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Robin

Robin

Titel: Robin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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yeux et sombra
dans un sommeil heureusement sans rêves.
    Il était tard quand il se
réveilla ; le soleil était déjà bas dans le ciel, et de longues ombres
s’étiraient dans la cour vide. L’évêque, apprit-il bientôt, avait envoyé trois
moines trouver un cheval ; aucun d’eux n’était revenu. Asaph lui-même
avait pris un petit groupe d’hommes et un char à bœufs pour aller chercher le
corps de frère Ffreol. Impuissant, le jeune homme retourna dans la loge pour
fustiger la stupidité des hommes d’église et pester sur sa malchance. Il finit
par s’allonger sur le banc situé à l’extérieur de la salle capitulaire, à peine
dérangé par la cloche qui sonnait les offices. Peu à peu, la clarté du jour
faisait place à une morne brume jaunâtre. Il s’assoupit.
    Le son d’une autre cloche le
réveilla en sursaut. Les moines commençaient à se montrer ; ils
pénétraient dans la cour par groupes de deux ou trois, heureux d’échapper un
instant à leurs corvées. « Cette cloche… qu’est-ce quelle signifie ?
demanda Bran à un frère qui passait devant lui.
    — Juste les vêpres,
sire », répondit respectueusement le prêtre.
    Le sang de Bran se glaça. Les
vêpres. La prière du soir – la journée était finie et il se trouvait
toujours à portée de voix du caer. Il retomba en arrière contre le mur enduit
de boue, jambes dépliées devant lui. Asaph était pire qu’inutile, et Bran se
faisait l’effet d’un imbécile fini de lui avoir fait confiance. S’il avait su
que le stupide vieillard avait donné le trésor de son père à de Braose –
qu’il le lui avait tout simplement remis, par les os de
Job ! –, il aurait pu filer vers le nord dès sa libération.
    Il s’apprêtait à fuir Llanelli
quand, amené par une brise errante, un savoureux arôme en provenance des
cuisines parvint à ses narines, ce qui lui rappela à quel point il avait faim.
Il se releva aussitôt et prit la direction du réfectoire. Il partirait après
avoir mangé.
    Rien n’était plus facile que de se
faire payer un repas par frère Bedo, le cuisinier. Joyeux lourdaud à la face
rouge et aux yeux clairs, constamment penché sur ses marmites et ses chaudrons
fumants, il ne laissait jamais repartir le ventre vide quiconque lui mendiait
un croûton.
    « Seigneur Bran, Dieu me
bénisse, c’est vous », dit-il en tirant le jeune homme dans la pièce. Il
le fit asseoir devant la table sur un tabouret à trois pieds. « On m’a
raconté ce qui vous est arrivé sur la route, une triste affaire, une bien triste
affaire, oui, en vérité. Frère Ffreol était l’un de nos meilleurs moines, vous
savez. Il serait devenu évêque un jour, assurément, voire même Père supérieur.
    — C’était mon confesseur,
affirma Bran. Un ami et un homme de bien.
    — Je suppose qu’il n’y avait
rien à faire ? demanda le cuisinier en posant sur la table un tranchoir en
bois garni de viande rôtie et de pain.
    — Non, rien. Même avec une
centaine de guerriers pour l’épauler, cela n’aurait fait aucune différence.
    — Ah, alors…» Bedo versa une
bière claire dans une petite coupe en cuir. « Que Dieu le bénisse, et qu’Il
vous bénisse, vous aussi, d’avoir été là-bas pour le réconforter dans ses
derniers instants. »
    Bran accepta les paroles du moine
sans faire le moindre commentaire. Le réconfort qu’il avait pu donner à Ffreol
s’était résumé à peu de choses. Le chaos de cette terrible nuit lui revint une
fois encore à l’esprit, et ses yeux se troublèrent de larmes. Il termina son
repas en silence, remercia le frère et sortit de la cuisine, planifiant déjà la
route qu’il allait prendre pour traverser la vallée, le plus loin possible du
caer et de la demande de rançon du comte de Braose.
    La lune s’était levée au-dessus des
collines lointaines quand Bran passa les portes. Il n’avait fait qu’une
douzaine de pas lorsqu’il entendit quelqu’un l’appeler. « Seigneur
Bran ! Attendez ! » Regardant autour de lui, il vit trois moines
poussiéreux aux pieds endoloris qui menaient un cheval de trait ensellé.
    « Qu’est-ce que c’est que
ça ? demanda Bran en considérant l’animal d’un air sceptique.
    — Mon seigneur, dit un des
moines, c’est ce que nous avons trouvé de mieux. Quiconque possédait une
monture décente l’a emmenée loin d’ici, et les Ffreincs se sont déjà emparés
des autres. » Le moine regarda le cheval avec

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