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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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la teinte des pointes de coquillages de Donata d’une
douce couleur rosée à un avide rouge corallien. Mais, là encore, je tirerai le
rideau de l’intimité conjugale, un peu tard sans doute, car j’en ai naguère
déjà tout dévoilé ou presque, en contant certain après-midi... Nous y trouvâmes
le même plaisir. Et au risque de sembler un brin infidèle au « bon vieux
temps », je dirai même que cette nuit-là me parut plus délicieuse encore
car, cette fois, nous ne commettions aucun péché.

 
47
    Lorsque Donata entra en couches, j’étais à la maison,
près d’elle, par fidélité à ma promesse et à notre famille en devenir, mais
aussi en souvenir d’un autre moment où j’avais été impardonnablement absent. On
ne me laissa pas entrer dans la chambre pendant la durée du travail, bien sûr,
et je n’avais aucun désir de m’y trouver. Mais j’avais fait tout ce qui était
en mon pouvoir pour préparer au mieux cette journée, y compris l’engagement du
médecin accoucheur Piero Abano, que j’avais largement payé pour qu’il laisse
toutes ses autres patientes aux mains d’un collègue afin de se consacrer à
veiller Donata tout au long de sa grossesse. Il lui avait très tôt administré
ce qu’il appelait son régime des « six éléments » : diète
adaptée, sage alternance d’exercice et de repos, de sommeil et de veille,
d’évacuation et de rétention, air frais durant le jour, douce tiédeur la nuit,
et « assagissement des passions de l’esprit ». Que ce régime en fût
la cause ou qu’il faille l’imputer à la « bonne nature paysanne » de
Donata, il n’y eut aucune difficulté lors de l’enfantement. Le docteur Abano et
ses deux sages-femmes, accompagnés de ma belle-mère, vinrent me voir pour
m’annoncer que la mise au monde avait été facile, aussi douce que l’évacuation
d’un pépin d’orange. Ils durent me réveiller pour me l’apprendre. En effet,
assailli par mon souvenir des terribles douleurs du travail d’expulsion,
j’avais absorbé pour en faciliter le déroulement trois ou quatre bouteilles de
Barolo, lesquelles m’avaient plongé dans un bienheureux oubli.
    — Je suis désolée que ce ne soit pas un garçon,
souffla Donata dans un murmure, lorsqu’ils me laissèrent entrer dans la chambre
pour découvrir notre fille. J’aurais dû le savoir. Je l’ai portée et mise au
monde si facilement ! Comme l’affirme le dicton : « Quand le
travail est long, il vous vient un garçon. »
    — Chut, chut, fis-je pour l’apaiser. Je suis
maintenant l’heureux possesseur d’un second cadeau.
    Nous l’appelâmes Fantina.
    Bien que Donata fut restée méfiante, depuis notre
première rencontre, à l’idée que je puisse introduire je ne sais quelles idées
« non chrétiennes » dans notre foyer, je réussis à la convaincre du
bien-fondé de quelques coutumes étrangères. Je ne parle pas des choses
que je lui appris au lit. Donata étant vierge au jour de son mariage, elle
n’avait eu aucun moyen de distinguer les pratiques sexuelles, qu’elles fussent
vénitiennes ou exotiques, universelles ou particulières. Je lui enseignai par
exemple la façon dont les femmes Han se maintenaient irréprochablement propres,
dedans comme dehors. Dès les premiers temps de notre mariage, je lui avais fort
délicatement délivré cette information, et, ayant apprécié les bienfaits de
cette habitude non chrétienne, elle l’avait adoptée. Après la naissance de
Fantina, j’insistai pour qu’elle fut elle aussi fréquemment mise au bain et,
une fois plus âgée, baignée également de l’intérieur. Donata eut un moment de
crispation et objecta :
    — Qu’elle soit baignée, oui. Mais pourquoi
l’irriguer en dedans ? C’est sans doute une bonne chose pour une femme
mariée, mais en risquant d’effacer l’hymen de Fantina, cette pratique lui
ôterait toute preuve de sa virginité.
    — Si tu veux mon avis, lui répondis-je, la pureté
d’un vin se détecte à son goût plus qu’à la cire du sceau qui en obture la
flasque. Enseigne à Fantina à garder son corps propre et doux, et sa morale
finira peu ou prou par y ressembler. Son futur époux ne manquera pas de sentir
en elle ces qualités et n’aura nul besoin de témoignage physique pour en
attester.
    Donata se rendit à mon avis et indiqua à la nourrice
comment baigner Fantina fréquemment et entièrement ; celles qui suivirent
en furent instruites avec la même

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