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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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obtint que le maître de l'île sollicitât l'approbation de l'Imperial Lighthouse Service, nécessaire pour l'érection d'un phare dans l'archipel.
     
    – Les gratte-papier de Londres ne peuvent refuser la construction, sur une île qui m'appartient, d'un ouvrage qui ne coûtera pas un shilling au Colonial Office, bougonna Simon Leonard.
     
    En veine de générosité, peut-être parce que le vin capiteux produisait un effet chaleureux, lord Simon, déjà préoccupé par la perspective de l'envoi de Pacal à Harvard, se promit de faire un don à l'université la plus ancienne d'Amérique 7 , dès que son petit-fils serait admis au Massachusetts Institute of Technology, qui en dépendait.
     
    La nuit tropicale affichait déjà une débauche d'étoiles quand Charles Desteyrac regagna Valmy, le cœur léger, l'esprit en paix, conscient et satisfait d'avoir renouvelé le contrat signé dix-huit ans plus tôt. À quarante-deux ans, il pourrait, avec la construction d'un phare moderne, confirmer ses compétences d'ingénieur. Aux Ponts et Chaussées, on retenait toujours, depuis la fondation de l'école en 1747, les noms de ceux qui construisaient phares et ponts. Un dessin du pont de Buena Vista, dû au crayon de Malcolm Murray, figurait, rue des Saints-Pères, parmi les réalisations exemplaires des anciens élèves. Peut-être y ajouterait-on, un jour, le phare du Cabo del Diablo ? La tête bourdonnante de projets, Charles s'endormit.
     

    Le lendemain, Pacal admit sans récriminer – un caractère entier le portait souvent à la contestation – qu'il devait renoncer à étudier en France et qu'il irait à Boston suivre des cours qui le prépareraient à la carrière d'ingénieur. Le fait de retrouver Robert Lowell et Viola influença son adhésion spontanée au projet paternel. Pendant son séjour à Soledad, l'homme aux mains de bois, qui considérait les mathématiques comme un amusement pour l'esprit, avait initié Pacal à la résolution de difficultés algébriques, qualifiées d'amusantes ! Ce serait donc un mentor rassurant et écouté.
     
    – Et puis, je serai plus près de vous et de grand-père. On dit que les nouveaux paquebots de la Cunard ne mettent que trois jours pour faire le trajet de New York à Nassau, se réjouit Pacal.
     
    Restait à connaître la position de Bob et la possibilité d'admission, par le conseil de Cambridge, d'un élève de nationalité britannique au MIT.
     
    La réponse de Lowell fut rapide et, en tous points, satisfaisante. Pacal Desteyrac-Cornfield serait admis, à la rentrée 1872, après un examen destiné à évaluer ses connaissances. Bob se disait capable de préparer Pacal à cette épreuve en deux mois, « car mes élèves de dix-huit ans en savent moins que votre fils », écrivait-il. À la fin de sa lettre, le professeur ajoutait : « Viola mettra notre premier enfant au monde dans quelques semaines. »
     

    En apprenant que Charles restait à Soledad, lady Lamia se montra moins expansive que son frère ne l'avait été.
     
    – Je savais que vous resteriez, Charles, et j'en suis heureuse.
     
    – Comment, vous saviez ?
     
    – À fréquenter depuis si longtemps nos Arawak, j'ai appris à deviner, à certains indices, la détermination des gens devant une décision à prendre. J'avais vu clairement que vous n'étiez pas certain de faire le bon choix en nous quittant. J'ai senti – eh oui, je suis un peu sorcière, comme dit Simon – que vous attendiez un signe pour vous engager définitivement.
     
    – Ce signe est venu, en effet. Des lettres de Paris m'ont détourné de rentrer en France, reconnut Desteyrac.
     
    – Hum ! C'est là une mise en garde plutôt qu'un signe. Mais le signe, à votre insu, se prépare, dit-elle, comme souvent sibylline.
     

    Rentrant à Valmy, Charles fut informé par Timbo que lord Simon l'attendait à Cornfield Manor.
     
    – Je c'ois bien, mossu, que c'est pas bonne nouvelle d'Anglete”e, dit l'Arawak.
     
    Dès que Charles parut sur la galerie, lord Simon vint à lui.
     
    – Malcolm est mort, annonça-t-il d'une voix blanche.
     
    – La complication redoutée par Uncle Dave s'est donc produite.
     
    – Le bateau-poste vient de m'apporter une longue dépêche d'Ottilia. Malcolm a succombé à une hémorragie du foie. Elle l'a veillé jusqu'au dernier moment et l'a conduit jusqu'au caveau des Murray, dans le Suffolk. J'ose espérer qu'avant de mourir il aura eu le plaisir de perdre mille

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