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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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mongoles arpentaient les terres nouvellement conquises,
et chaque ville ou village avait désormais à sa tête un nouveau chef qui, bien
que toujours de race Han, avait été amené de Kithai et nommé par les Mongols.
Ceux-ci n’avaient cependant pas eu le temps de modifier le pays en profondeur.
D’autre part, l’empire Song s’étant rendu presque sans résistance, ses terres
n’avaient pas été dévastées par les combats, et aucun pillage ni saccage n’y
avait été perpétré. C’était une contrée paisible, prospère et plaisante à
regarder. Aussi, dès que je débarquai sur les rivages de Manzi, j’eus à cœur d’étudier
la région d’un œil acéré, curieux de voir ce qu’étaient les Han dans leur état
naturel, pour ainsi dire.
    Ce qui frappait au premier chef était leur incroyable
ingéniosité. J’ai eu tendance par le passé à dénigrer un peu cette qualité tant
vantée chez eux, ayant souvent eu à déplorer le caractère peu pratique de leurs
inventions, comme ce cercle fractionné en trois cent soixante-cinq segments un
quart. Mais j’admets avoir été davantage marqué par l’intelligence des Han de
Manzi, laquelle ne me fut jamais mieux démontrée que par un prospère
propriétaire terrien qui m’avait emmené faire le tour de ses possessions, dans
les environs de la cité de Su-zho. J’étais alors accompagné de mon scribe qui
me servait d’interprète.
    — C’est une grande propriété, dit-il, enveloppant
les terres d’un geste du bras.
    C’était peut-être le cas, dans un pays où le fermier
moyen détenait un ou deux misérables mou de terrain. Mais cela aurait
semblé ridiculement petit partout ailleurs, comme en Vénétie, par exemple, où
les champs étaient bien plus vastes. Or tout ce que je pouvais voir ici était
un lot de terres juste assez grand pour englober la cabane du propriétaire,
qu’il appelait sa « maison de campagne » (il possédait par ailleurs à
Su-zho une résidence plus importante), un jardin potager situé à côté de la
cahute, une treille couverte de vigne, quelques porcheries branlantes et un
bassin pas plus grand que le plus petit jardin du palais de Khanbalik. Sans
oublier un maigre bosquet d’arbres que je pris, à leurs branches en forme de
poing, pour des mûriers.
    — Kan-kàn ! (Voilà !)
Mon verger, ma porcherie, ma vigne et ma pêcherie ! lança-t-il, très fier
de lui, comme s’il décrivait une région fertile et florissante. Je récolte de
la soie, du vin, j’élève des porcs et des poissons zu-jin  : quatre
produits essentiels qui permettent d’acquérir un bon niveau de vie.
    Essentiels, ils l’étaient, je l’admis volontiers. Mais
je fis remarquer qu’il y avait là peu d’espace pour récolter une quantité
suffisante de chacun de ces produits et que l’association des quatre me
semblait constituer un mélange pour le moins curieux.
    — Ma foi, argua-t-il, surpris, ils se soutiennent
l’un l’autre, vous savez. Je n’ai pas besoin d’une très vaste étendue pour
produire une récolte généreuse. Vous avez vu la demeure que je possède en
ville, kuan Polo, vous avez donc pu constater mon aisance. Eh bien,
sachez que toute ma fortune provient d’ici.
    Je ne pouvais le contredire, aussi lui demandai-je
fort poliment s’il voulait bien accepter de me décrire sa méthode
d’exploitation, qui devait être magistrale. Il commença par m’expliquer que,
dans son petit potager, il faisait pousser des radis.
    Cela me sembla si insignifiant que je murmurai :
    — Vous avez omis de mentionner ce produit
essentiel parmi ceux qui permettent d’acquérir un bon niveau de vie...
    — Non, non, pas pour la table, kuan, ni
pour la vente. Les radis servent à la vigne. Si vous plantez vos pieds de vigne
au milieu de racines de radis, ils resteront doux, frais et délicieux des mois
entiers, s’il le faut.
    Il poursuivit. Avec les radis, il nourrissait ses
cochons. Ses porcheries étant situées juste au-dessus du bosquet de mûriers, de
petits canaux tuiles étendus entre eux laissaient couler en contrebas les
déjections porcines, lesquelles fertilisaient les arbres. Les feuilles d’été
des mûriers alimentaient les vers à soie, et, à l’automne, quand les feuilles
devenaient brunes, on s’en servait comme fourrage pour nourrir les cochons.
Pendant ce temps, les excréments du ver à soie constituaient la nourriture
favorite du poisson zu-jin et ceux de ce dernier allaient enrichir

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