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Révolution française Tome 2

Révolution française Tome 2

Titel: Révolution française Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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s’est établi,
il poursuit, détachant chaque mot :
    « Une femme, la honte de l’humanité et de son sexe, la
veuve Capet, doit expier enfin ses forfaits sur l’échafaud. »
    Billaud-Varenne énonce déjà le verdict avant que le procès
ait commencé.
    Il explique que des rumeurs assurent que Marie-Antoinette a
été blanchie par le Tribunal révolutionnaire.
    « Comme si une femme qui a fait couler le sang de
plusieurs milliers de Français pouvait être absoute par un jury français !
Je demande que le Tribunal révolutionnaire se prononce cette semaine sur son
sort ! »
     
    Et comment, alors qu’on exhume les ossements des rois pour
les réduire en cendres, pourrait-on accepter que survive, fût-ce emprisonnée,
« la louve autrichienne » ?
    Marie-Antoinette n’est plus qu’une femme malade, sujette à
des hémorragies répétées, enfermée dans l’ancienne infirmerie de la
Conciergerie dont on a obturé toutes les issues.
    L’accusateur Fouquier-Tinville, le substitut du procureur
Hébert, le président du Tribunal Herman interrogent le dauphin.
    Son gardien le cordonnier Simon l’a surpris à se masturber. Et
l’enfant accuse sa mère, sa tante Élisabeth, de lui avoir enseigné ces
pratiques. Il couchait entre elles, dit-il.
    « Il nous a fait entendre qu’une fois sa mère le fit
approcher d’elle, qu’il en résulta une copulation et un gonflement à l’un de
ses testicules pour lequel il porte un bandage et que sa mère lui a recommandé
de ne jamais en parler… Que cet acte a été répété plusieurs fois de suite. »
     
    À l’audience, la reine est assistée d’un avocat nommé d’office,
maître Chauveau-Lagarde.
    C’est Hébert qui l’accuse d’inceste, en rappelant la
déposition du dauphin.
    Marie-Antoinette ne répond pas mais un des jurés insiste
pour qu’elle s’explique.
    « Si je n’ai pas répondu, dit-elle, c’est que la nature
se refuse à répondre à une pareille inculpation faite à une mère. J’en appelle
à toutes celles qui sont ici. »
    La voix de cette femme aux cheveux blancs, aux traits
affaissés, mais au port de tête droit, est digne. Et l’émotion, la compassion, la
honte saisissent le public avide qui se presse dans la salle.
    L’on suspend les débats.
     
    En fait, le verdict a été rendu avant même que le procès s’ouvre.
Marie-Antoinette est accusée d’avoir été « l’instigatrice de la plupart des
crimes dont s’est rendu coupable ce dernier tyran de France, Louis Capet ».
    Elle est condamnée à mort.
    Elle rentre à la Conciergerie, vers quatre heures trente du
matin ce mercredi 16 octobre 1793.
    Elle n’a que le temps d’écrire une lettre à sa belle-sœur, Élisabeth.
    « Je viens d’être condamnée non pas à une mort honteuse,
elle ne l’est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère, comme
lui – innocente.
    « Je suis calme comme on l’est quand la conscience ne
reproche rien, j’ai un profond regret d’abandonner mes pauvres enfants, vous
savez que je n’existais que pour eux… »
     
    On ne la laissera même pas se changer de linge sans témoin. Le
bourreau, Samson, lui attachera les mains derrière le dos et coupera ses
cheveux, puis, liée à lui par une longue corde, il la fera monter dans une
charrette.
    Elle se tient droite, tête un peu levée, mèches en désordre
s’échappant de son bonnet.
    Elle refuse de parler au prêtre constitutionnel qui l’accompagne.
Et elle ne se confessera pas.
    La foule immense contenue par trente mille soldats crie :
« Vive la République ! À bas la tyrannie ! Mort à l’Autrichienne ! »
    En montant à l’échafaud, d’un brusque mouvement de tête, Marie-Antoinette
fait tomber son bonnet.
    Et Samson montrera sa tête ensanglantée au peuple ce 16
octobre 1793, à midi et quart.
     
    La foule crie : « À bas ! À bas ! »,
« Vive la République ! ».
    « Cette sottise prolongée a tout troublé », note
le journaliste Goffroy, qui se prétend lui aussi héritier de Marat et de son Ami
du peuple.
    D’autres journaux reviennent sur le procès, les accusations
d’inceste.
    « Les regards de l’Autrichienne étaient arrogants et
non pas tranquilles. Elle a répondu d’un ton dramatique et a fait même une
interpellation aux mères de famille. Elle a rougi d’abord à ces reproches d’inceste,
mais l’on voyait facilement sur son visage que la cause de cette rougeur était
en effet non pas de la

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