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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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serai jamais capable de regarder Ali
dans les yeux avant d’avoir vengé Mar-Janah.
    — Mais comment ? Ahmad est bien trop
puissant...
    — Il n’est jamais qu’un être humain. Lui aussi
peut mourir. Je te le dis comme je le pense : je ne sais pas encore
comment je m’y prendrai, mais je te le jure, je tuerai le wali Ahmad
az-Fenaket.
    — Et tu y laisseras ta peau.
    — Soit, je mourrai aussi.
    — D’accord, et moi alors ? Et que fais-tu de
Nicolò ? Et la compagnie, là-dedans, que devient-elle ?
    — Si tu as l’intention de me refaire le coup des bonnes
affaires..., commençai-je, mais ma voix s’étrangla.
    — Écoute, Marco. Contente-toi de faire ce que je
t’ai demandé il y a un instant. Ne va pas te compromettre avant que j’aie pris
un peu le temps de parler avec Ahmad. Je m’y rends sur-le-champ, et tu verras
qu’il proposera une alternative à ta colère. Quelque chose d’acceptable pour
toi. Une nouvelle vie pour Ali, si ça se trouve !
    — Gèsu, fis-je,
profondément écœuré. Disparais ! Hors de ma vue, immonde créature. Va
ramper et t’humilier devant lui. Va t’adonner à de sordides occupations en sa
compagnie, rends-le si fou d’amour qu’il te promettra tout ce que tu veux.
    — Mais oui, je peux le faire ! répondit-il,
emballé. Tu sembles en faire une cruelle plaisanterie, mais je peux
parfaitement procéder de la sorte !
    — Alors profites-en bien, car ce sera sans doute
la dernière fois. Je m’arrangerai pour faire périr Ahmad dès que j’aurai décidé
comment.
    — Tu as l’air déterminé...
    — Oui ! Mais comment faut-il te le faire
comprendre ? Je me fiche de ce que cela va me coûter... ainsi qu’à
toi... à la compagnie, au khanat et même au khan Kubilaï en personne. Je
chercherai seulement à mettre mon père à l’abri des conséquences de mon acte,
aussi dois-je agir avant son retour. Et c’est ce que je vais faire. Ahmad va
périr, et par mes œuvres.
    Il dut commencer à s’en convaincre, car il me répondit
d’un ton découragé :
    — Alors il n’est rien que je puisse dire pour
réussir à t’en dissuader ? Rien que je puisse faire ?
    Je haussai de nouveau les épaules.
    — Si ! Le tuer toi-même, puisque tu vas le
voir.
    — Je l’aime.
    — Alors tue-le amoureusement.
    — Je crois que je ne pourrais plus vivre sans
lui, à présent.
    — Alors meurs avec lui ! Dois-je te le dire
crûment... à toi qui as été mon oncle, mon compagnon et mon fidèle allié ?
Alors je le fais : les amis de mes ennemis sont mes ennemis.
    Je ne le vis même pas quitter la pièce, car Hui-sheng
revint à ce moment-là avec les deux servantes, et je fus un instant occupé à
leur indiquer où ranger ses vêtements et ses biens personnels. Durant les
minutes qui suivirent, je m’efforçai d’oublier le malfaisant Ahmad, mon pauvre
oncle et sa déchéance, toutes les responsabilités que j’allais devoir assumer
et ce qui pourrait m’arriver au-delà de ce lieu et de l’instant présent... car
je devais maintenant rendre à Hui-sheng sa liberté.
    Je la conduisis vers la table sur laquelle se
trouvaient les tampons, le sous-main et le bloc encreur qu’utilisaient les Han
pour écrire et l’invitai à s’y asseoir. Je dépliai le titre de propriété et
l’étalai devant elle. J’humectai le tampon encreur et l’appliquai sur mon
sceau, que je pressai fermement sur un espace libre du papier, avant de lui en
montrer la marque encore fraîche. Elle y jeta un coup d’œil puis tourna son
regard vers moi, tandis que ses beaux yeux tentaient d’appréhender le pourquoi
de mes gestes. Je posai mon doigt sur elle, puis sur la marque du document, sur
moi, et fis ensuite des signes de dénégation : ce titre ne m’appartient
plus, et toi-même, tu n’es plus à moi. Puis je le lui tendis.
    Son visage s’illumina. Elle refit un temps mes gestes
d’abandon, me dévisageant d’un air interrogatif, et je hochai fermement la tête
pour confirmer. Elle saisit le papier, sans cesser de me regarder, et fît le
geste de le déchirer – seulement le geste –, et je confirmai vigoureusement,
pour qu’elle en soit bien sûre : c’était bien cela, oui, sa condition
d’esclave prenait fin, elle devenait une femme libre. Les larmes lui montèrent
aux yeux, elle se leva et laissa le document glisser au sol tout en me sondant
une dernière fois du regard : il n’y avait point de méprise ? Je fis
un large mouvement du

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