Nord et sud
d’aider Edith à établir la liste de qui offrirait
son bras à qui pour entrer dans la salle à manger lors des dîners qui se donnaient
chez les Shaw. D’ailleurs, la maison des Shaw n’était pas de celles où de nombreuses
décisions s’imposaient. Hormis la grande aventure de la demande en mariage du capitaine
Lennox, tout se déroulait avec la régularité d’une horloge. Une fois par an, il
y avait une longue discussion entre sa tante et Edith pour savoir où elles iraient
passer les vacances : à l’île de Wight, en Écosse ou à l’étranger ; mais
dans ces cas-là, Margaret savait qu’elle voguerait sans aucun effort ni opposition
vers le havre tranquille du presbytère. Or voilà que depuis la visite de
Mr Lennox, où elle avait été forcée de prendre une décision, chaque jour apportait
une question à résoudre, et d’une importance considérable pour elle et ceux qu’elle
aimait.
Après le repas du soir, son père monta tenir compagnie à sa femme.
Restée seule, Margaret prit impulsivement une bougie et passa dans le bureau de
son père afin d’y chercher le grand atlas, qu’elle rapporta au salon. Elle se mit
à consulter la carte de l’Angleterre. Elle s’apprêtait à relever la tête, l’air
plus animé, quand son père redescendit.
— Je viens de penser à un projet très satisfaisant. Regardez...
dans le Darkshire, ici, tout près de Milton – à peine la largeur de mon petit doigt,
se trouve Heston, dont j’ai souvent entendu parler par les habitants du Nord comme
étant une charmante petite station balnéaire ; dites, ne pourrions-nous pas
y installer maman avec Dixon pendant que nous irions tous les deux visiter des maisons ?
Elle pourrait ainsi respirer quelque temps l’air de la mer qui la fortifierait avant
l’hiver, elle n’aurait pas à se fatiguer, et Dixon serait ravie de s’occuper d’elle.
— Parce que Dixon nous accompagnera ? dit Mr Hale
qui resta bouche bée de consternation.
— Bien sûr que oui ! Elle en a fermement l’intention,
et je ne sais pas ce que maman ferait sans elle.
— Mais il faudra nous accommoder d’un style de vie très
différent, je le crains. Et tout coûte beaucoup plus cher en ville. Je ne suis pas
sûre que Dixon pourra jouir du confort auquel elle est habituée. Pour tout te dire,
Margaret, j’ai parfois l’impression que cette femme se donne de grands airs.
— Assurément, papa, répondit Margaret. Et si elle doit s’accommoder
d’un style de vie très différent, je crains que nous n’ayons à nous accommoder de
ses grands airs, ce qui sera plus difficile encore. Mais elle nous est vraiment
très attachée à tous et serait malheureuse de nous quitter, j’en suis sûre, surtout
en ces circonstances. Aussi, dans l’intérêt de maman et aussi par égard pour la
fidélité dont elle a fait preuve, je crois que Dixon doit venir aussi.
— Très bien, ma chère enfant. Continue. Je suis résigné.
A quelle distance se trouve Heston de Milton ? La largeur de ton petit doigt
ne m’en donne pas une idée très claire.
— Oh, ma foi, ce doit être à une cinquantaine de kilomètres ;
ce n’est pas très loin.
— Pas en distance, certes, mais en... peu importe. Si tu
penses vraiment que cela fera du bien à ta mère, allons là-bas.
Un grand pas avait été franchi. À présent, Margaret pouvait œuvrer,
agir et prendre des dispositions pour de bon. Et à présent, Mrs Hale pouvait
sortir de sa prostration et oublier sa réelle souffrance pour penser à l’agréable
perspective d’un séjour au bord de la mer. Son seul regret était que Mr Hale
ne pût rester avec elle pendant l’intégralité des quinze jours qu’elle devait passer
là-bas, comme il l’avait fait jadis pendant deux semaines entières au moment de
leurs fiançailles, lorsqu’elle habitait chez Lord et Lady Beresford à Torquay.
CHAPITRE
VI
Adieu
Sans
témoins au jardin la branche ondulera
La tendre
fleur perdra ses feuilles une à une
Le hêtre
sans amis prendra sa teinte brune,
Dans
sa gloire de feu cet érable mourra ;
Sans
amis le soleil à la beauté royale
Ceindra
de rais de flamme un disque de semences
Et de
rouges œillets les ardentes essences
Empliront
l’air vibrant de senteurs estivales ;
**********
Jusqu’à
ce qu’au jardin, au sol désert du champ,
Pour
d’autres le parfum des souvenirs s’exhale
Et que
de jour en jour cette
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