Qui étaient nos ancêtres ?
offrir quelques éclats à leur belle.
Poudres de toutes sortes et « sucre en pierre » furent rejoints par la moutarde (en principe spécialement vendue par les moutardiers) et par des fruits, comme la fameuse « pomme orange », servie pour la première fois au mariage de Charles VI et d’Isabeau de Bavière. Venue du Portugal elle était aussi amère que le citron, mais bénéficiait d’une solide réputation d’aphrodisiaque. Ce n’est qu’au XVII e siècle qu’apparaîtront les oranges de Chine que l’on appellera des mandarines…, mais dont le prix restera si élevé qu’Harpagon entrera dans une fureur noire lorsque son fils envisagera d’en faire servir à sa table.
Longtemps donc, l’épicier sera lié à l’apothicaire, et ce n’est qu’en 1777 que le divorce officiel entre ces deux professions sera prononcé. L’épicier se verra alors de plus en plus nommé regrattier , parce qu’il regrattait pains de sucre et autres denrées, avant de se lancer dans des tournées, à cheval puis en camion. Le pharmacien, quant à lui, est volontiers surnommé « potard », en référence aux pots dans lesquels il conserve les drogues et les herbes à partir desquelles il compose ses préparations. Longtemps il ne propose autre chose que des onguents et diverses mixtures à la pulpe de fruit (le plus souvent de pommes, d’où leur nom de pommades) puisqu’il lui est interdit de débiter « aucun remède pour entrer dans le corps humain ». Destinées principalement à la cure des plaies, des tumeurs et des fractures, ses préparations doivent donc agir par la voie externe, et les poudres à avaler, qui inquiètent énormément, resteront longtemps la solution extrême, prescrite uniquement par les sorciers.
Chez l’apothicaire, chacun peut enfin aller s’approvisionner sans ordonnance ni diagnostic, et choisir dans un inventaire aussi divers qu’étonnant. Il y trouvera des sangsues, ramassées à la mare polluée par le purin des chevaux, et qu’il s’appliquera seul pour économiser l’intervention du chirurgien et éviter ainsi de voir le sang couler et de se retrouver avec une plaie à cicatriser.
Le défaut de l’apothicaire est d’être cher et rare, souvent à plusieurs lieues à pied ou à cheval, ce qui fait qu’on a longtemps préféré s’en remettre au savoir du curé, lequel collectionnait volontiers les recettes de médicaments, ou à celui de la châtelaine, qui jusqu’au milieu du siècle dernier a bien souvent fait, à ses heures, fonction d’infirmière à domicile.
Un bon attelage : maître de postes et aubergiste
Au nombre des notables figure incontestablement le maître de postes.
Autant son employé, le postillon, est rustre, insolent, mal embouché et peu recommandable, autant le maître de postes appartient à la bonne société. Riche et influent, il est un acteur de premier plan de la vie économique et des échanges locaux, un homme chez qui l’argent circule, bref, un entrepreneur.
En effet, dès leur création par Louis XI, les chevaux « courant la poste » destinés à acheminer le courrier royal avaient été confiés à des maîtres de postes, chargés d’organiser les relais et les changements de monture des « chevaucheurs du roi ». Assez mal rémunérés pour ces services, ces hommes s’étaient vus attribuer en compensation le monopole de la fourniture des chevaux. Ils étaient les ancêtres de nos actuels loueurs de voiture, une activité qui les obligeait à employer non seulement les rudes et verts postillons, mais aussi des palefreniers, un maréchal-ferrant, un charron, voire un de nos « artistes » vétérinaires.
Vêtus d’un uniforme prestigieux et clinquant, un des plus colorés de cette époque, les maîtres de postes appartiennent donc à l’élite sociale et s’allient évidemment d’abord avec leurs semblables, fondant quelques dynasties qui se partageront les relais. Ils ne dédaignent pas, pour autant, de s’allier également aux familles de notaires, de bourgeois et de châtelains (certains de leurs descendants finiront parfois par accéder à la noblesse), à celles où l’on recrute les curés où les maires, ou aux familles de riches laboureurs, de maréchaux-ferrants et d’aubergistes, profession que beaucoup d’entre eux avaient d’ailleurs ajoutée à leur activité.
Chez eux, en effet, « on loge à pied et à cheval », et le voyageur, s’il en a les moyens, peut s’y offrir un lit et
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