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Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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tort, et je sais maintenant que mon destin n’est pas de m’en aller. » Perceval se hissa hors de la tombe. « Seigneur, reprit le chevalier, il n’y a aucun doute sur ce point : tu es celui qu’on attendait, le plus digne d’accomplir la prouesse. Je sais qui tu es. Mais tu ne trouveras ce que tu cherches que si tu te rends d’abord auprès de la Colonne de Cuivre qui se trouve sur une montagne, non loin d’ici. » Et sur ce, il sauta dans la fosse, et la dalle de marbre retomba si brutalement que toute la terre en trembla.
    « Mais qui es-tu donc ? et comment sais-tu ce que je cherche ? cria Perceval assez fort pour que l’autre, de sous la dalle, pût l’entendre. – Tu n’en sauras pas davantage aujourd’hui, mais je t’affirme que tu en auras connaissance avant que trois ans ne se soient écoulés ! » répondit la voix du chevalier. Perceval comprit qu’il n’en tirerait pas davantage. Très perplexe, il revint vers le cheval et lui replaça la tête du cerf sur la selle. Puis il prit le brachet dans ses bras, remonta sur la mule, et celle-ci reprit son trot, non sans quitter la grande route pour s’engager dans un chemin qui était herbeux, pénible et envahi de ronces.
    Elle allait déjà depuis un certain temps quand Perceval aperçut une jeune femme assise sur un tronc d’arbre renversé. Vêtue d’une robe fraîche et neuve de soie bleue, elle portait en guise de coiffure un gracieux chapeau de feuilles qui dissimulait son visage. Le Gallois vint tout droit à elle et la salua. Alors, elle se leva et se découvrit. « Perceval ! dit-elle, je t’avais prévenu que je te redemanderais ma mule lors de notre prochaine rencontre. Rends-la-moi donc, ainsi que mon anneau. Ainsi en étions-nous convenus, ce me semble. »
    Perceval descendit et alla s’asseoir auprès d’elle. Sans hésiter, il retira l’anneau de son doigt et le lui tendit. Elle le prit et l’enfila à son propre doigt. « Perceval, reprit-elle, es-tu allé à la cour du Roi Pêcheur ? As-tu demandé ce qu’il en était de la Lance qui saigne et du Graal que porte entre ses mains blanches la jeune fille aux cheveux blonds ? – Hélas ! répondit-il, je dois t’avouer que je n’en ai pas encore trouvé le chemin. Quand j’eus passé le Pont de Verre que tu m’avais indiqué, je fus reçu par un seigneur courtois et généreux qui m’hébergea pour la nuit et qui, le lendemain, me conduisit à un pont que personne jamais n’avait franchi. Il me dit que si je pouvais le passer, je trouverais sur l’autre rive le chemin qui mène à la cour du Roi Pêcheur. J’ai passé le pont mais n’ai pas trouvé le chemin.
    — Si tu as passé le pont que nul n’avait pu franchir auparavant, c’est que tu es sur la bonne voie, Perceval. Voilà tout ce que je puis te dire. » Et, sans ajouter un seul mot, sans même prendre congé, la jeune femme remonta sur sa mule, la pressa vivement et disparut dans le bois que l’obscurité commençait à envahir. Perceval demeura si stupéfait et déconcerté qu’il se tint longtemps immobile au même endroit. Toute la lassitude du monde l’envahissait, et peu s’en fallut qu’il ne se mît à pleurer. Et comme il n’avait aucun espoir de trouver où s’héberger cette nuit-là, il décida de s’allonger au pied d’un arbre et de s’y reposer en attendant le jour. Le brachet se blottit contre lui, et le Gallois s’endormit, le cœur lourd, d’un sommeil que peuplèrent d’étranges visions.
    Quand la lumière du jour l’éveilla, il se leva et remonta sur son cheval, le brachet toujours dans ses bras. Il se disposait à reprendre sa route quand il entendit tout à coup une voix qui semblait venir de la cime de l’arbre en dessous duquel il avait passé la nuit. « Perceval ! disait la voix, Perceval ! il te reste encore bien des choses à accomplir avant de découvrir le chemin qui mène à la cour du Roi Pêcheur ! – Qui me parle ? » s’écria-t-il. Mais il eut beau lever la tête et tourner autour de l’arbre, il ne vit rien, ni homme ni bête, dans les hautes branches.
    « Perceval ! reprit la voix, tes yeux ne sont pas encore assez purs pour entrevoir le chemin qui mène à Corbénic. N’as-tu pas entrepris certaines affaires que tu n’as pas encore conduites à leur terme ? Qu’en est-il de la promesse que tu fis à celle qui te confia le brachet ? Qu’en est-il de la promesse que tu fis à Blodeuwen de revenir en sa demeure de

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