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Robin

Robin

Titel: Robin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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s’approcher si près de l’eau. « C’est juste une
invitation à sa cour pour l’été, dit-elle pour essayer de la détendre. Ça
passera très vite.
    — Peu m’importe que ça passe
vite, déclara Mérian avec hauteur, ce sera sans moi ! » Elle se leva
et s’enfuit des appartements de sa mère. Elle descendit l’étroit corridor qui
menait à sa propre chambre, dont elle alla ouvrir les volets en les faisant
claquer. L’air du soir était doux et chaud, la lumière déclinante saturait la
cour d’une couleur miel, mais la jeune femme n’était pas d’humeur à contempler
le spectacle, encore moins à l’apprécier. La décision de son père lui semblait
arbitraire et injuste. Elle aurait vraiment dû avoir son mot à dire, puisque c’était
elle la première concernée.
    Le messager du baron était arrivé
tôt dans la matinée. Neufmarché lui proposait de venir à Hereford passer le
reste de l’été en compagnie de sa fille, Sybil. Il espérait que Mérian aiderait
la jeune dame à apprendre des rudiments de culture et de langue bretonnes. Il
ne doutait pas que les deux jeunes femmes deviendraient rapidement amies.
    Le roi Cadwgan avait écouté le
message, puis remercié le cavalier en le congédiant dans le même souffle.
« Je suis infiniment reconnaissant au baron. Dites-lui que Mérian serait
ravie d’accepter son invitation. »
    Cela se résumait apparemment à
cela : une décision qui piétinait joyeusement ses propres convictions les
plus intimes, sans qu’on prenne la peine de la consulter. Depuis la chute du
Deheubarth, son père frétillait comme une grenouille dans des cendres, prêt à
tout pour se protéger de Neufmarché. Et à présent, sans crier gare, il
paraissait rien moins qu’empressé d’entrer dans les bonnes faveurs du baron.
Pourquoi ? Ça ne rimait à rien.
    La seule pensée de passer l’été
dans un château plein d’étrangers la remplissait de dégoût. Mais son aversion,
aussi naturelle et authentique fût-elle, était aussi une fuite.
    Car Mérian refusait d’admettre,
même en son for intérieur, qu’elle avait énormément apprécié la fête du baron.
En toute honnêteté, elle y avait même entrevu une alternative à la vie qu’elle
menait dans ce château croulant à la frontière des Marches. Elle refusait de
s’imaginer y prendre goût – Dieu l’en garde ! –, mais au fin
fond de son cœur se tapissait un appétit certain pour le charme et la grandeur
dont elle avait fait l’expérience lors de cette nuit étincelante. Et, que le
ciel lui vienne en aide, tout son émoi tournait autour de la personne du baron
Neufmarché.
    De son côté, celui-ci lui avait
bien fait comprendre à quel point il la trouvait belle, et plus encore. Le
simple fait d’évoquer ses paroles éveillait chez Mérian des sentiments qu’elle
jugeait si inavouables qu’elle essayait de les réprimer en les privant de toute
rationalité. À son retour à Caer Rhodl, elle s’était crue en sûreté, hors
d’atteinte de la tentation que la cour du baron représentait. Et voilà qu’avec
un simple « S’il vous plaît, Mérian », elle allait être renvoyée dans
l’antre du baron comme un quelconque bagage.
    Elle s’éloigna de la fenêtre et
alla s’effondrer sur son lit. Le fait que son père l’utilise pour apaiser
Neufmarché – et lui-même, par la même occasion – la déprimait trop
pour qu’elle puisse l’envisager. C’était pourtant la seule explication possible.
Si quiconque avait osé lui suggérer pareille chose, elle aurait été la première
à lui crier dessus, tout en sachant pertinemment que tel était bien son lot.
    De toute façon, l’affaire était
close et sans appel. Cadwgan avait pris sa décision, et peu importait ce que
Mérian pourrait dire, il ne changerait pas d’avis. Dans les quelques jours à
venir, Mérian bouderait et ferait savoir à tous ce qu’elle pensait de tout
cela, pousserait de longs soupirs expressifs et jetterait de sombres regards
autour d’elle jusqu’à ce que Garran, son inconscient de frère, en vienne à se
plaindre de l’atmosphère pesante chaque fois qu’elle passerait à côté de lui.
Mais le jour funeste finirait par arriver. Son père lui avait déjà ordonné de
préparer ses bagages pour son séjour et avait pris ses arrangements pour qu’on
l’emmène à Hereford, lorsqu’un événement lui accorda ce qu’elle considéra comme
un sursis. Il vint sous la forme d’une

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