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Raimond le Cathare

Raimond le Cathare

Titel: Raimond le Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Baudis
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d’un
front intérieur.
    Je confie à Raimond de Ricaud la
surveillance de notre approvisionnement. Nous manquons de tout.
    — Fais d’abord venir des armes,
lui demande Hugues d’Alfaro. Nous ne résisterons pas longtemps avec des pierres
et des bâtons. Il nous faut des épées, des lances, des masses. Les sergents
français ont tout confisqué.
    — Et des matériaux de
construction ! ajoute un consul capitoulier. La ville est ouverte aux
quatre vents et l’ennemi peut y avancer comme en rase campagne. Il nous faut du
bois, des cordes, du mortier, du fer et de l’acier, des outils, des poulies.
    Raimond de Ricaud dresse la liste
des premières commandes.
    — Nous les ferons venir par la
Garonne, car nous risquons d’être cernés d’ici peu. Le fleuve nous sauvera.
Grâce à lui, nous aurons de l’eau, nous pourrons entrer ou sortir et recevoir
tout ce qui nous manque. Les bateaux passeront sous le nez de nos ennemis.
    Nous adressons un message à Raimond
le Jeune pour l’informer de la réussite de mon retour. Il doit tenir Beaucaire
et attendre pour venir à Toulouse que nous le lui demandions. Ne sachant pas si
nous pourrons résister à l’attaque, je ne veux pas que nous risquions de tomber
tous les deux entre les mains de Montfort.
    Après avoir délibéré toute la
journée dans la Maison commune, nous sortons inspecter le chantier qui se
déploie partout autour de la ville. Depuis le clocher de la cathédrale, Aymeri
de Castelnau nous fait fièrement découvrir l’immensité de l’ouvrage dont il est
le maître. Il a réussi en une journée à rassembler presque toute la population
qui s’active dans une fébrilité joyeuse.
    — Nous protégeons d’abord la
ville face au château Narbonnais, me dit-il en pointant le doigt vers le sud,
où la forteresse élève ses murs de brique à l’abri desquels la garnison
française est sur le qui-vive. Il faut pouvoir briser toute tentative d’assaut.
Un large fossé bordé de hautes palissades les empêchera de nous attaquer par
surprise. Hélas, il nous est impossible de les cerner comme je l’aurais voulu.
Il nous faudrait pour cela trop d’hommes et de matériaux. Ce serait au
détriment de la fortification de la ville. Mieux vaut nous protéger de toutes
parts. À la place des anciennes portes nous édifierons des chicanes. Sur ce qui
reste de nos tours, nous construirons des planchers pour y disposer nos engins.
    Nous cherchons à évaluer le temps
qui nous est donné pour mener à bien ce travail colossal.
    — L’armée de Guy de Montfort
sera là dans huit jours environ, estime Hugues d’Alfaro.
    — Et Simon ?
    — Il arrivera deux semaines
plus tard. Mais ne vous y trompez pas, Guy n’attendra pas son frère pour
attaquer. Ils ne nous laisseront pas un jour de paix pour nous fortifier.
L’assaut sera immédiat pour tenter de s’engouffrer dans nos brèches béantes.
    Jusqu’au milieu de la nuit, nous
allons encourager ceux qui travaillent sans relâche. Pelles, pioches, bêches,
marteaux, ciseaux ou tout simplement mains nues livrent un combat contre le
temps qui passe. Des lumignons, des torches et des chandelles éclairent le
chantier et cernent la ville d’une guirlande lumineuse. Femmes et hommes,
enfants et vieillards, maîtres et serviteurs, chevaliers et palefreniers,
prêteurs et portefaix sont égaux devant ce travail dont dépend notre sort à
tous. Ils l’accomplissent méthodiquement sous les ordres de l’ingénieur Parayre
et du maître charpentier Gamier qui donnent également les directives pour
l’édification des catapultes. Autour d’un feu de camp, des jeunes filles
dansent au son d’un tambourin. Entonnés par des centaines de voix, des chants
s’élèvent et parlent de notre pays. Ils célèbrent la beauté des femmes et la
générosité du vin, la puissance de la Garonne ou l’immensité des Pyrénées.
    Dix jours et dix nuits durant, des
milliers de Toulousains redressent les ouvrages que les envahisseurs les
avaient obligés à abattre.
     
     
    Toulouse, vendredi 22 septembre
     
    Les guetteurs postés au sommet du
clocher de la cathédrale font mugir leurs trompes. Deux sonneries brèves
suivies d’une longue donnent le signal de l’alerte.
    Ceux qui travaillent sur le chantier
redoublent d’ardeur pour finir de planter un pieu ou de dresser une poutre
pendant que les chevaliers en armes se regroupent autour des issues de la
ville.
    Une heure plus tard les Français
sont devant

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