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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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n’ayant aucune famille au pays, il pouvait tout de même compter sur ses amis. Un si beau jour !
    — Mais nous sommes mercredi !
    — Et alors ? Il n’est pas dit que le mercredi soit un jour maudit pour se marier. Il fallait bien les marier avant carême et si l’évêque n’avait pas tant tardé { délivrer sa dispense.
    — Mais pourquoi les marier avant carême ? demanda la seconde demoiselle.

    Ne sachant trop quoi répondre, Rouville regarda Boileau qui vint à son secours :
    — A l’âge de Talham, on ne perd plus son temps en longues et inutiles fiançailles.
    — Enfin ! Il était temps que Talham se remarie, se réjouit sincèrement Bresse. Des rumeurs - toutes fausses, bien entendu - se répandaient de plus en plus au sujet de sa domestique. Mes félicitations à votre famille pour cette nouvelle alliance, Boileau. Un docteur ! Et comme le disent les Saintes Écritures, il n’est pas bon que l’homme soit seul.
    Messieurs, un verre de porto pour saluer l’événement?
    Les deux hommes acceptèrent et Bresse sortit trois verres d’une petite armoire en coin, ainsi qu’un flacon avec-un bouchon de cristal.
    — A Talham ! lança-t-il après avoir servi ses invités.
    — Et à sa charmante épouse ! ajouta Boileau. Une merveille ! déclara-t-il dans un claquement de langue appréciateur.
    — Excellent, renchérit Rouville en finissant son verre d’un trait. Madame Bresse, laissez-moi vous remercier de votre hospitalité. Il me faut préparer mes paquets. Demain, je me rends à Montréal pour affaires. Ma femme et ma fille m’accompagnent et, diantre, comme je les connais, ces dames doivent s’impatienter de ne pas me voir arriver.
    Bresse et son épouse allaient se lever pour reconduire le visiteur lorsque deux fillettes firent irruption dans la chambre de compagnie.
    — Que faites-vous là? demanda sévèrement Joseph Bresse tout en jetant un regard interrogateur à sa femme.
    Clémence baissa immédiatement les yeux en rougissant, mais Agathe regarda bravement son beau-frère avant de répondre d’un ton presque impertinent:

    — Nous avons terminé nos devoirs.
    — Mais vous n’avez pas la permission d’entrer dans la chambre de compagnie sans mon ordre, les fustigea Françoise qui soupçonnait ses sœurs d’écouter aux portes.
    — Le vieux docteur s’est marié avec la fille Lareau ?
    lança la frondeuse Agathe, sa curiosité étant plus forte que la réprimande qui ne manquerait pas de survenir.
    Les demoiselles de Niverville échangèrent un regard désapprobateur tandis que Françoise se raidit. Agathe avait le don de provoquer des situations embarrassantes.
    Monsieur de Rouville se chargea de répondre { l’impertinente fillette.
    — Mon a?ni, le docteur Talham, a en effet épousé la demoiselle Lareau, fit-il en prononçant lentement tout en la regardant droit dans les yeux.
    Agathe finit par baisser la tête en prenant une attitude penaude. Le colonel n’avait pas l’air content.
    Françoise ordonna { ses sœurs de retourner dans leur chambre, les menaçant de n’avoir droit qu’au pain sec et {
    l’eau en guise de souper. Mais Agathe prit la direction de la cuisine afin de tout raconter { la servante qu’elle savait friande de ragots.
    Rouville échangea un regard avec Boileau.
    — Peut-être rencontrerez-vous le docteur et sa nouvelle épouse. Les mariés sont partis à Montréal, ajouta ce dernier.
    Talham y a quelques affaires à régler, et il en profite pour faire voir la ville à sa nouvelle épouse.
    Cette fois-ci, ce fut l’hôtesse qui avala sa gorgée de thé de travers. Cette petite paysanne découvrirait Montréal alors qu’elle, Françoise Bresse, n’y avait jamais mis les pieds ! Elle qui suppliait son mari depuis des lustres de l’amener un jour en ville ! Celui-ci, surprotecteur, ne voyait pas l’utilité d’un voyage sur les routes cahoteuses qui ne pourrait qu’épuiser sa femme.
    Joseph Bresse était un mari prévenant, mais ô combien aveugle ! Il ne voyait pas { quel point Françoise s’ennuyait.
    Elle éprouvait un grand besoin de déployer son intelligence, de dépenser cette énergie inutilisée à observer son prochain et, trop souvent, à se livrer au commérage. Françoise dissimulait ainsi l’amère déception de ne pas être mère. Depuis la mort de ses parents, elle s’occupait de l’éducation de ses jeunes sœurs, Clémence et Agathe, mais ce pis-aller de maternité n’arrivait pas { combler le vide. Messire Bédard,

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