Marilyn, le dernier secret
simple : pour chaque question posée par l'énigme Marilyn, j'avais choisi de remonter à la source de l'information. Un exercice exigeant patience et détermination, mais souvent payant.
La preuve, il permettait de se rendre compte, par exemple, qu'une affirmation publiée dans les années 1990 était en réalité fondée sur une rumeur lancée en 1964. Que le conditionnel employé à l'époque n'avait pas résisté au passage du temps et que, finalement, personne n'avait songé à vérifier l'authenticité et la bonne foi de la source initiale. Une dérive d'autant plus agaçante qu'elle procurait un vernis d'authenticité à des « informations » qui n'avaient souvent rien à voir avec la réalité. Une dérive d'autant plus pernicieuse que de nombreux chercheurs ou passionnés de l'affaire étaient tombés dans le piège.
En toute bonne foi, ils avançaient par exemple une accusation sous prétexte que, provenant d'un documentaire diffusé par la BBC – je prends cet exemple au hasard – elle ne pouvait qu'être juste car diffusée par un organe réputé pour son sérieux, donc garant de la véracité des propos formulés.
Or l'information donnée dans le dit documentaire pouvait venir d'un entretien avec une personne érigée en spécialiste de l'énigme Monroe. Qui, elle-même, répétait quelque chose lu quelque part à quoi elle avait cru. Résultat, in fine , son affirmation pouvait partir, sans que personne ne le sache ou le signale, des lignes écrites par Frank Capell.
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Ce travail d'archéologue soulevait un autre problème tout aussi gênant pour qui tente de discerner le faux du vrai : le temps et la disparition de contradicteurs déclenchent un phénomène d'amplification de l'histoire.
La relation entre JFK et Marilyn en est une parfaite illustration. À mesure que la mythologie du couple s'est installée dans nos consciences, que les protagonistes ont disparu, puis leurs héritiers, le flirt a pris des dimensions surréalistes.
Ainsi, l'un des derniers ouvrages publiés sur ce sujet [1] propose carrément le verbatim des scènes de ménage censées avoir eu lieu entre John et Jackie Kennedy ! Un lecteur peu averti pourrait découvrir – et surtout croire – que la femme du président des États-Unis n'ignorait rien des coucheries de son mari avec Marilyn Monroe et qu'en juillet 1962 elle l'avait mis devant ses responsabilités : mettre un terme à cet adultère ou gérer les conséquences publiques d'un divorce ! Évidemment, dans ce livre, jamais l'auteur de ces lignes dignes d'un épisode de Dallas n'a pris la peine d'expliquer à son public que sa démonstration s'appuyait sur un vide absolu et une capacité d'imagination plus que débordante.
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Le même processus d'amplification dévoya la nature de leur relation et son déroulement.
Ainsi, au fil des années, la chronologie a considérablement évolué.
Les premiers ouvrages liant la star et le Président plaçaient le début de leur histoire d'amour autour de l'interprétation du titre Happy Birthday . Rapidement, certains avaient ensuite reculé le curseur pour l'arrêter au lendemain de l'arrivée de John Kennedy à la Maison Blanche, soit dans les premiers jours de janvier 1961.
Dans les années 1970, la date évolua de nouveau. Désormais, JFK avait cédé aux charmes de Marilyn en 1960, à l'occasion de la convention du Parti démocrate de Los Angeles. Une date majeure dans l'ascension vers le pouvoir de JFK que l'actrice aurait suivie dans son ensemble, laissant exploser sa joie lors de la nomination de son amant.
La théorie posait d'innombrables problèmes historiques mais qu'importe, elle fructifia. On oublia que l'accès à l'événement était réservé aux délégués prêts à choisir leur candidat à la présidence, qu'aucun article de presse ne fit état de la présence de la Blonde dans cette convention hautement médiatisée, que l'emploi du temps de Marilyn, du 9 au 15 juillet 1960, dates de la réunion du Parti démocrate, ne coïncidait pas puisque, espérant rencontrer Yves Montand, elle était à New York depuis le 3 juillet ! Et on négligea évidemment le fait que Ralph Roberts, le fidèle masseur résidant à l'époque dans la métropole de la côte Est, se souvenait que Marilyn était à ses côtés lorsque la radio diffusa le discours d'investiture de JFK [2] .
Rien ne tenait donc dans cette datation, mais Anthony Summers et Don Wolfe continuèrent d'utiliser la rencontre de la
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