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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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décida de ne pas ramasser de bois car elle était trop fatiguée pour faire du feu. Elle avait passé la journée à se battre contre la mer, s'effor-çant de garder le cap vers l'ouest, en direction de l'île de son grand-père, mais les vents contraires soufflaient. Finalement, elle avait dû tourner vers le nord et suivre la ligne de la côte jusqu'à ce qu'elle ait trouvé une baie pour accoster et attendre que les vents tournent et lui permettent de reprendre la route vers l'ouest.
    La baie était vaste et peu profonde, bien abritée entre de hautes falaises. C'était une plage argileuse, un bon endroit pour accoster et pour y dresser un camp. L'argile permettait d'y dormir et on pouvait y marcher plus facilement que sur des galets. Une grande mare s'étendait au centre de la plage et un ruisseau cascadait de la colline, apportant de l'eau fraîche.
    « C'est un endroit où il doit faire bon vivre », pensa Chagak. Elle comprenait pourquoi le vieil homme l'avait choisi, mais elle s'inquiétait qu'il n'y eût pas de village. Il arrivait parfois que des esprits vivent seuls et prétendent être des hommes. Ce vieil homme... qui pouvait savoir ce qu'il était et pourquoi il vivait là ?
    En utilisant ses pierres à feu, Chagak alluma une lampe à huile. Cela donnerait un peu de chaleur. Peut-être assez pour cette nuit.
    Elle détacha son frère et l'enveloppa vivement dans des peaux de phoque en le sortant de la chaleur de son suk.
    Au cours des deux derniers jours il avait été tranquille, dormant souvent, pleurant moins. Quand elle le posa, il ne s'éveilla même pas. Une brève inquiétude effleura l'esprit de Chagak, mais elle se hâta de pétrir une petite boulette de viande sèche et d'eau.
    Puis elle plongea ses doigts dans la bouche du bébé. Il n'ouvrit pas les yeux mais se mit à sucer et Chagak lui fit absorber tout ce qu'elle avait préparé. Après quoi, elle replaça l'enfant sous son suk, s'allongea sous l'ik et attendit le retour du vieil homme. Elle avait laissé dehors le sac de viande séchée, seul plat qu'elle avait à offrir, et elle espérait que le vieillard mangerait peu.
    La longue soirée était pratiquement écoulée quand le vieil homme revint sur la plage. Il tenait un sac en peau suspendu à chacun de ses bras. Il portait également une fine plaque d'ardoise avec un morceau de flétan fumant posé dessus. Chagak était si fatiguée qu'elle souhaitait seulement dormir, mais elle sourit à son hôte et le remercia. Elle se leva pour prendre le poisson et attendit pendant qu'il s'asseyait sur le sable.
    Il détacha les paniers de ses bras et les ouvrit, l'un était rempli de baies, l'autre contenait des racines cuites, meilleures lorsqu'elles étaient servies avec de la viande et de la graisse, mais délicieuses aussi avec du poisson.
    Le vieil homme coupa un morceau de flétan et le lui tendit. Un plat chaud était agréable après une journée passée dans le froid de la mer. L'homme l'observait et, sous son regard, Chagak se sentit mal à l'aise.
    — Il faut manger, toi aussi, dit-elle en lui montrant la viande séchée.
    Il acquiesça et fourragea dans le sac. Il tira un petit morceau de viande et le porta à sa bouche.
    — Ta femme fait de la bonne cuisine, dit finalement Chagak.
    L'homme secoua la tête, avala une bouchée et répondit :
    — Je vis seul. Ma femme est morte depuis bien longtemps.
    Chagak attendit, pensant qu'il en dirait davantage, mais il ne le fit pas. Elle l'évalua. Il n'était pas petit bien qu'il fût si voûté qu'il n'était pas plus grand que Chagak. Ses cheveux épais et blancs tombaient sur ses épaules. Son parka était fait de peaux de macareux et il portait les plumes à l'intérieur, mais dans les coutures entre les peaux, elle vit que des points étaient inégaux avec des plumes parfois prises dans les coutures, ce que même une vieille femme n'aurait pas fait. Il avait les longues mains d'un chasseur, mais ses jointures étaient enflées et ses doigts déformés.
    Il mangeait lentement en souriant et en hochant la tête, mais il ne parla pas avant d'avoir terminé le repas.
    — Tu peux venir dormir dans mon ulaq cette nuit. Il y fait plus chaud et s'il y a de l'orage, toi et l'enfant y serez en sécurité.
    A la mention de l'orage, Chagak se leva et regarda le ciel. Tout semblait normal. Le ciel était d'un gris égal. La mer ne montrait pas de crêtes blanches annonciatrices de vents. Elle hésitait à accepter l'abri de l'ulaq. Elle ne

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