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Robin

Robin

Titel: Robin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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marmonnements insensés. Je pars. » Il lui lança un
regard furieux, les poings serrés sur ses genoux. « Je m’en vais demain,
et rien de ce que vous pourrez dire ne m’en empêchera.
    — Si tel est ton choix, je ne
m’y opposerai pas. » Une fois devant l’entrée de la grotte, elle s’arrêta
et lui fit signe de la suivre. « Mais ce soir, tu vas venir avec moi. J’ai
quelque chose à te montrer. »
    Sur ce, elle tourna les talons et
sortit dans la nuit. Elle attendit un moment puis, ne le voyant pas venir,
l’appela à nouveau.
    À contrecœur, et avec force
remarques acerbes, Bran se décida à la suivre. Il faisait sombre, et le chemin
qu’elle empruntait restait invisible. Pourtant, d’une manière ou d’une autre
ses pieds trouvèrent sans faillir leur route. Bran cessa bientôt de maugréer
pour se concentrer sur le rythme de la vieille femme et les branches
proéminentes qu’il lui fallait éviter.
    Ils marchèrent un certain temps, la
colère de Bran se dissipant à mesure que la fatigue s’emparait de lui.
« Où allons-nous ? finit-il par demander, en sueur et essoufflé.
C’est encore loin ? Si c’est le cas, il faut que je me repose.
    — Non, lui dit-elle, c’est
juste au sommet de la prochaine montée. »
    Après un lourd soupir, il se remit
en route, trainant la jambe, la tête basse, les mains lâches et le pas lent.
Ils gravirent la longue pente jusqu’à atteindre une corniche dégarnie. Après le
sommet, le sol redescendait brusquement. De là où il se tenait – à l’orée
de la forêt, comme il s’en rendit compte –, Bran discernait vaguement une
vallée en cuvette peu profonde à la lumière d’une pâle demi-lune qui éclairait
tout juste la cime des arbres au sud-ouest.
    « C’est pour voir ça que vous
m’avez traîné ici ? » demanda-t-il. Ses yeux surprirent une lueur en
contrebas, puis une autre.
    En se concentrant sur la vallée, il
commença à distinguer d’autres lumières – de minuscules taches, des
éclairs et des éclats qui se déplaçaient à la surface du sol en une lente danse
étrange.
    « Qu’est-ce…, commença-t-il,
avant de se reprendre : Par saint Dafyd, qu’est-ce que c’est ?
    — Ça se passe ainsi dans tout
l’Elfael, lui dit Angharad en embrassant d’un grand geste du bras la terre
plongée dans l’obscurité. C’est la Danse de Mai.
    — La Danse de Mai ?
répéta Bran sans comprendre.
    — Ton peuple laboure ses
champs.
    — Ils labourent ! En
pleine nuit ? s’exclama-t-il en se tournant vers elle. Pourquoi ? Et
pourquoi si tard dans la saison ?
    — Le comte de Braose les fait
travailler pour son compte dans la journée, expliqua la vieille femme. La nuit
est le seul moment qu’il leur reste pour semer leurs graines. Voilà pourquoi
ils travaillent à la lanterne.
    — Mais c’est trop tard, fit
remarquer Bran. Les récoltes n’auront jamais mûri d’ici à l’hiver.
    — Probable, reconnut Angharad,
mais la famine les attend s’ils ne font rien. » Elle contempla à nouveau
les lumières oscillantes qui illuminaient la vallée. « Ils dansent avec la
mort, dit-elle. Que peuvent-ils faire d’autre ? »
    À ces mots, Bran se raidit. Il considéra
le spectacle et sentit la colère monter en lui.
    « Pourquoi m’avez-vous montré
ceci ? cria-t-il soudain.
    — Pour que tu sois au courant.
    — Et que puis-je y
faire ? Dites-le moi. Que suis-je censé faire ?
    — Les aider, dit doucement
Angharad.
    — Non ! Pas moi !
J’en suis incapable ! » insista-t-il. Il se détourna brusquement et
s’enfuit à grandes enjambées dans la forêt. « Je pars demain, cria-t-il
par-dessus son épaule, et rien de ce que vous pourrez me montrer ne me fera
changer d’avis ! »
    Angharad le regarda s’éloigner,
puis, braquant son visage en direction du ciel, murmura : « Vous
voyez ? Vous voyez comment ça se passe avec lui ? Tout est combat. Un
sanglier serait moins têtu et plus charmant. » Elle marqua une
pause, comme pour écouter une voix inaudible, puis soupira. « Votre
servante obéira. »
    Elle rebroussa chemin jusqu’à sa
grotte.
     
    Déterminé à tenir sa promesse, Bran
se leva à l’aube pour faire ses adieux à Angharad. Une nuit de sommeil avait
adouci son humeur, sinon sa résolution. Il regrettait de lui avoir crié dessus
et voulait faire amende honorable. Gentiment, il lui dit : « Je vous
serai à jamais reconnaissant de m’avoir sauvé la vie.

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