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Raimond le Cathare

Raimond le Cathare

Titel: Raimond le Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Baudis
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bordé par le
rempart de la Cité et par celui du Bourg.
    Foulques est au milieu du pré, monté
sur un destrier blanc. Flanqué de maître Robert et de l’abbé de Saint-Sernin,
il s’adresse à l’assemblée des Toulousains. S’inspirant de ses souvenirs de
troubadour, il se lance dans une déclamation poétique.
    — J’ai mal, j’étouffe, mon cœur
saigne…
    Il accompagne ses propos de soupirs
bruyants, de hoquets larmoyants et de gestes désespérés.
    — Je prie Jésus de purger votre
âme de l’humeur malsaine qui s’y trouve. Qu’il vous donne courage et confiance
afin que l’amour naisse entre Montfort et vous.
    Foulques, l’instigateur de toutes
les répressions qui se sont abattues sur nous, parle au peuple assemblé comme
un doux pasteur prêt à subir le martyre pour le salut des miens.
    — Je saurai vous garder des
loups et des voleurs. Je saurai vous conduire aux prairies parfumées du paradis
céleste. Que je sois dévoré par les bêtes féroces, que ma chair et mon sang
soient la proie des vautours, plutôt que de vous voir dans la douleur !
    Certains naïfs s’émeuvent de ces
paroles.
    — Je veux vous conduire à la
grande lumière, là où sont les saints, poursuit-il, le doigt levé vers le ciel.
Je connais le chemin. Vous n’avez qu’à me suivre.
    En attendant le paradis, il leur
promet la paix et la sécurité.
    — Accordez-moi l’honneur de
conclure la paix entre Montfort et vous. Rien ne vous sera pris, ni votre or ni
vos terres. Confiez-vous sans crainte à son juste vouloir, sa grâce et son
amour vous sont acquis d’avance.
    Comme s’il accordait un privilège,
il offre aux habitants la liberté de s’exiler.
    — Si certains parmi vous ont la
mauvaise idée de refuser de servir leur seigneur, ils peuvent partir sans
soucis. Nul ne les empêchera.
    Les consuls capitouliers connaissent
la vanité des promesses de nos ennemis.
    — Monseigneur l’évêque, ne nous
trompez pas. Faire confiance à Montfort serait une folie pure.
    Foulques lève alors le bras pour
prêter serment.
    — Je prends Dieu à témoin. Si
vous avez un jour à vous plaindre du comte, vous trouverez en moi un puissant
défenseur.
    C’est alors que les «  hommes
de Toulouse engagent leur parole » , écrit l’Anonyme sans ajouter la
moindre explication.
     
    Comment ont-ils pu croire
Foulques ? Ses talents de troubadour ne sont pas si grands qu’il ait pu
les abuser à ce point. L’Anonyme n’a peut-être pas voulu me dire toute la
vérité et m’avouer que les forces de la ville sont épuisées par la bataille de
rue qu’il a fallu livrer la veille.
    Les consuls capitouliers, sachant
que Toulouse ne résisterait pas au choc d’une nouvelle incursion de la
cavalerie française, se soumettent donc pour éviter un massacre. Arrivés au
château Narbonnais, ils sont jetés aux pieds de Montfort. Foulques donne une
nouvelle preuve de sa duplicité : au mépris de tous les serments prononcés
un instant plus tôt, il les livre à l’usurpateur comme des prisonniers.
    — Ceux-là sont à votre merci.
Mais il faut prendre encore d’autres otages. Je peux vous indiquer les noms.
    Les soldats se répandent alors dans
les rues de la ville pour s’emparer des personnages les plus influents :
consuls, marchands, hommes de loi. Ils sont tirés hors de chez eux, frappés à
coups de pied et de poing, bastonnés, bousculés et traînés brutalement par des
sergents d’armes insensibles aux cris des malheureux et aux sanglots de leurs
familles. On ne leur laisse pas le temps d’embrasser les leurs, qui les
regardent s’éloigner en pleurant.
    Quelques heures plus tard, les
prisons et la cour du château Narbonnais sont pleines de plusieurs centaines de
prisonniers. Sur leurs visages défaits se mêlent larmes, sueur et pluie qui
tombe à grosses gouttes.
     
    *
* *
     
    Dans la tour du Midi, Simon de
Montfort a réuni son conseil.
    — Je vais piller Toulouse et
vous offrir ses biens pour vous payer des mauvais jours passés. Qu’en
pensez-vous, mes amis ?
    Guy de Montfort veut le dissuader.
    — Mon frère, ne faites pas
cela. Blesser Toulouse, c’est vous blesser vous-même. Si vous vous souillez de
son sang vous perdrez l’honneur. On ne brise pas qui met genou à terre. Vous
n’avez qu’un moyen de gagner la ville à votre cause. Libérez les consuls et
associez-les au gouvernement des leurs. Rendez les terres aux nobles. Respectez
les droits des gens d’ici et ne

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