Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Raimond le Cathare

Raimond le Cathare

Titel: Raimond le Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Baudis
Vom Netzwerk:
instant à nous porter secours, vous ne
nous reverrez plus vivants . »
    Montfort renvoie le messager.
    — Va te reposer et prendre du
bon temps. Mais pas un mot de tout cela, sinon je t’étripe et te fais brûler
vif. Si on te demande des nouvelles de Toulouse, réponds que la ville est
paisible et qu’il y fait beau temps.
    — J’ai compris et je suis à vos
ordres. L’homme s’incline et laisse Montfort rejoindre les seigneurs des Alpes
sous une tente voisine.
    — Quelles nouvelles avez-vous
reçues de Toulouse par ce messager ? l’interroge un baron.
    — D’excellentes nouvelles.
Toute résistance est éteinte. Le vieux Raimond erre en Espagne comme un
vagabond. Mon frère ramasse tant d’argent par sacs pleins à craquer que nous ne
saurons pas comment le dépenser. Il me demande de venir le rejoindre à Toulouse
pour organiser le partage de ce butin. C’est à regret que je dois vous quitter.
    Faisant bonne figure malgré
l’angoisse qui lui étreint le cœur, Simon de Montfort salue le comte de
Valentinois et ses vassaux. Un instant plus tard, entouré des siens, il
chevauche ventre à terre. Ils ne font halte que pour changer de montures et
envoyer dans toutes les garnisons des messagers porteurs de lettres dictées à
la hâte. Les ordres sont formels : rassembler tous les hommes en armes
disponibles et se porter sur Toulouse sans perdre un instant. Le ton des
missives traduit l’urgence de la situation.
     
     
    Toulouse, septembre 1217
     
    Depuis mon retour, je suis établi
sous le toit d’une famille amie. Les Rouaix sont des compagnons de toujours. Le
doyen est un peu plus âgé que moi. Il fut jeune capitoul sous le règne de mon
père. Leur maison se tient au cœur de la cité, à l’entrée de la rue
Croix-Baragnon qui mène à la cathédrale. À l’arrière, un petit verger cultivé
avec soin offre un ombrage de verdure. Les deux étages ont été mis à sac par
les pillards de Montfort : coffres éventrés, chaises brisées, plats de
vermeil volés.
    — Qu’importe, puisque nous
avons retrouvé notre comte ! plaisante Rouaix en m’installant dans ma
chambre.
    — Elle est étroite,
s’excuse-t-il, mais vous pourrez tenir vos réunions dans la maison capitulaire.
    — Ami, que m’importe la taille
de la chambre ! C’est sous ton toit que je vais dormir à Toulouse pour la
première fois depuis tant d’années. Ta maison est le port après la tempête.
    — La tempête n’est pas finie.
Tu le sais.
    — Nous aurons quelques jours de
calme. Le temps qu’il arrive. Et la tempête, en effet, sera plus violente que
jamais. Dès demain, nous allons nous y préparer.
    Au petit matin, nous retrouvons dans
la Maison commune d’Alfaro, Ricaud, Castelnau, Beringuier, Dejean et plusieurs
consuls capitouliers. Devant eux je dicte l’acte rétablissant l’institution
capitoulière abolie par l’usurpateur et je confirme dans leurs fonctions ceux
dont il avait prononcé la déchéance.
    Nous tenons notre premier conseil de
guerre. Le temps nous est compté. Montfort sera bientôt là. Le répit dont nous
disposons se mesure en jours et en heures. Notre survie dépend de la rapidité
avec laquelle nous allons protéger la ville et de la solidité de notre ouvrage.
    — Nous devons reconstruire les
défenses, dégager les fossés, ériger les palissades, planter les pieux, barrer
les rues ouvertes sur l’extérieur, énumère Aymeri de Castelnau.
    Je lui confie la charge de ce
chantier.
    — Prends tous les hommes dont tu
as besoin et commence sans tarder.
    Il sort aussitôt de la Maison
commune pour aller donner ses ordres.
    D’Alfaro veut installer sur les plus
hauts clochers des guetteurs et des machines de jet. J’obtiens sans difficulté
de l’abbé de Saint-Sernin et du prévôt de la cathédrale Saint-Étienne le droit
d’établir nos engins sur leurs églises. Ils acceptent d’autant plus vite qu’ils
ont beaucoup à se faire pardonner, eux qui escortaient Foulques dans nos rues
pour accréditer ses mensonges auprès du peuple de Toulouse. Afin que la ville
soit totalement engagée dans la résistance à l’assaut que nous allons subir,
j’accorde le pardon à tous ceux qui se sont compromis en acceptant de servir
l’ennemi ou en se mettant à la disposition de l’occupant. Les plus abjects
devront un jour rendre des comptes, mais nous avons le temps d’y penser. Nous
ne pouvons pas nous priver de bras et nous ne devons pas courir le risque

Weitere Kostenlose Bücher