ce lien avec Giri. Les Anari ne partagent le deuil qu'avec leur
famille et je n'en ai aucune, à part vous.
    —   Je voudrais pouvoir rester, mon frère. Mais l'Ennemi ne
me donne pas le temps de pleurer les morts. Il reste tant à faire — et que je
suis seul à pouvoir faire.
    —   Je comprends...
    —   Mais je ne suis pas ta seule famille. Ta cousine, Cilla,
pleure également Giri et souffre pour toi. Je ne lui ai pas posé la question
mais je suis certain qu'elle serait honorée et rassurée si elle pouvait
partager ton deuil.
    —   Elle a d'autres desseins. Des desseins qui concernent
mon cœur.
    —   Oui-da. Je ne te dirai pas le contraire. Mais j'ai
d'autres desseins également : utiliser ton esprit et ton habileté à commander.
Et pourtant, tu es prêt à partager ce deuil avec moi et non avec elle. Ses
desseins t'effrayeraient-ils davantage ?
    Ratha sourit.
    —   Oui, Maître Archer. La bataille que vous me demandez
m'est familière. Celle qu'elle exige de moi...
    —   Je ne puis nier la vérité de ces propos, mon frère, dit
Archer en souriant à son tour. Le risque est plus grand : il ne s'agit pas seulement
de perdre la vie. Peut-être est-il préférable d'attendre que tu sois guéri
avant de l'affronter.
    —   Je vous rejoindrai vite, mon seigneur. Dites à Cilla que
je ne puis revenir que lorsque je serai entier. Elle comprendra.
    —   C'est entendu, mon frère, je le lui dirai.
    Archer se leva et descendit prudemment vers sa monture. Il
n'avait pas eu le courage de dire à Ratha que le chagrin ne disparaissait
jamais, qu'il ne faisait que s'estomper.
    Il se sentit soudain accablé par le poids de ses propres
responsabilités. Puis il se redressa, refusant de se laisser aller. Le désespoir
était un luxe qu'aucun d'entre eux ne pouvait se permettre.
     
    Les trois Ilduins marchaient lentement, en cercle, autour de
la chambre centrale du temple. La pièce abritait les statues de douze femmes,
probablement les premières Ilduins ; les Ilduins actuelles les regardaient
attentivement, comme si elles pouvaient leur dire d'une façon ou d'une autre où
se trouvaient leurs sœurs manquantes.
    Tess avait évité cette salle depuis que, lors de leur
première visite, ses sœurs et elle avaient découvert l'horreur de la destruction
de Dederand par les premières Ilduins. Elles s'étaient plutôt concentrées sur
l'antichambre, là où se trouvaient les statues des divinités. Sara avait émis
l'hypothèse qu'Elanor leur avait révélé tout ce qu'elle voulait leur dévoiler
et elle avait proposé de passer à cette pièce. Le temple d'Anahar était un être
vivant de pierre et cette salle était son cœur.
    —   Certaines de nos sœurs doivent être parmi les Bozandari,
dit Sara avec une pointe de dégoût.
    Les Bozandari n' étaient guère aimés par les temps qui
couraient.
    —   Evidemment, répondit Tess. Mais pour le moment, nous ne
pouvons pas les atteindre. Il nous est impossible d’aller à Bozandar.
    —   Vous deux pourriez vous y rendre, dit Cilla. Vous
passeriez inaperçues à Bozandar.
    —   Sans doute, répliqua Tess. Mais que ferions-nous ? Du
porte-à-porte, en demandant si une Ilduin vit là ? Je ne crois pas.
    Elle tendit la main et effleura la pierre froide et colorée
du mur du temple.
    —   Si seulement Anahar pouvait chanter pour elles aussi,
les appelant à elle comme elle a appelé les Anari...
    Elle se tut. Une idée venait de lui venir à l'esprit.
    —   Les pierres ! s'écrièrent Cilla et Sara en chœur.
    —   Oui ! répondit Tess en sortant en hâte le

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