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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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pensai qu’elle était encore lasse ou un peu irritée suite aux activités de
la nuit précédente, mais cette attitude de jeune fille ne m’empêcha nullement
de prendre mon plaisir. Peut-être même celui-ci était-il plus aiguisé que par
le passé, du seul fait de savoir que, pour une fois, j’étais à l’intérieur de
Biliktu, et non de sa jumelle.
    J’avais fini de la façon la plus délectable, mais
alors que mon diamant rouge, encore retenu dans les profondeurs de Biliktu,
jouissait des ultimes contractions musculaires de ses pétales de lotus, une
voix déclara sèchement :
    — Le khakhan vous recevra dès que vous pourrez le
rejoindre. C’était Buyantu qui, penchée sur le lit, nous couvait tous deux d’un
regard aussi noir que farouche. Biliktu émit un gémissement qui s’apparentait
presque à un hennissement de frayeur, se dégagea de mon étreinte et sauta hors
du lit. Buyantu pivota sur ses talons et quitta la pièce en tapant du pied. Je
me levai à mon tour et m’habillai, prenant grand soin de ma tenue. Biliktu se
rhabillait en même temps que moi, mais elle semblait traîner, comme si elle
tenait à ce que je sois le premier à affronter Buyantu.
    Celle-ci nous attendait debout au salon, les bras
enfilés dans ses manches, le visage chargé de lourds nuages orageux, telle une
maîtresse d’école prête à morigéner un enfant turbulent. Alors qu’elle ouvrait
la bouche, je l’arrêtai d’une main autoritaire :
    — J’admets que je ne m’en étais pas rendu compte
jusqu’ici, fis-je, mais tu montres de la jalousie, Buyantu, et je trouve cela
bien égoïste de ta part. Il apparaît clairement que, depuis des mois, tu
t’ingénies à éloigner de moi ta sœur Biliktu. J’aurais dû me sentir flatté, je
suppose, que tu veuilles me garder pour toi seule. A la vérité, j’ai plutôt
envie de protester. Une conduite aussi exclusive ne peut que déranger la paix
qui a régné jusqu’ici sur notre ménage à trois, au demeurant fort agréable.
Nous allons donc continuer à partager tout cela de façon équitable, et tu
devras te résigner à ce que mes affections demeurent également réparties entre
ta sœur et toi.
    Elle me considéra comme si je venais de baragouiner
une chose totalement incompréhensible, avant d’éclater d’un rire qui n’était
pas vraiment détendu.
    — Jalouse ? cria-t-elle. Oui, parfaitement,
je le suis ! Et tu vas regretter d’avoir ainsi profité de mon absence. Tu
vas te mordre les doigts de cette petite gâterie. Et tu as la fatuité de croire
que c’est de toi que je suis jalouse ? Ma parole, mais regardez-moi
ce petit prétentieux qui se pavane ! Serais-tu donc complètement aveugle,
pauvre fou ?
    La stupéfaction me fit littéralement sursauter. Jamais
de ma vie je ne m’étais fait apostropher de la sorte par une servante. Ma
première pensée fut qu’elle avait perdu l’esprit. Mais la seconde qui suivit me
secoua encore davantage, puisqu’elle reprit, rageuse :
    — Espèce de bouc vaniteux de Ferenghi !
Moi, jalouse de toi ? C’est son amour à elle, qui
m’importe ! C’est elle que je veux pour moi seule !
    — Mais tu m’as, Buyantu, et tu sais bien que je
suis à toi ! cria Biliktu en entrant dans la pièce et en posant la main
sur le bras de sa sœur.
    Celle-ci la repoussa sèchement.
    — Ce n’est pas ce que j’ai vu.
    — Je suis désolée que tu y aies assisté. Et je
suis encore plus navrée de l’avoir fait.
    Biliktu me lança un regard haineux, alors que je
restais là, pétrifié et abasourdi.
    — Il m’a prise par surprise. Je n’ai pas su quoi
faire pour résister.
    — Il te faut apprendre à dire non.
    — Oui, oui, je le ferai. Je te le promets.
    — Nous sommes jumelles. Rien ne devrait jamais
venir s’interposer entre nous.
    — Plus rien n’interférera, ma chérie, plus
jamais.
    — Rappelle-toi, tu es ma petite, à moi
seule.
    — Oh oui, je le suis ! Je le suis
vraiment ! Comme tu es à moi ! L’instant d’après, elles s’enlaçaient
étroitement et laissaient couler leurs larmes d’amantes sur le cou l’une de
l’autre.
    Je demeurais bêtement les bras ballants, puis finis
par m’éclaircir la gorge avant de dire :
    — Bon, eh bien...
    Biliktu me lança un regard humide, lourd de douleur et
de reproche.
    — C’est que... euh... il se trouve que le khakhan
est en train de m’attendre, les filles.
    Buyantu leva à son tour sur moi un œil débordant

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