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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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salons, admit Pierre-Antoine.
    — La loi fait cependant confiance aux contribuables
pour estimer eux-mêmes leur fortune et calculer leur impôt, fit observer Axel.
    — Puis, il lut : « C’est en présence
seulement des deux conseillers d’État désignés que les citoyens convoqués par
la Chambre des comptes déclareront à haute voix et signeront au registre, que
sur leur honneur et conscience, la somme qu’ils vont déposer en argent ou en
billets est égale ou supérieure à celle qu’ils doivent payer en vertu de la
présente loi. »
    Et le législateur, soucieux d’éviter les marchandages, ajoutait :
    — « Les susdits conseillers d’État prendront
connaissance du montant des sommes apportées par les contribuables, auxquels
cependant ils ne pourront faire aucune observation. »
    Quant aux sommes payées, elles seraient « incontinent
versées dans un coffre fermé par deux serrures, dont une des clefs restera
entre les mains du syndic, président de la Chambre des comptes, l’autre dans
celles du Procureur général ».
    Comme il fallait aussi décourager les tricheurs, l’article 310
constituait une menace pour ceux qui tenteraient de se dérober. Ils seraient « taxés
définitivement par une commission, composée de neuf membres pris au sort dans
le Conseil représentatif et les membres du Conseil d’État ». Ainsi, toute
la ville apprendrait ce que les avaricieux mauvais citoyens voulaient dissimuler !
    Pierre-Antoine donna ensuite un aperçu des éléments
constitutifs de l’impôt. D’abord, tous les Genevois domiciliés dans le canton
et les étrangers établis depuis plus d’un an avaient à payer une taxe dite
personnelle de 3 francs 25 centimes par an.
    Dans le calcul de la contribution, la loi entendait que l’on
tînt compte, aussi, du train de vie. Ainsi, les gens ayant des domestiques
devaient payer 4 francs pour le premier ; 10 francs pour le deuxième ;
15 pour le troisième, ensuite 7 francs de plus par domestique
supplémentaire. Et, pour tous les foyers « où le nombre des domestiques
dépasse celui des maîtres », la taxe serait de moitié plus forte. Les
chars et voitures étaient également taxés : 7 francs par voiture à un
cheval, 14 par voiture à plus d’un cheval. Et le barème précisait :
« Si la voiture est suspendue : 12 francs par voiture à un
cheval, 24 francs par voiture de plus d’un cheval. Était considéré comme “suspendu”
tout char ou voiture sur ressorts. »
    En revanche, les propriétaires de voitures qui habitaient
toute l’année la campagne ne payaient que demi-taxe. Un impôt frappait
également les billards : 70 francs pour un billard installé dans un
lieu public, tel un café ; 46 francs s’il appartenait à un cercle privé.
    La Fabrique n’était pas épargnée par le fisc. L’impôt annuel
sur les maisons de commerce allait de 18 à 73 francs et sur les maisons d’orfèvrerie
de 7 à 27 francs. Un établisseur payait de 3 francs 70 centimes à 18 francs,
un chef d’atelier 3 francs 10 centimes, un guillocheur 3 francs 70
centimes.
    Tout marchand horloger, bijoutier ou orfèvre, ayant des
ouvriers, devait acquitter, chaque année, une taxe de « 80 centimes
pour ceux sur l’or, 40 centimes pour ceux sur l’argent ».
    Les deux hommes commentaient encore le bien-fondé de cet
impôt quand Alexandra entra en coup de vent dans le salon et se jeta au cou de
son parrain.
    — D’où viens-tu, ainsi essoufflée ? demanda Axel, abandonnant
sa main à la jeune fille qui s’assit, désinvolte, sur l’accoudoir du fauteuil
qu’il occupait.
    — On m’a dit à la banque que tu étais ici, alors je me
suis dépêchée de rentrer… Est-ce que tu dors ici ce soir ? Restes-tu avec
nous, demain ? Je ne t’ai pas vu depuis les vendanges… et comment va ta
maman ? Son cœur ?
    La volubilité de sa filleule amusa Axel. Alexandra, maintenant
grande et belle fille, semblait habitée par une extraordinaire force vitale.
    — Tu viens de la banque ! s’étonna M. Métaz.
    — J’y vais chaque après-midi, pour lire les dépêches de
nos correspondants étrangers et les bulletins des agents de change. C’est très
instructif, sais-tu !
    — Alexandra se prépare à entrer dans la banque, Axel. Elle
sera mon associée dès qu’elle aura atteint la majorité légale, puisque son
adoption est maintenant légalisée, intervint Pierre-Antoine.
    — Oui, parrain. Dans trois ans,

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