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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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bâillant. Il avait eu l'intention de se lever et de saluer le soleil avec les Chasseurs de Baleines, mais les fourrures de sa couche étaient bien chaudes et, pour quelque raison, sa vessie ne l'avait pas arraché à son sommeil comme c'était souvent le cas. Il cligna des paupières sous la clarté et le brouillard blanc qui se levait. Il gratta de l'ongle les impuretés de ses yeux et les lança au vent, puis frissonnant, se précipita chez lui pour y prendre son suk.
    Le vent était froid, trop froid pour qu'un homme se lave dans le courant, mais sans femme chez lui, il ne voulait pas utiliser de panier de nuit pour son urine, se donner îe mal de le vider chaque jour ou stocker l'urine à la manière des femmes du Peuple Morse qui s'en servaient ensuite pour ôter l'huile de la fourrure, la graisse des cheveux, ou encore fixer les teintures.
    Il se gratta le ventre puis enfila son suk avant de ressortir. Balayant la plage du regard, il aperçut Kukutux qui marchait vers les demeures. Elle s'arrêta, regarda la mer, visage immobile, tel un masque.
    Il suivit son regard et ne vit rien. Il repensa à ce que Roc Dur lui avait raconté à son sujet. Les yeux de Kukutux étaient comme ceux d'un aigle, ils voyaient plus loin que les autres. Enfant, c'était toujours elle qui annonçait la venue des tempêtes encore au bout de l'horizon, ou les bancs de poisson nageant vers la plage.
    Alors il attendit, les yeux posés sur l'eau comme ceux de Kukutux, et lui aussi vit quelque chose à la surface de l'eau, qui roulait et tanguait. Il pensa d'abord qu'il s'agissait d'un gros bout de bois flotté. Puis il vit la couleur rouge, sentit le rythme de son cœur s'accélérer — un homme ? Hibou ou Œuf Moucheté dont l'ik aurait chaviré ? Les courants pourraient les ramener sur ce rivage.
    Mais non, c'était trop grand pour être un homme.
    Au bout d'un moment, il sut, soudain, de quoi il s'agissait. Et comme s'il était encore jeune, il se précipita vers l'ulaq de Roc Dur et grimpa jusqu'au trou du toit.
    Il inspira profondément et appela.
    — C'est moi, Waxtal. Roc Dur est-il là ?
    Roc Dur répondit lui-même, marmonnant comme s'il avait la bouche pleine. Il grimpa le rondin à encoches pour trouver Waxtal. Il mâchonna un moment avant de répondre avec rudesse :
    — Quoi ?
    Waxtal sourit et répondit :
    — Les Chasseurs de Baleines ont été bons pour moi. J'ai décidé de vous offrir un cadeau. Pendant ces quatre jours de jeûne, j'ai appelé quelque chose qui sera bientôt sur cette plage. Sers-t'en à ton idée.
    Puis il alla se poster près de Kukutux qui avait toujours le regard fixé sur l'eau.
    — Je l'ai appelé, dit-il avec douceur à l'oreille de la jeune femme. Je l'ai appelé.
    Elle s'écarta d'un pas, puis d'un autre.
    — Pourquoi ? demanda-t-elle. Qu'est-ce que c'est ?
    — Le morse.
    — Celui de Pieds Rouges ? demanda Kukutux avant de mettre sa main sur sa bouche.
    — Ne t'inquiète pas, dit Waxtal. Je ne laisserai pas les esprits te faire du mal.
    — Tu l'as appelé ? fit Kukutux, sourcils froncés, lèvres serrées. Pourquoi ?
    — Un chasseur doit être en possession de sa dernière prise. Pour la donner à sa famille, répondit Waxtal dans un haussement d'épaules. Crois-tu que cela n'allégera pas le chagrin de ses femmes de savoir que leur chasseur se soucie encore d'elles au point de leur envoyer de la viande ?
    Deux femmes vinrent poser leur panier et appelèrent les hommes qui se trouvaient près des ikyan. Soudain, Roc Dur surgit.
    — C'est le morse, dit Waxtal tandis que les hommes entraient dans l'eau.
    Trois portaient des gaffes aiguisées, un autre une canne, d'autres des pagaies.
    — Peuvent-ils le toucher ? s'enquit Roc Dur.
    — Pour le ramener au rivage, oui. Mais quelqu'un doit prier sur lui et chanter les incantations requises avant que ne commence le partage.
    — Les connais-tu ?
    — Oui.
    Waxtal regarda les hommes tirer l'animal à terre puis se tourna vers Kukutux.
    — Rends-toi à l'ulaq où les gens célèbrent le deuil. Dis-leur de venir voir ce que les esprits leur ont donné.
    Kukutux appela en direction de l'intérieur enfumé. Ne recevant nulle réponse, elle appela de nouveau jusqu'au moment où elle perçut une petite voix. Ses yeux se posèrent alors sur le visage ridé de Presque Toutes Les Mains, la mère du défunt.
    — Mère, il y a sur la plage quelque chose que tu devrais voir, dit Kukutux avec douceur et compassion.
    — Comment

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