Marilyn, le dernier secret
Milton Rudin retourna à son cocktail.
Et Eunice Murray à sa série télévisée.
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In The DD Group, op. cit .
91. Aseptisée
Soudain, Eunice Murray avait sursauté.
Un bruit peut-être ?
Non, le silence enveloppait les murs du 12305 Fifth Helena Drive.
Il s'agissait donc d'autre chose.
Un sentiment étrange, une sorte de peur l'empêchaient d'essayer de s'endormir. Pour se rassurer, mieux valait se lever.
Le rai de lumière s'échappant sous la porte de Marilyn attira d'emblée son attention. Doucement, elle frappa. Devant l'absence de réponse, ses coups se firent plus lourds et insistants.
Dans le même geste, elle tenta de tourner la poignée. Mais Marilyn s'était enfermée.
Il n'y avait qu'une chose à faire : se précipiter vers le téléphone et joindre le Dr Greenson. Lui saurait.
*
Le médecin, qui habitait à proximité, rejoignit Murray après quelques minutes.
En l'attendant, Eunice eut la présence d'esprit d'aller regarder par la fenêtre donnant sur la cour. Et l'image s'était instantanément inscrite dans sa mémoire.
Marilyn allongée sur son lit. Dans une position étrange.
*
Greenson arriva.
À son tour, il constata que la porte de la chambre était bloquée. Et que Marilyn ne répondait toujours pas.
Devant la fenêtre, le médecin brandit un tisonnier. Un coup vif et le verre vola en éclats.
Du bout de l'objet, il écarta le rideau.
À son tour, il venait de la voir.
Nue, allongée sur son lit, le visage écrasé sur son matelas et le combiné du téléphone serré dans sa main droite.
Greenson s'approcha.
Il n'avait même pas eu besoin de la toucher, de chercher un pouls éphémère : tout de suite, il avait compris.
Une étoile venait de s'éteindre.
*
Nous étions à Hollywood et le récit de la découverte du corps de Marilyn Monroe avait tout d'un final cinémascope : l'assistante impuissante, la course contre la montre et, avant la révélation du drame, l'effort chevaleresque du héros tentant de sauver sa Belle… Certes, nous parlions ici du médecin de Monroe, mais par extension, n'était-ce pas ce que le psychiatre entreprenait depuis des mois, sauver la diva ?
Quoi qu'il en soit, si cette version possédait d'évidentes vertus cinématographiques, c'est tout simplement parce qu'elle se révélait aussi imaginaire et fausse que n'importe quelle œuvre de fiction. Les dernières heures de la star ne ressemblaient évidemment en rien à ce récit aseptisé. Car cette présentation des choses ne cherchait qu'à camoufler une série de manipulations pour, en bout de course, étouffer la terrible vérité : Marilyn ne s'était pas suicidée.
92. Faille
La toile de mensonges était épaisse mais sa trame bien fragile.
Il suffisait de tirer sur le bon fil pour voir l'ouvrage commencer à trembler, puis se déchirer.
En toute logique, il fallait commencer par le récit d'Eunice Murray.
*
L'assistante à domicile joua un rôle essentiel dans le drame du 4 août.
De fait, le rapport du LAPD avait été construit principalement sur ses souvenirs de la nuit, elle-même étant la seule garante de l'emploi du temps de Marilyn. Si Rudin et Di Maggio Jr avaient confirmé leurs appels du début de soirée, la suite des événements dépendait des seuls propos d'Eunice. Elle seule assurait que le calme régnait, que Marilyn dormait, qu'une intuition l'avait réveillée au milieu de la nuit et que la lumière s'échappant de la chambre de la star l'avait alertée.
Or, on l'a vu, ce point essentiel était faux. Et, confondue par la presse, Eunice l'avait d'elle-même corrigé. Dix ans après le drame, la lueur filtrant de la chambre n'était plus le facteur ayant attiré son attention. La moquette trop épaisse l'avait conduite à revenir sur son récit. Désormais, à l'entendre, c'était le fil du téléphone qui avait attiré son attention. Or là encore il ne s'agit pas d'un détail, mais d'une faille.
Une brèche dans laquelle il me fallait m'engouffrer pour avancer vers la vérité.
*
La version de Murray débordait d'incongruités.
Son explication censée justifier son réveil en pleine nuit était par exemple assez particulière. Dans son propre ouvrage de souvenirs, elle avait même eu recours à une improbable explication astrologique, prétextant qu'une des caractéristiques de son signe était une intuition développée. Sur ce point, et jusqu'à preuve du contraire, on pouvait lui accorder le bénéfice du doute.
Mais l'épisode de
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