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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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l’accusée.
    — Le juge s’est montré très sévère, constata Mathieu.
    Cela ne risque-t-il pas de justifier un appel ?
    — Quel que soit le verdict, il y aura un appel.
    — Tout ce cirque devra recommencer ?
    Le stagiaire pensa à la nécessité pour les enfants de raconter encore l’affreuse histoire. Son employeur suivait le cours de ses réflexions.

    — Selon toute probabilité, les jurés se prononceront sur les seuls comptes rendus. Du moins, je le souhaite.
    Le jeune homme se prépara à une longue attente.

    *****
    Pourtant, quinze minutes plus tard, un juge étonné regagnait son banc, et les jurés, émus, le leur.
    —Je ne tolérerai aucun désordre, aucun bruit au prononcé du verdict.
    Le ton de Pelletier revêtait une gravité inhabituelle.
    Charles Gendron, le second greffier, s’avança pour demander d’une voix solennelle :
    — L’accusée est-elle coupable ou non coupable du crime dont elle est accusée ?
    — Coupable de meurtre, répondit un membre du jury, Théophile Huot.
    — Etes-vous unanimes ?
    — Oui, répondirent-ils à l’unisson.
    Une longue plainte, comme celle d’un animal aux abois, sortit de la boîte où se tenait Marie-Anne Houde. Les matrones de la prison de Québec vinrent la soutenir par les coudes.
    — Messieurs, commença Pelletier, vous avez fait votre devoir. Je vous remercie. Maintenant, vous pouvez quitter les lieux tout de suite, ou alors attendre le prononcé de la sentence.
    — Votre Honneur, annonça Francœur en se levant, je souhaite vous soumettre des points de droit.
    — Certainement pas tout de suite, il faut d’abord clore ce procès. Prenez rendez-vous avec moi la semaine prochaine.
    Maintenant,
    je
    suspends
    l’audience
    pour
    quinze

    minutes.
    L’homme se leva pour se rendre jusqu’à la porte dérobée d’un pas hésitant.
    — Le bonhomme ne s’y fait pas, grommela Fitzpatrick, malgré son âge et son expérience.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Il maîtrise à peine ses sanglots. Les jurés ont la part la plus facile : ils rendent le verdict. Lui, il doit maintenant imposer la sentence, et la loi lui laisse une seule possibilité.
    Marie-Anne Houde maîtrisait plus mal encore ses émotions.
    Une
    plainte
    ininterrompue,
    rauque,
    animale,
    pensa
    Mathieu, venait de sous son voile. Les quinze minutes s’allongèrent, le magistrat revint à cinq heures, le visage un peu décomposé. L’assistance se leva, silencieuse, s’assit après le président, sauf le substitut du procureur général, Fitzpatrick.
    — Votre Honneur, déclara-t-il, je requiers la peine de mort.
    — Marie-Anne Houde, levez-vous.
    L’accusée se leva péniblement, aidée des matrones.
    — Madame, demanda le premier greffier, avez-vous quelque chose à dire pour que la sentence de mort ne soit pas prononcée contre vous ?
    Après un bref silence, un léger murmure agita le voile.
    — Au nom de ma cliente, déclara Francœur en se levant à son tour, j’indique qu’elle n’a rien à déclarer.
    Le juge se pencha un peu afin de récupérer son tricorne noir et de le mettre sur sa tête. Un instant, il posa ses deux mains sur son visage, afin de retrouver un semblant de contenance. Enfin, péniblement, il articula :
    — Vous avez été trouvée coupable de meurtre. Je concours dans le verdict du jury. Vous serez conduite à la prison commune du district de Québec et y serez détenue jusqu’au premier octobre prochain, à huit heures du matin, alors que vous serez pendue par le cou jusqu’à ce que mort s’ensuive. Que le bon Dieu vous pardonne et qu’il vous aide !
    Ce fut en sanglotant que le juge s’enfuit par la porte dérobée, soutenu par un huissier. Les jurés ne tardèrent pas à faire de même. Marie-Anne Houde lança alors un cri lugubre tout en se laissant choir sur le sol.
    Toute l’assistance figea, comme frappée de stupeur. Puis, les spectateurs quittèrent les lieux les premiers. Quand la plupart furent sortis, Fitzpatrick donna le signal à l’équipe de la Couronne. Il s’arrêta devant la table de la défense, fixa son regard dans celui de son adversaire, puis le salua de la tête, sans un mot.
    Il se trouvait à mi-chemin vers la porte quand une voix résonna derrière lui.
    — On se revoit après-demain, Arthur, déclara Francœur.
    — Compte sur moi, Napoléon !
    Le procureur fit le reste du trajet en secouant la tête, un sourire sur les lèvres.
    — Increvable, le vieux garçon. Demain il se préparera à plaider

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