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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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et à si juste titre qu’elle l’eût respecté moins si elle avait
cru qu’il ne la méprisait pas. Elle trouvait du plaisir à sentir qu’elle le respectait
infiniment. Il ne pouvait l’en empêcher. Et dans toute cette détresse, c’était son
unique réconfort.
    Tard dans la soirée, le livre attendu arriva « avec les
compliments de Mr Thornton », qui demandait par ailleurs des nouvelles
de Mr Hale.
    — Dites que je vais beaucoup mieux, Dixon, mais que
Miss Hale...
    — Non, papa, intervint aussitôt Margaret. Ne parlez pas
de moi. Il ne demande pas de mes nouvelles.
    — Mais ma chère enfant, tu frissonnes ! dit son père,
quelques instants plus tard. Va te coucher tout de suite. Tu es toute pâle !
    Margaret ne refusa pas, bien qu’elle répugnât à laisser son père
seul. Après une journée passée à réfléchir activement et à se repentir plus activement
encore, elle avait besoin du réconfort de la solitude.
    Mais le lendemain, elle semblait être redevenue elle-même ;
la gravité et la tristesse persistante et les moments d’inattention étaient des
symptômes bien naturels juste après un deuil. Et à mesure qu’elle se rétablissait,
son père s’absorbait de nouveau dans ses pensées, rêvant à la femme qu’il avait
perdue, et à l’époque de sa vie qui venait de se terminer à jamais.

 
     
     
     
     
     
     
     
     
    CHAPITRE
XI
     
    L’union ne fait pas toujours la force
     
     
     
    «   Et
les pas des porteurs résonnaient, lents et lourds,
    Les sanglots
du convoi s’élevaient, longs et sourds. »
    Shelley [86] .
     
     
    À l’heure convenue la veille, ils se mirent en route pour aller
voir Nicholas Higgins et sa fille. Ils éprouvaient une certaine gêne à se retrouver
dehors pour la première fois ensemble avec un but précis, vêtus de leurs nouveaux
habits de deuil : cela leur rappelait leur perte récente. Une sympathie tacite
les rapprochait l’un de l’autre.
    Nicholas était assis près de la cheminée, dans son coin habituel,
mais sans sa pipe habituelle. Il avait le coude sur le genou et la tête appuyée
sur la main. À leur arrivée, il ne se leva pas, mais Margaret lut dans ses yeux
qu’il était content de les voir.
    — Asseyez-vous donc. Le feu est quasiment mort, dit-il en
donnant un vigoureux coup de tisonnier, comme pour détourner de lui l’attention
des arrivants.
    Au vrai, avec sa barbe noire de plusieurs jours qui faisait paraître
son visage encore plus pâle, et sa veste qui aurait eu bien besoin d’être raccommodée,
il avait assez piètre apparence.
    — Nous pensions avoir de grandes chances de vous trouver
juste après le repas, dit Margaret.
    — Nous avons eu notre part de malheur, nous aussi, depuis
la dernière fois que nous nous sommes vus, ajouta Mr Hale.
    — Ah, ça, des malheurs, on en a plus que des bons dîners,
par les temps qui courent. Et vous savez, l’heure du déjeuner, pour moi, elle dure
toute la journée, alors vous êtes sûrs de me trouver à la maison.
    — Vous n’avez plus de travail ? s’enquit Margaret.
    — Non, répondit-il d’un ton sec.
    Puis, après un moment de silence, il leva pour la première fois
les yeux.
    — Je n’ai pas besoin d’argent, si c’est à ça que vous pensez.
Betty, la pauvre, avait un petit bas de laine, tout prêt pour moi, en cas d’urgence.
Et Mary, elle travaille à l’atelier, à couper la futaine. N’empêche que j’ai pas
d’ouvrage.
    — Nous devons de l’argent à Mary, dit Mr Hale avant
que Margaret ait pu l’empêcher de parler en lui pinçant le bras.
    — Si elle accepte, je la fiche à la porte. Moi je resterai
entre ces quatre murs, et elle, dehors. Un point c’est tout.
    — Mais nous avons une grosse dette envers elle pour tous
ses bons offices.
    — Et moi, jamais j’ai remercié votre fille pour toutes ses
bontés envers ma pauvre petiote. J’ai jamais pu trouver les mots. Faudra que je
me creuse la tête maintenant, si vous faites des embarras pour les malheureux services
que Mary a pu vous rendre.
    — C’est à cause de la grève que vous n’avez plus de travail ?
demanda Margaret avec douceur.
    — La grève est finie. Enfin pour cette fois. J’ai pas d’ouvrage
parce que j’en ai pas demandé. Et si j’en ai pas demandé, c’est que les bonnes paroles
sont rares, mais les mauvaises, il y en a tant qu’autant.
    Comme il prenait un malin plaisir à donner des réponses sous
forme d’énigmes, Margaret

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