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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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à sa santé et très tourmentée même « des affres de la mort ».
    Il est vrai que la disparition de sa soeur, la dame de Fontevrault, l’avait fortement impressionnée. « Elle pensait incessamment à la mort et en avait des frayeurs si terribles qu’elle gageait des femmes qui n’avaient d’autre emploi que la veiller toutes les nuits. Elle dormait ses rideaux ouverts, avec force bougies toujours allumées et, toutes les fois qu’elle se réveillait, elle voulait trouver les veilleuses, ou parlant ou jouant, ou mangeant, de peur qu’elles ne s’endormissent. »
    C’était immanquable ! Ces quelques lignes, qui sont signées de l’inévitable Saint-Simon, ont été exploitées à l’excès par les détracteurs de Mme de Montespan. À l’occasion de mon enquête menée autour des faits et gestes de la marquise, je suis tombé en arrêt, un jour, sur une page écrite par un auteur dont je tairai le nom. Tant elle est ridicule. On lit Saint-Simon, on l’exploite, on l’emphase, on l’ampoule... et voici le résultat : «On la dirait vraiment livrée aux Erinnyes, poursuivie par un fourmillement de spectres. Sept ou huit personnes de compagnie ont pour fonction de ne pas la quitter, de ne l’abandonner à elle-même, ni le jour, ni la nuit. Si elle essaie de coucher dans une alcôve, l’ombre s’anime, le silence lui parle. Quelles faces effrayantes se penchent alors vers elle dans l’obscurité ? La figure immonde et asymétrique de Guibourg, le museau de Lesage, le masque sibyllin de Catherine Deshayes ou celui de la Trianon ? Quels vagissements suprêmes la réveillent en sursaut ? Quelles griffes s’étendent vers elle, accrochent ses draps, lui donnent la sensation insupportable et terrifiante d’une présence diabolique, la hantise du Très-Bas, auquel la lie toujours son pacte d’autrefois ? – Des flambeaux ! des flambeaux ! le cri affolé du meurtrier shakespearien se retrouve sur ses lèvres. On écarte les rideaux ; on ne les refermera plus. Des candélabres chargés de bougies inondent la chambre de lumière. Les dames d’honneur se relaient auprès de la couche de l’ancienne favorite. Elles ont pour tâche de la garder contre l’invisible, de la préserver de la solitude et de l’obscurité. Plus de repos pour elles ! À toute heure de la nuit elles doivent être dans la chambre de Mme de Montespan. Si la marquise finit par s’endormir il faut qu’en se réveillant elle trouve toutes ses compagnes actives dans la pièce illuminée. Ceci n’est pas la fin d’une pénitente qui s’abîme en la miséricorde de Dieu, c’est l’agonie d’une criminelle qu’étrangle la peur de l’enfer... » Ridicule, n’est-il pas ? Ridicule aussi cet autre auteur qui affirme (sans doute y était-il ?) que, « s’il tonnait, Mme de Montespan faisait placer sur son sein une jeune fille pour que l’innocence de cet enfant la préservât des traits vengeurs de la mort ».
    Athénaïs craint la mort, Athénaïs vieillit. À la cour, la princesse Palatine n’a pas manqué de mettre l’accent sur ce vieillissement : « Son visage est recouvert de petites rides si rapprochées les unes des autres que c’en est étonnant ; ses beaux cheveux sont blancs comme neige et toute la figure est rouge ! »
    Faux, s’insurge Saint-Simon. « Elle fut belle comme le jour jusqu’au dernier moment sans être malade, mais elle croyait toujours l’être et aller mourir. »
    Au début de l’année 1707, un malaise l’inquiéta plus gravement encore. Plus que jamais elle eut le pressentiment de sa fin prochaine, aussi elle doubla ses aumônes, paya toutes ses pensions avec deux ans d’avance, mit au clair toutes ses affaires.
    Au printemps de cette année-là, Vauban mourut : le 30 mars. Il avait, quelques jours plus tôt, publié un Projet de dîme royale, un livre dans lequel il suggérait au Roi et à ses comptables de supprimer la taille, les aides, les douanes provinciales, les décimes du clergé..., etc., et de remplacer toutes ces impositions onéreuses par « un impôt proportionnel aux forces de chacun ». L’inconvénient majeur de cette idée de taxe au prorata, c’est qu’elle n’épargnait personne. Comment ? Plus de privilégiés, déjà, en 1707 ? Impensable. Tant et si mal que son idée (prématurée) fut rejetée et son livre mis au pilon. Vauban n’avait trouvé personne pour le fortifier, pour partager son point de vue égalitaire... alors il

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