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Marc-Aurèle

Marc-Aurèle

Titel: Marc-Aurèle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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travailler le samedi afin de pouvoir consacrer ce jour à la gloire de leur Dieu. On les insultait, les traitait de mendiants, de pourceaux. « Pour quelque menue monnaie, les Juifs vous vendent toutes les chimères du monde », avait écrit Juvénal.
    Ils étaient des « circoncis », et ce rite était propice aux plaisanteries les plus salaces. « Qu’ils paient pour ce bout de peau qu’on leur tranche », avais-je lu sous la plume de Juvénal ou de Martial.
    Malgré la haine et le mépris, ils n’en restaient pas moins fidèles à leur foi.
    Comme les chrétiens à la leur.
     
    Je ne cessais de m’interroger : pourquoi ces deux croyances ne se confondaient-elles pas, puisqu’elles étaient issues du même peuple, du même Dieu ?
    Était-ce seulement parce que les uns refusaient de reconnaître Christos comme le Messie, ou bien parce que les Juifs, plus téméraires, plus orgueilleux, rejetés par Dieu, déclarait Eclectos, s’étaient lancés tête la première contre les légions de Rome et s’y étaient fracassés ?
    Sous le règne de Trajan, ils avaient attaqué les garnisons de Cyrène, d’Égypte, de Chypre, et s’étaient alliés aux Parthes contre Rome. Et le général Lusius Quiétus avait égorgé, crucifié des milliers d’entre eux. Le sang juif avait coulé d’un bout à l’autre de l’Orient. Pour affirmer la puissance de Rome, l’empereur Hadrien avait décidé d’élever à Jérusalem un temple à Jupiter Capitolin et de nommer la ville nouvelle Elia Capitolina. Il avait fait dresser sa statue équestre là où s’élevait le temple de Yavhé. Et les Juifs à nouveau avaient pris les armes, leur chef Simon Bar Kochba rassemblant ses combattants dans les monts de Judée, autour de la citadelle de Béthar.
    Et ç’avait été la défaite, Bar Kochba décapité, ce qui restait du peuple juif se dispersant dans tout l’Empire comme s’il fallait que rien ne restât en Judée et en Galilée, comme si Dieu avait voulu ainsi marquer son désamour pour le peuple qu’il avait élu et qui avait refusé de reconnaître son fils Christos.
    Telle était l’explication que me donna Eclectos. Elle ne me satisfaisait pas.
     
    Quel était le dessein de ce Dieu unique ? Voulait-il éprouver les hommes ? les soumettre, comme faisait un empereur avec ses peuples ? Aussi cruel qu’un Néron ou un Domitien ou encore un Commode, puisqu’il les faisait s’entretuer comme des gladiateurs dans une arène ?
    Je ne savais que conclure.
    Ce Dieu était-il vraiment différent des divinités qui présidaient depuis le début de son histoire au destin de Rome ?
    Je méditais. Je lisais, enfermé dans ma bibliothèque, ne la quittant qu’au milieu de la nuit.
    Je demandais alors à Sélos qu’il m’envoyât une esclave.
    Je ne regardais même pas le visage de la jeune femme. Que m’importaient ses traits ?
    Je m’allongeais. J’exigeais. Je guidais ses mains, sa bouche, sa langue.
    Mais le plaisir et la jouissance étaient lents à venir. Et quand ils survenaient, ils n’effaçaient pas cette incertitude mêlée d’amertume et ce doute irritant qui m’habitaient.
    Je renvoyais l’esclave. Je restais seul.
    Peut-être Dieu voulait-Il que l’on renonçât à la force, à la possession, au plaisir, à la guerre ?
    Peut-être fallait-il suivre l’exemple de Christos, offrir son dos aux fouets plombés des soldats de Rome, accepter que son front saignât, blessé par la couronne d’épines, s’effondrer sous le poids de la croix et des injures, présenter ses paumes afin qu’on y enfonçât les clous ?
    Et attendre, après ce martyre et cette mort acceptés, que s’ouvre le tombeau, et que la résurrection apporte, enfin, la Vie éternelle ?
     
    Pouvait-on croire cela ?
    Devais-je le croire ?
    Eclectos m’a apporté une page de l’un des livres de Flavius Josèphe.
    « Lis cela, Priscus. Voilà le juif qui reconnaît notre Christos. »
    J’ai lu et relu ces phrases :
    « C’est vers ce temps-là que parut Jésus, homme sage, si toutefois il faut l’appeler homme, avait écrit Flavius Josèphe. C’était un faiseur de miracles et le maître des hommes qui reçoivent avec joie la Vérité. Il attira à lui beaucoup de Juifs et beaucoup de Grecs. Il se nommait Christos. Et lorsque, sur la dénonciation de nos premiers citoyens, le procurateur Pilate l’eut condamné à la crucifixion, ceux qui l’avaient d’abord aimé ne cessèrent pas de le faire, car il leur

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