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Raimond le Cathare

Raimond le Cathare

Titel: Raimond le Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Baudis
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par milliers
s’évertuent, se bousculent.
    On dirait que ciel tombe et que
terre se fend.
     

Partie VI

Le dernier combat
     

Le grand siège
    Septembre 1217
     
    L’avidité de Simon de Montfort ne
connaît plus de bornes. Ayant assouvi sa vengeance en meurtrissant Toulouse, il
convoite de nouveaux territoires. Ce que l’Église lui a donné ne lui suffit
déjà plus. À toutes les terres conquises, il veut ajouter la Bigorre, qui lui a
été refusée par le concile. Pour s’en emparer, il recourt à des moyens
déshonorants.
    Ce comté appartient à Pétronille, la
fille du comte de Comminges. Elle vient de se marier à Nuno Sanche, le fils du
régent d’Aragon. Montfort exige que les prélats de Gascogne annulent cette
union. Ne pouvant rien refuser à leur protecteur, les évêques obtempèrent. Ils
invoquent des liens de parenté entre les époux et prononcent la dissolution.
L’usurpateur accourt aussitôt à Tarbes pour contraindre Pétronille, âgée de
trente ans, à épouser son fils Guy, un garçon si jeune qu’on l’appelle
« Guiot ». Le comté de Bigorre entre ainsi dans les possessions des
Montfort Après cette indigne conquête, le Centaure fait route vers la Provence.
Prenant soin d’éviter Beaucaire et Raimond le Jeune, il envahit la vallée de la
Drôme. Sous la menace de son armée qui dévaste la contrée, il force la main
d’Adhémar, le comte de Valentinois, pour qu’il accepte de marier son fils
Guillaume à la petite Amicie de Montfort. Par ces unions conclues sous la
contrainte, il veut régner des Pyrénées aux Alpes. Son ambition l’égare. Elle
va finir par le perdre…
     
     
    Vallée de la Garonne, septembre
1217
     
    J’ai franchi les Pyrénées. Avec
Aymeri de Castelnau, mon fils Bertrand, Hugues d’Alfaro et quelques compagnons,
nous avons décidé de tirer profit de l’éloignement du tyran. Jamais le moment
ne sera plus propice à mon retour. Dans la haute vallée de la Garonne, je
retrouve mes alliés de la montagne. Le comte de Foix et son fils Roger Bernard
sont impatients de marcher sur Toulouse. Bernard de Comminges aspire à se
venger de Montfort qui lui a imposé son fils pour gendre. Tous savent que
l’entreprise sera difficile, mais aucun n’hésite à s’engager, à condition que
je force le destin en entrant dans Toulouse. Aymeri de Castelnau nous expose
son plan :
    — Une fois que nous serons dans
la ville, toute la population se soulèvera. Mais auparavant, il faudra y
pénétrer. Nous n’y parviendrons pas par la force. Nous devrons nous glisser par
surprise avec l’aide de quelques amis. Les soldats de la garnison sont
principalement massés autour du château Narbonnais, sur la rive droite. Nous
passerons donc par la rive gauche.
    Notre petite troupe chemine
secrètement, recherchant l’abri des forêts, évitant soigneusement les châteaux
tenus par les hommes de Montfort afin que personne ne puisse nous apercevoir et
courir donner l’alerte.
     
    Le soir du 12 septembre, arrivant au
sommet d’un coteau, je redécouvre soudain Toulouse. Ses briques et ses tuiles
rougeoient dans les derniers rayons du soleil. Le cœur battant, je descends de
ma monture pour m’agenouiller et rendre grâce à Dieu. Je n’avais pas revu ma
ville depuis la bataille de Muret. C’était il y a quatre ans, jour pour jour.
    Dissimulés dans un bosquet nous
passons la nuit blottis sous d’épaisses couvertures, incapables de trouver le
sommeil, inquiets du moindre bruit. Avant l’aube, deux silhouettes s’approchent
furtivement.
    — Ne vous alarmez pas, me
souffle Aymeri de Castelnau. C’est Hugues Dejean et Raimond Beringuier.
    Les deux consuls capitouliers sont
venus à notre rencontre afin de nous guider pour entrer dans la ville.
    — Messire Raimond, Dieu est
avec nous. Le brouillard se lève sur la Garonne. Il nous permettra d’approcher
sans être vus.
    Nous partons aussitôt. Moins d’une
heure plus tard, nous longeons les vestiges du rempart de Saint-Cyprien.
L’épaisseur du brouillard est telle que les guetteurs ne peuvent nous
apercevoir. À pied, tenant nos chevaux par le harnais et veillant à ne faire
aucun bruit, nous nous engageons sur le gué du Bazacle. En cette saison, la
Garonne est basse. Quelques filets d’eau serpentent sur la table de roche
formant le lit du fleuve. Je pourrais traverser les yeux fermés ce gué que j’ai
déjà franchi plus de mille fois. Parvenus sur l’autre rive, nous gravissons la
berge. Nous

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